Aborder la santé sexuelle et affective par le jeu

Le BLITSS (Bureau de lutte aux infections transmises sexuellement et par le sang) lance « Sexualisez », un jeu sur la santé sexuelle et affective destiné aux personnes âgées de 55 ans et plus.

Grâce à un financement fédéral de 25 000 $ provenant du programme Nouveaux Horizons pour les aînés (PNHA), le BLITSS a créé ce jeu pour permettre d’aborder le sujet de la santé sexuelle et affective sans tabous. 

« C’est un projet unique qui correspond à notre expertise et qui tient compte des deux sphères toujours présentes chaque fois qu’on va réfléchir ou concevoir un projet, à savoir le sexe sécuritaire et l’empowerment, soit l’autonomie, le pouvoir d’agir de chaque individu », a souligné la directrice du BLITSS, Mylène St-Pierre. 

L’organisme, a-t-elle expliqué, souhaitait développer quelque chose pour les 55 ans et plus et pouvoir faire une entrée dans les résidences pour aînés.

Les représentants du BLITSS tenaient aussi à un projet qui puisse perdurer et vivre au-delà d’un an. Ce que permettra justement le jeu. « On l’a travaillé, élaboré pendant un an. Maintenant, le jeu va vivre, va se retrouver dans les résidences et les organismes », a précisé la directrice.

Considérant aussi la grande stigmatisation et la discrimination auxquelles font encore face les personnes vivant avec le VIH, le jeu comporte des questions concernant le VIH dans l’optique « d’une prévention, d’une sensibilisation afin d’éviter certaines réactions plates et inacceptables », a signalé Mylène St-Pierre.

Les personnes âgées de 50 ans et plus représentent, a-t-elle noté, 50% de l’ensemble des personnes vivant avec le VIH.

Le BLITSS a réussi à accoucher d’un jeu interactif, ludique permettant une approche non confrontante.

Intervenante œuvrant au volet des personnes vivant avec le VIH, Valérie Plourde a coordonné ce projet qui mise sur le contact humain, qui a permis de briser l’isolement et de partager l’expérience de tout un chacun. « Il reflète la vision positive du BLITSS d’une saine santé sexuelle et affective et il répond aux besoins de favoriser le vieillissement en santé avec de saines habitudes de vie en santé sexuelle », a-t-elle exposé.

Tout a commencé, a-t-elle dit, par la création d’un comité et le recrutement de bénévoles qui a constitué le plus grand défi. « La participation des aînés se retrouve dans toutes les étapes de notre projet. Ils ont été notamment sollicités pour prioriser la sélection des sujets, la conception du jeu, la confirmation du contenu et l’approbation du jeu-pilote. C’est un projet par et pour les aînés avec l’objectif de célébrer la diversité et de promouvoir l’inclusion. C’est pourquoi

le comité a été composé d’hommes et de femmes avec une mention spéciale pour la communauté s’identifiant LGBTQ + », a indiqué Valérie Plourde.  

Une partie du jeu d’ailleurs a été consacrée à cette communauté et à l’évolution du VIH afin de démystifier les mythes et d’éliminer la stigmatisation et la discrimination. « On a réalisé un jeu pouvant se jouer de façon autonome. On peut l’adapter selon le groupe. Ainsi, on peut offrir à plusieurs personnes l’occasion de partager leurs expériences personnelles à d’autres personnes afin de normaliser la sexualité », a fait valoir l’intervenante.

Le fonctionnement

Né de l’idée d’actualiser les connaissances en matière de santé sexuelle et affective, le jeu se joue dans un climat favorable et sécuritaire. Il nécessite des attitudes spécifiques, comme le respect, l’écoute, l’accueil de soi et des autres, l’acceptation, le non-jugement et la confidentialité.

« Le jeu n’a pas de durée spécifique, chacun choisit sa durée. On peut jouer, au quotidien, de façon sporadique ou spontanée. On pige une carte et on y répond.

On peut y jouer aussi sur une plus grande période de temps. On peut jouer seul, en duo, en couple ou en groupe, peu importe le nombre », a fait savoir Audrey Sanfaçon, intervenante en santé sexuelle pour le volet scolaire  et responsable du volet prévention.

« Sexualisez » comporte quelques catégories. La plus éducative, la catégorie Vrai ou faux? permet d’en apprendre davantage sur la santé sexuelle dans sa globalité.

« Avec Osez-vous?, on propose de petits défis plaisants pouvant être réalisés au quotidien, des  défis variés en lien avec la santé sexuelle et affective. On peut en sélectionner plusieurs et les réaliser au fil des semaines, des mois ou même des années. Ces défis permettant de sortir de notre zone de confort et d’aller explorer, d’aller dans la nouveauté. On voulait un côté plus épicé », a signalé Audrey Sanfaçon.

Quant à la section Et vous?, il s’agit de la plus personnelle, celle qui est propre à chacun par rapport à son vécu et à ses propres expériences personnelles. « Elle se veut confidentielle avec des personnes de confiance.  Elle peut être très intéressante pour nos relations amoureuses et sexuelles, car on en apprend davantage sur l’autre personne, tout en permettant une réflexion sur nos propres comportements », a confié l’intervenante.

Si le jeu a été conçu pour les 55 ans et plus, il demeure polyvalent et on peut y jouer à tous âges dès l’adolescence, a fait remarquer Mylène St-Pierre. « Les sections et les sujets ont été réfléchis. Il est polyvalent. Tous peuvent y jouer et y trouver leur compte. »

Présent au lancement du jeu, vendredi matin, à la Place communautaire Rita-St-Pierre de Victoriaville, le député fédéral de Richmond-Arthabaska, Alain Rayes, a salué le travail de toute l’organisation. « Vous parlez d’inclusion et de diversité. Il faut comprendre que chacun évolue à sa façon selon son éducation. Mais il faut amener les gens à évoluer sans nécessairement les confronter. Il y a de l’éducation, de la sensibilisation, de l’information qu’on doit faire un peu partout. Bravo pour votre travail et pour votre initiative », a-t-il conclu. 

Au cours des prochaines semaines, 40 exemplaires du jeu seront distribués à certains organismes accueillant des personnes de 55 ans et plus dans le cadre de leur offre de service. Certaines résidences pour personnes aînées autonomes recevront également le jeu. Quelques exemplaires seront disponibles au BLITSS et pourront être prêtés aux membres de l’organisme. 

La directrice du BLITSS, Mylène St-Pierre, souhaite éventuellement une phase deux à ce projet pour la production d’autres exemplaires afin d’en assurer une plus large diffusion.