Agression sexuelle : le délai de prescription de 30 ans aboli
En adoptant à l’unanimité la loi 55, l’Assemblée nationale rend imprescriptibles les actions civiles en matière d’agression à caractère sexuel, de violence subie pendant l’enfance et de violence conjugale et il introduit la protection juridique des excuses.
«Je suis très fière d’avoir porté, au nom du gouvernement, ce projet de loi qui place une fois de plus l’intérêt des personnes victimes et leurs besoins au cœur de nos actions. Nous avions pris l’engagement ferme de faire tomber l’obstacle du délai de prescription pour leur permettre d’obtenir réparation, au moment où elles se sentiront prêtes à affronter leur passé. Promesse tenue : le soutien aux victimes est une priorité pour notre gouvernement», déclare Sonia LeBel, ministre de la Justice et procureure générale du Québec.
Cette avancée qualifiée d’historique pour les victimes répond à des préoccupations exprimées depuis plusieurs années tant par les victimes et les organismes qui les soutiennent, que par le Protecteur du citoyen et des élus de tous les partis représentés à l’Assemblée nationale.
La loi abolit le délai de prescription de 30 ans et établit que les personnes dont l’action civile a été rejetée pour la seule raison du délai de prescription pourront réintroduire une action en justice, et ce, pour une période de trois ans suivant l’adoption de la loi. Étant donné que les victimes, en raison de la nature particulière des crimes subis, peuvent parfois réaliser après de nombreuses années seulement les préjudices causés par leur agression, elles pourront désormais bénéficier de tout le temps dont elles ont besoin pour entamer un processus judiciaire contre la personne responsable de leur agression.
En cas de décès de la victime ou de l’auteur ou auteure de l’acte, une poursuite pourra aussi être intentée contre la succession de la personne responsable de l’agression dans les trois ans. Cette mesure ne s’applique toutefois pas aux communautés, aux entreprises ou aux organismes qui pourraient être tenus responsables des actions d’un ou d’une de leurs membres ou de leurs employés ou employées décédés depuis les faits.
La loi introduit également dans le Code civil du Québec des dispositions sur les excuses. Une personne pourra donc présenter ses excuses à l’égard d’une situation, sans que cela puisse constituer un aveu admissible en preuve au sens du Code civil. Cette règle sera applicable dans les matières civiles uniquement.
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