Mon vote blanc ira à… Québec solidaire
Jamais je n’ai suivi une campagne avec autant d’assiduité et d’attention. Jamais je n’ai autant lu sur le propos des candidats. Jamais je ne me suis prononcé publiquement sur mes intentions de vote et jamais je n’ai voté blanc (sans faire de marque sur mon bulletin à l’un des noms qu’on y propose).
Pour compléter le tableau, j’ai agi à titre de conseiller en stratégie pour des candidats souvent d’allégeances différentes : libérale, caquiste et conservatrice. Ces personnes ont été élues pour les postes qu’elles convoitaient alors. Je l’ai fait non pas pour le parti qu’elles représentaient, mais pour ce qu’elles étaient foncièrement et parce que je croyais en elles.
Aujourd’hui, parce que j’ai choisi de ne pas voter pour moi, mais de prendre parti pour mes enfants et mes petits-enfants, j’ai décidé de changer de recette : je vise le parti.
Je ne dis pas que je voterai dans le sens de mes enfants; je ne sais pas pour qui ils voteront. Je dis que j’ai fait l’effort d’écouter attentivement pour essayer de comprendre au mieux et pour me donner le recul nécessaire afin de discerner, tant que faire se peut, ce qui mérite d’être entendu et ce qui fait figure de promesses bidon et racoleuses.
Je l’ai fait pour me faire une opinion selon ce que je suis, selon ce que je peux comprendre et selon ce que je crois. Je l’ai fait pour participer pleinement. Et je transmets mes conclusions, non pas parce que je crois qu’elles vaillent plus que d’autres, mais simplement pour participer encore davantage à la réflexion et à la décision collectives.
Là, maintenant, j’en suis à prendre le risque de me prononcer et à faire part de mes conclusions personnelles qui, comme je viens de le dire, ne valent que pour ce que je suis. Tant mieux si elles rejoignent d’autres électeurs, d’autres électrices, mais mon objectif s’arrête à exprimer mon opinion, sans plus.
Alors voilà.
D’abord, l’envie de voter blanc m’a tenaillé jusqu’à aujourd’hui. Blanc en guise de protestation.
Si le vote blanc de protestation avait eu un quelconque statut de reconnaissance dans le tableau des résultats, j’aurais voté blanc tellement, de façon générale, je n’ai observé aucune vision d’avenir chez les trois principaux partis et que le seul qui en ait une, un tant soit peu définie, voit trop (c’est mon humble avis) le monde à travers la pensée magique.
Mais je ne vais pas voter blanc parce que, comme individu, j’ai le devoir et la responsabilité, au moins en regard de ceux et de celles qui vont suivre, de me prononcer et que, de toute façon, il y aura quelqu’un d’élu. Alors, autant faire mon devoir et ajouter ma voix.
Mais, encore une fois, si nos règles électorales reconnaissaient la portée du vote blanc, je voterais blanc pour dire aux candidats et à la candidate : Retournez à vos devoirs, c’est du tout et du n’importe quoi votre affaire. Revenez quand vous aurez un plan pour l’avenir de la collectivité plutôt que des bonbons à distribuer.
Je ne voterai pas libéral
Je ne voterai pas libéral, et ce, même si je crois qu’il est exagéré que certains et certaines considèrent les libéraux comme des pestiférés. Comme il est également faux de prétendre que leur bulletin est pitoyable. On est dans le discours partisan. Dans nombre de dossiers, ils s’en sont plutôt bien sortis.
C’est le cas, par exemple, au chapitre de la décentralisation en cours qui vise à donner aux régions davantage de pouvoir sur leur développement et sur l’avenir de leur population. Ici, ce n’est pas encore la panacée, mais c’est tout de même le plus avancé des plans de décentralisation jamais déposés à ce jour par quelque gouvernement que ce soit, toutes allégeances confondues. Ce n’est pas banal. Les gouvernements sont généralement particulièrement scrupuleux en regard de leurs pouvoirs et des plus enclins à se les ménager indûment.
Mais le bulletin ne suffira pas à me faire voter libéral. Lorsqu’une entreprise recrute un nouvel employé, elle le fait en fonction de deux aspects : les compétences de l’individu et son attitude. Pour être retenu, l’individu doit satisfaire à ces deux conditions.
Si le parti libéral a démontré une compétence acceptable, il ne passe pas le test de l’attitude. C’est ici que sa performance est exécrable et qu’il échoue. Aussi, je ne voterai pas libéral à cause de ses odieuses et irresponsables compressions des premières années de mandat. Odieuses surtout (et j’insiste sur «le surtout») parce qu’elles ont été utilisées à des fins électoralistes seulement. J’étais sur le terrain, j’ai vu le résultat; je ne veux pas oublier.
Si au moins (ce «au moins» ne justifie pas la façon cavalière et irrespectueuse, sur le plan de la dignité humaine, dont ont été faites les choses), donc si au moins l’exercice avait été pour se donner une marge de manœuvre et mettre en place une vision.
Pas du tout, d’aucune espèce de manière. Qu’un saupoudrage éhonté de millions qui se promènent dans le décor électoral comme des poules pas de tête.
Des compressions odieuses et pas de vision, pas de plan de match pour l’utilisation des surplus ainsi récupérés. Des promesses improvisées. En réalité, ce n’est pas odieux, c’est scandaleux. Je ne vote jamais pour les matamores.
Je ne voterai pas caquiste
J’aurais voulu y croire. Je cherchais une alternative. Et au demeurant, M. Legault n’est pas plus bête que ses vis-à-vis. Lui au pouvoir, le Québec ne partira pas en vrille pour autant; il continuera simplement d’aller, au jour le jour, sans projet réel de société.
Je passe sur sa pensée magique de ne pas remplacer les 5000 fonctionnaires qui quitteront leur poste dans les prochaines années. C’est malhonnêtement racoleur, ça frôle l’indécence intellectuelle. Déjà, l’appareil de l’État n’arrive pas à combler ses milliers de postes laissés vacants et qui devront être nécessairement pourvus si l’on veut pouvoir assurer une vigie responsable de ce que l’on met en œuvre; si l’on veut maintenir un minimum d’efficacité significative qui nous met, au moins un tant soit peu, à l’abri des erreurs monumentales auxquelles nous expose le manque de ressources.
Pour faire image, ce n’est pas en maintenant en poste, au ministère des Transports, un seul ingénieur alors qu’il en faudrait trois (ce sont des chiffres, non réels, juste pour l’exemple) qu’on réalisera des économies. Certes, je vais diminuer mes coûts d’ingénieurs, mais je vais augmenter mes risques d’erreurs de calculs, de coûts indus, d’obligations de reprendre les travaux et mes risques de poursuites en cas d’accidents causés par ces erreurs.
Le PQ a coupé des infirmières avec les conséquences que l’on connaît. Le Parti libéral a coupé le personnel dans les écoles avec les conséquences que l’on connaît. M. Legault n’a pas compris, il veut couper dans les fonctionnaires.
Ce n’est pas bientôt fini de tout mettre sur le dos des employés de l’État et de laisser croire à la population que ce sont tous des imbéciles, des flancs-mous et des incompétents? Il n’y en a pas plus là qu’ailleurs; et il y a là, autant qu’ailleurs, des compétents et des vaillants. M. Legault le sait pertinemment. Le propos fraye avec la démagogie.
Mais ce n’est pas tant pour cette raison que je ne voterai pas caquiste. En réalité, je ne voterai pas caquiste parce que le seul fait de voir M. Legault jongler avec l’idée de privatiser Hydro-Québec me démontre qu’il ne saisit pas bien la portée des enjeux collectifs essentiels, pour ne pas dire vitaux.
L’air, l’eau, l’environnement sont des biens publics et collectifs, des éléments essentiels à la survie, qui ne peuvent être aliénés à personne ni à une quelconque entreprise dont l’objectif est d’en tirer un avantage financier. Au Québec, la rigueur de nos hivers (et bientôt la chaleur de nos étés) fait de l’électricité, qui assure le chauffage de la population, un élément essentiel à sa survie et, dès lors, un bien inaliénable au même titre que l’air, l’eau et l’environnement.
Aucun intérêt privé ne devrait jamais posséder un de ces éléments essentiels. Il est humainement impensable qu’un individu ou qu’une entreprise puisse avoir, n’en serait-ce que théoriquement, le pouvoir d’exercer un quelconque chantage financier sur les individus en regard d’un élément qui est essentiel à leur survie.
Penser autrement, c’est croire qu’après nous, «la vie s’arrête». Sauf qu’après moi il y a mes enfants, mes petits-enfants et tous les autres qui vont venir. De toute évidence, M. Legault ne voit rien de tout ça et ça m’inquiète, je ne voterai pas caquiste.
En passant, le message tient également pour M. Couillard, plutôt négligent avec l’eau. Je ne suis pas sûr, non plus, de la pertinence de ses priorités qui placent l’environnement derrière l’économie.
Ce sont effectivement deux éléments primordiaux. Mais quand le bateau coule, est-ce que je m’inquiète d’abord du salaire des matelots? Quand la maison brûle, est-ce que je m’occupe d’abord de ce que je gagne? Ça paraît grossier vu de cette façon. Mais la réalité est qu’on ne peut plus penser l’économie sans la passer à travers le filtre de l’environnement.
Ce n’est plus un choix, c’est une obligation. En ces temps de tornades, d’ouragans, de canicules, d’érosion de l’écran solaire et de dysfonctionnement du climatiseur planétaire (la fonte des glaces), on le sait plus que jamais.
Faire passer le tout au second rang, si ce n’est pas égoïste, c’est manquer de vision pérenne et travailler à son seul et propre avenir, à son seul et propre confort en laissant tomber ceux qui vont suivre.
Le monde ne s’arrête pas avec nous et nos salaires.
Il se prolonge dans ceux qui viennent et qui m’interdisent de piller la maison qui m’a accueilli et qui va les accueillir. Nos salaires ne peuvent dicter la poursuite du monde; ils y sont assujettis.
Je ne voterai pas PQ
Je suis indépendantiste de nature. J’ai voté pour l’indépendance du Québec et j’y crois encore. Je crois même qu’avec un Québec indépendant, non seulement le Québec serait plus fort, mais également que le Canada serait aussi plus fort.
Je raconte une histoire personnelle pour faire image. Jusqu’à tard dans ma trentaine, mon père, que j’ai toujours aimé et que je porte quotidiennement en moi depuis sa mort, il y a 20 ans, donc, jusqu’à tard dans ma trentaine, mon père n’a cessé de me faire la leçon et la morale. Un jour, n’en pouvant plus, je me suis levé, je lui ai dit d’aller se faire voir et que le jour où il déciderait de me considérer en tant qu’adulte, au même titre que lui, il n’aurait qu’à me faire signe, je reviendrais au galop.
Ce jour-là, dans la douleur, la colère et la tristesse, j’ai fait l’indépendance avec mon père. Mon père était un homme brillant, il a vite vu. Deux jours plus tard, il me rappelait. À partir de ce moment, nos souverainetés respectives n’ont cessé de grandir ensemble et l’amour entre nous, d’en faire autant.
Un Québec indépendant ne fera pas fuir le Canada. Le Canada est brillant et puis, comme tous les pays, il fait d’abord des affaires; il a besoin d’en faire pour le bien et la pérennité de sa population. Alors il continuera d’en faire avec le Québec, qui reste pour lui un excellent voisin. Ceux qui prétendent le contraire projettent une pensée malhonnête et utilisent la peur plutôt que l’intelligence pour tenter de convaincre le plus d’adhérents possible à leur cause.
Donc je suis indépendantiste de nature, mais je ne voterai pas PQ. M. Lisée est un homme brillant. Sans aucun doute, il ferait un excellent premier ministre.
Le problème est qu’il n’a pas su revoir son discours et que son propos n’a plus rien d’actuel. Je ne dis pas que l’indépendance n’a plus rien d’actuel, je dis que son propos n’a plus rien d’actuel.
Mais c’est sûr que ma sympathie va au PQ. Il y a dans ce parti, et je vais dire un gros mot, une tendance socialisante (une dimension «pensée collective») qui me plait bien et qui sépare les «entrepreneurs purs et durs» des «chefs d’État avisés qui ont à la fois le sens de l’entrepreneuriat et une compréhension aiguisée de la notion de collectivité».
Dans ce monde atteint d’«individualite» à outrance, je trouve ça sécurisant, la pensée collective qui voit le prolongement de la vie au-delà de nos vies personnelles.
Reste, tout de même, que je ne voterai pas PQ. Le PQ ne va nulle part en ce moment, il a besoin de retourner en jachère.
Je voterai blanc… Québec solidaire
Puisque le vote blanc n’a pas de reconnaissance officielle dans le processus électoral québécois, je voterai blanc…Québec solidaire pour protester à ma manière.
Il n’y a pas de risque à voter blanc… Québec solidaire, le parti ne sera pas élu. En même temps, ça lance un signal aux autres partis à qui je ne peux pas donner mon vote blanc de peur qu’ils déduisent que mon insatisfaction ne porte pas à conséquence.
Si la légalité du vote blanc avait été reconnue et structurée (elle ne pourrait s’improviser), j’aurais voté «blanc», un point c’est tout.
Pour cause et à mon humble avis, parce que Québec solidaire présente trop de positions (que celles-ci soient d’inspiration trotskistes, communistes et autres n’est pas mon propos) qui tiennent d’abord de la pensée magique, sinon du jovialisme. À sa décharge toutefois, c’est le seul parti à être arrivé en campagne avec une vision d’avenir pour la collectivité, et ce, que l’on soit d’accord ou non avec cette vision.
Plus encore, sa vision collective pure et dure est la seule à faire contrepoids à la vision capitaliste et individualiste pure et dure; c’est rassurant les contrepoids quand on sait que ces deux visions pures et dures, sont tout aussi suicidaires l’une que l’autre.
Fait digne de mention, Mme Massé a battu M. Lisée sur son propre terrain quand elle a avancé les valeurs actuelles qui pourraient guider un éventuel projet d’indépendance.
C’est effectivement ce qui s’est passé quand elle a expliqué que les jeunes en général prennent le parti de l’environnement et que, à ce titre, pour eux la souveraineté pourrait fort bien signifier, entre autres, de refuser d’appartenir à un pays qui prône le développement des hydrocarbures. Est-ce vrai, est-ce faux, la question n’est pas là pour l’instant. Le fait est que Mme Massé arrive avec de nouveaux éléments dans le discours (même si on a un peu entendu la chose auparavant).
Cela dit, le parti reste à trop d’endroits peu réalistes et sa conception des finances publiques, entre autres, ne me convient d’aucune manière. Cette désinvolture relative face à la dette qui grimperait de 30,4% (trois fois plus qu’avec les autres partis) dans le prochain mandat s’il était élu, et pire, qui grugerait encore davantage sur le ratio «dette/PIB» me laisse croire qu’on ne comprend pas, ou que si l’on comprend on a choisi de faire chanter les sirènes pour attirer les marins.
À long terme, la stratégie n’est pas si bête; l’intention de la campagne actuelle n’étant peut- être pas tant de prendre le pouvoir, mais de faire le plein d’électeurs et de candidats élus, ce qui consoliderait la base pour 2023 et placerait alors le parti en meilleure position.
Quoi qu’il en soit, je voterai donc blanc… Québec solidaire.
Je le ferai parce que j’ai le devoir de me prononcer et que je n’ai pas l’intention de m’en soustraire sous prétexte que le débat n’est pas simple à suivre, qu’il est compliqué à comprendre et que la décision est difficile à prendre.
Je voterai blanc… Québec solidaire, pour protester et parce que le parti ne risque pas d’être élu. Ce qui ne veut pas dire qu’il est sans intérêt.
Je voterai blanc… Québec solidaire pour demander qu’on arrête de me prendre pour un imbécile.
Cette année, aucun des partis n’a d’excuse. Avec des élections à date fixe, tout le monde avait le temps voulu pour se doter d’une vision claire qui permet aux électeurs et aux électrices de repérer aisément «où» et «à quoi», dans le projet de collectivité présenté, se rattachent les promesses qu’on leur fait. Tout le monde avait le temps nécessaire pour préparer un contenu cohérent, respectueux et digeste pour la population.
Au lieu de cela, les trois grands partis surtout, et QS en taisant certains de ses enjeux et certaines de ses visées, se sont présentés devant nous avec un plan de match dessiné sur un coin de table et n’ayant que pour seul et unique objet la distribution des bonbons de leurs bonbonnières respectives; pas de projet de société, aucune vision globale.
Je n’aime pas qu’on me prenne pour une mouche qu’on attire avec du miel.
Depuis quelques années, on entend beaucoup parler du concept «faire de la politique autrement». Assez populaire auprès des nouveaux arrivés en politique, je n’ai pas pour autant constaté, sauf en de rares exceptions, de réels changements dans les façons de faire des nouveaux élus.
À l’opposé, j’ai continué de voir des bonbonnières, de la partisanerie à outrance, des promesses bidon décrochées de la réalité, lancées à la mer, non pas comme une bouteille, mais comme une ligne à pêche. Ce ne sont pas les électeurs qui veulent être cyniques, on les y contraint.
«Faire de la politique autrement», ça peut impliquer passablement de choses, mais à la base ça signifie minimalement et par définition, que l’on met de côté ce que l’on fait actuellement et qu’on rejette les bonbonnières, la partisanerie et la démagogie, voire la malhonnêteté intellectuelle.
Ça signifie que l’on abandonne la liste d’épicerie des promesses décousues pour la remplacer par une vision cohérente et un projet de société que tout le monde peut comprendre et choisir selon ce qu’il croit et non par tirage au sort.
«Faire de la politique autrement», c’est refuser, d’entrée de jeu, d’adopter une stratégie qui créera consciemment (c’est de la malhonnêteté) ou inconsciemment (c’est de l’incompétence ou de la paresse crasseuse) de la confusion chez l’électeur qui, dès lors, comme la chatte qui n’arrive plus à retrouver ses chats, en perd son latin et ses bas en contractant la maladie du cynisme.
Pour la campagne 2018, c’est ce qu’on nous a servi : une série de «promesses du jour» livrées sans ancrage à un quelconque projet de société.
On nous a livré une série de poules pas de tête (je parle bien des promesses) qui couraient hystériquement dans toutes les directions.
Je n’en peux plus, je me range désormais du côté des détestables et je chargerai.
Je sais, je n’ai pas un bien gros canon; c’est vrai. Mon arme est bien modeste, elle ne tient qu’à ma voix.
Mais je n’en peux plus qu’on me prenne pour un imbécile et en le disant haut et fort, peut-être qu’un jour on entendra les voix comme la mienne, et qu’on finira par me parler intelligemment.
Épilogue
Je n’écris jamais en ayant pour but de lancer un débat. J’écris pour exprimer une idée que je lance en me disant que chacun verra bien si elle lui est utile ou non dans sa propre réflexion.
Pour le reste, à travers un large public, je refuse de m’enfermer dans un débat où tout le monde finit par déraper et par perdre de vue l’essentiel.
Maintenant, au sujet des prétendues visées communistes de QS, est-ce vrai, est-faux?
D’entrée de jeu, je n’aime pas que l’on tente d’insérer dans les débats la peur pour éclipser l’intelligence.
Ceci dit, en supposant, et je dis bien en supposant, que les annonces des derniers jours relativement aux aspirations communistes de QS s’avèrent, je ne vois pas pourquoi on paniquerait comme certains voudraient bien qu’on le fasse.
D’abord, la chose a l’avantage de lancer un signal fort au Québec : vous voulez quoi comme avenir? Une orientation communiste, la liberté de presse, le droit de parole et la libre expression de vos droits et libertés?
À ce sujet, je ne suis pas inquiet de la réponse. Au Québec, les gens n’ont rien de la culture communiste et ne sont pas près d’y adhérer.
Oui, mais si QS détenait la balance du pouvoir le 2 octobre et qu’il s’avérait qu’il ait effectivement des prétentions communistes, est-ce que ce ne serait pas dangereux pour l’économie du Québec et l’avenir de nos libertés? J’ai entendu cette peur hier et je trouve qu’on pourrait se calmer.
Pour commencer, les Français ont d’abord manifesté leur sympathie à l’égard de Mme Le Pen, mais quand celle-ci s’est approchée du pouvoir, ils l’ont rejetée.
Au Québec, il y a actuellement quatre partis qui peuvent légitimement avoir des espoirs de participation aux décisions. Trois de ceux-ci sont fondamentalement et très clairement capitalistes et pour une démocratie libre d’expression.
Plus encore, l’ensemble des Québécois et des Québécoises tiennent mordicus à leurs droits et libertés et à leur régime économique.
Alors s’il arrivait que QS se révèle effectivement communiste et qu’il s’avisait de défaire le gouvernement, ce sont les trois autres partis qui se ligueraient contre lui, et la population, qui l’évincerait. Également, cet aspect réduirait d’autant le poids de ses interventions à l’Assemblée nationale.
Je n’aime pas quand on tente d’inspirer la peur plutôt que d’en référer à l’intelligence; ça ressemble à de l’impuissance.
Claude Raymond
Victoriaville