L’avenir du Québec passe par une politique économique inclusive, écologique et intelligente
L’histoire contemporaine du Québec est marquée par des changements importants. Dans les années 60, avec la Révolution tranquille, de nombreux changements sociaux ont lieu, appuyés par une intervention importante de l’État dans diverses sphères de la société. La mise en place d’une véritable séparation de l’Église catholique et de l’État, amenant à la construction d’un nouveau modèle de société, est l’un des éléments marquants.
En 1962 la population du Québec mandate le gouvernement nouvellement élu pour instaurer la nationalisation des compagnies d’électricité partout sur le territoire du Québec et confier le monopole à l’entreprise publique Hydro-Québec. Ainsi, le Québec s’est doté d’une politique industrielle qui lui a conféré un potentiel de développement sans précèdent, sans oublier le fait qu’Hydro-Québec a acquis une renommée internationale.
Dans les années 90, le ministre de l’époque, Bernard Landry, introduit de nouvelles politiques, lesquelles mettent l’accent sur les techniques de l’information et des communications (TIC) et l’aéronautique, entre autres. Cette politique industrielle a permis au Québec de devenir un joueur important, voir incontournable sur l’échiquier mondial dans ces domaines, sans oublier les retombées économiques et la création d’emplois pour le Québec.
En 2016, l’industrie québécoise des TIC regroupe près de 140 000 emplois de près de 36 milliards de dollars en revenus. Le secteur aérospatial au Québec, en 2017, c’est 14,4 milliards de dollars et emploie 40 700 personnes, ce qui représente environ 50% de l’activité de l’industrie aérospatiale canadienne. Dans ce domaine, le Québec se classe au 6e rang mondial pour son effectif.
Vingt ans plus tard, nous voilà à nouveau confrontés à des bouleversements écologiques et technologiques importants.
Nous sommes les spectateurs des premières scènes liées au réchauffement de la planète et au cours des prochaines années nous serons soumis aux dérèglements climatiques, mettant ainsi en péril notre mode de vie et l’équilibre social. Le transport, la production de biens et services, la consommation, l’occupation du territoire, tous des éléments que l’on doit revoir en profondeur pour l’élimination des hydrocarbures comme source d’énergie, source de 80% des émissions de GES.
Aujourd’hui, le Québec est confronté à des bouleversements écologiques, sans oublier le vieillissement de la population et la rareté de la main-d’œuvre. Pour passer au travers de ces bouleversements et changements sociaux, nous devons nous doter, d’une politique économique inclusive, écologique et intelligente.
Québec dispose des tous les atouts pour s’affranchir des hydrocarbures comme source d’énergie. Une transition vers une économie verte, durable et basée sur des énergies renouvelables est de mise dans les circonstances.
En matière de changements technologiques, le Québec, tout comme l’ensemble des pays industrialisés, connait une forte progression de la numérisation de l’économie. L’avènement de l’intelligence artificielle ainsi que la biotechnologie et la robotique ne feront qu’accélérer les bouleversements technologiques. Si des mesures ne sont pas prises, la numérisation de l’économie aura une incidence importante sur le chômage structurel, le sous-emploi chronique, engendrant par le fait même des inégalités croissantes dans les revenus. Nous nous retrouvons déjà avec un déclin structurel inquiétant du secteur manufacturier.
Ces changements technologiques peuvent avoir, et ils en ont déjà dans certains cas, des impacts négatifs pour l’économie et l’ensemble de la société québécoise. Sans implication cohérente de l’État, cette transition risque d’être désordonnée et de laisser pour compte des milliers de membres de notre société; les plus vulnérables généralement.
Cependant, la situation peut représenter des opportunités sans précédent pour la création d’emplois de qualités pour tous, créer la richesse et améliorer la société tout entière.
Pour ce faire, l’État doit mettre en place une politique industrielle cohérente et structurante dont l’objectif prioritaire serait l’électrification et le développent des transports collectifs, tout particulièrement dans les régions, développer de nouveaux secteurs économiques verts, tout en ciblant la 2e et 3e transformation.
Une telle politique doit inclure la création d’emplois de qualité, sans oublier le soutien et l’accompagnement des entreprises pour la transition vers cette nouvelle économie, particulièrement pour les PME qui sont les générateurs d’emplois. Ces dernières sont fortement ancrées dans les communautés et font rouler l’économie en région.
Le prochain gouvernement doit mettre en place des services de placement et de reclassement pour les travailleurs touchés par ces changements et des mesures de soutien du revenu spécifiques à la période de transition imposée.
Ensemble, comme société, et avec une intervention de l’État, nous serons en mesure de tirer de ces bouleversements technologiques importants, le maximum de bénéfices pour l’ensemble de la société, tout en mettant à contribution les avancées technologiques pour faire face aux chambardements écologiques soutenant ainsi l’effort mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Tout parti politique qui prétend être à la hauteur pour représenter l’État doit s’engager dans cette voie.
David Maden
Coalition des forces sociales Mauricie et Centre-du-Québec