Après la menace aux immigrants, la menace aux croyants
Pendant la campagne électorale, François Legault avait menacé les immigrants d’expulsion s’ils échouaient, après trois ans, un test de français et un test de valeurs.
Élu premier ministre, il menace les croyants en position d’autorité, qui porteraient des signes religieux, de les expulser de la fonction publique. Si la première menace était un peu en l’air, la deuxième ne l’est pas du tout. Elle est si sérieuse qu’elle sera effective coûte que coûte, même s’il fallait, pour lui garder ses dents, recourir à la disposition de la dérogation à la Charte canadienne des droits et libertés.
Je n’ai aucune compétence pour juger de la recevabilité de cette dérogation, mais je sais que cette menace, et c’est plus grave encore, est une dérogation au principe même de la laïcité de l’État. Ce principe a été énoncé par le pape de la laïcité, un athée notoire, Spinoza (1632-1677).
Il a prôné «l’édification de l’État laïc, rappelle Frédéric Lenoir, qui garantit la liberté d’expression religieuse».
Comme dirait Jean Guitton, Spinoza n’est ni à gauche, ni à droite, mais en haut. Et c’est en haut, par convergences ascendantes, que se fera enfin le consensus sur les signes religieux.
Si nous comprenions ce qu’est la saine laïcité, celle qu’a enseignée Spinoza, toujours actuel, au lieu de nous perdre dans le jeu facile de la diabolisation de la religion, nous léguerions à la génération qui vient une laïcité consensuelle et profondément humanisante.
Gérard Marier, prêtre
Victoriaville