Soins de première ligne : les pharmaciens communautaires peuvent en faire plus
La santé constitue, à n’en point douter, l’enjeu fondamental de la présente campagne électorale aux yeux d’une majorité de Québécois.
Les différentes formations politiques ont bien compris l’importance de cette préoccupation et y vont chacune de leurs propositions afin de rendre le système de santé plus efficace. Or, une étude indépendante réalisée conjointement par des chercheurs du CIRANO, du CRCHUM et de HEC Montréal, à la demande de l’AQPP, vient mettre en lumière une contribution importante en ce sens en documentant l’impact positif des consultations effectuées chaque année par les pharmaciens communautaires auprès des patients.
On y apprend notamment que dans 77% des cas, les conseils donnés par les pharmaciens ont évité l’utilisation d’au moins une autre ressource du système de santé. De plus, 26% des patients qui ont consulté leur pharmacien ont évité de s’absenter du travail. Et avec un taux de satisfaction qui atteint 93%, les patients apprécient ces bénéfices au plus haut point.
L’étude fait également ressortir que les pharmaciens communautaires jouent un rôle de triage de premier plan en offrant un accès immédiat à des soins de première ligne. Ce faisant, les pharmaciens communautaires contribuent à augmenter la disponibilité d’autres professionnels de la santé, ce qui réduit les temps d’attente pour d’autres patients. Cela se traduit dans les faits par une économie substantielle de temps et d’argent qui constitue une contribution significative à l’efficacité du système de santé québécois.
Sur la base des données recueillies par le volet terrain de l’étude, l’AQPP estime, sur une base conservatrice, que les quelque douze millions de consultations effectuées annuellement en pharmacie ont une valeur près de 500 millions $ pour le système de santé québécois.
De toute évidence, le rôle du pharmacien a beaucoup évolué au cours des dernières décennies. Son expertise est dorénavant sollicitée bien au-delà du lien avec les médicaments. Et ce n’est qu’un début. Avec le vieillissement de la population, la complexité des nouveaux médicaments biologiques ou l’avènement de traitements sur mesure, ce rôle subira une transformation encore plus radicale dans les années à venir. Les nouveaux actes récemment accordés aux pharmaciens viennent aussi modifier les façons de faire et témoignent d’une nécessaire adaptation à la nouvelle réalité de leur pratique.
Les pharmaciens communautaires jouent donc un rôle central sur la première ligne de soins de santé au Québec et leur apport demeure encore trop souvent méconnu. L’étude vient renforcer l’importance de ce rôle, en l’appuyant sur des données probantes. Le chef du Parti libéral du Québec et le chef du Parti Québécois ont même affirmé lors du premier débat télévisé qu’il fallait miser sur une contribution élargie des pharmaciens communautaires afin de libérer d’autres professionnels de la santé et permettre ainsi un meilleur accès aux soins de première ligne. De ce fait, il devient indéniable, pour les pharmaciens communautaires, que le temps est venu de mettre véritablement en valeur tout le travail de première ligne qu’ils effectuent. Il est aussi temps d’appuyer la démarche actuelle des pharmaciens propriétaires quant à la refonte de leur mode de rémunération afin de refléter leur rôle accru en matière de conseil en santé et de s’éloigner de celui de simple distributeur, et cela, au bénéfice des patients.
Jean Thiffault, président de l’AQPP; Linda Beaulieu, Patrice Grenier et Jean-Samuel Poisson, pharmaciens propriétaires de la région du Centre-du-Québec