Accident de travail mortel : des lacunes de sécurité relevées

Plusieurs lacunes à la sécurité, selon la CNESST, ont été identifiées à la suite du décès du technicien en arpentage, Mathieu Provencher, 33 ans, survenu le 15 mai 2017 sur un chantier routier sur le rang 7 à Saint-Christophe-d’Arthabaska.

Ce chantier visait le remplacement d’un ponceau. Vers 14 h, ce jour-là, le technicien en arpentage s’affairait à mettre en position son appareil. Il se trouvait alors dans l’aire de circulation d’un camion-benne qui, d’une position où l’on charge la benne de gravier, recule ensuite sur une courte distance jusqu’à l’endroit où il verse son chargement, peut-on lire dans le rapport du coroner.

En reculant, le camion a renversé et écrasé le technicien en arpentage. Les policiers de la Sûreté du Québec et les paramédics, à leur arrivée, ont constaté un décès évident.

Un examen externe à l’hôpital a révélé une fracture ouverte du crâne et des fractures aux genoux.

De plus, l’analyse des prélèvements de liquides biologiques n’a signalé la présence d’aucune drogue, alcool ou médicament.

Avant le tragique accident, relate le coroner Bélisle, le conducteur du camion-benne avait été informé par radio par l’opérateur de la chargeuse de prêter attention au fait que des travailleurs pourraient se retrouver sur son parcours en reculant.

Le tragique accident s’est produit le 15 mai 2017. (Photo www.lanouvelle.net – Archives)

Mais le conducteur a affirmé qu’il n’a jamais vu Mathieu Provencher, supposant alors qu’il se trouvait dans un autre secteur du chantier. En aucun moment, il n’a cru que l’arpenteur pouvait être sur sa trajectoire. Dès qu’il a été informé de l’accident par un employé au moyen de la radio, il a immobilisé son poids lourd.

Le camion-benne a fait l’objet d’une inspection par un enquêteur qui confirme que les freins, l’alarme de recul et le système de communication du camion fonctionnaient très bien.

L’enquêteur a aussi constaté que le conducteur de camion ne pouvait apercevoir l’arpenteur puisqu’il se trouvait dans un angle mort.

«La scène montre que M. Provencher était au centre de la route, dans l’aire de circulation du camion-benne, qu’il tournait vraisemblablement le dos à celui-ci et devait avoir en main ses instruments au moment où il est renversé», écrit le coroner.

Les informations recueillies par les policiers indiquent que la victime était en bonne santé et qu’elle n’éprouvait aucun problème d’audition. «On peut supposer, souligne le coroner, que M. Provencher était tellement absorbé par son travail qu’il n’a pas prêté attention au signal de recul du camion. De plus, M. Provencher n’était pas muni de son appareil-radio et n’a donc pu, comme les autres travailleurs, entendre la mise en garde de l’opérateur de la chargeuse.»

Dans son rapport sur cet accident de travail, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a relevé, signale le coroner, plusieurs lacunes à la sécurité, dont une en particulier. «En changeant la méthode de chargement du camion, établie dans l’avant-midi, faisant que celui-ci reculait maintenant en direction des autres opérations en cours, il fallait assurer la sécurité des travailleurs sur le chantier, soit en délimitant une aire de circulation pour le camion, interdite aux autres travailleurs, soit en ayant recours à un signaleur positionné dans la région de l’opération du camion-benne. Aucune de ces mesures n’avait été mise en place.»

Le décès accidentel, conclut le coroner Me Pierre Bélisle, a été causé par un traumatisme craniocérébral provoqué par l’écrasement des roues d’un camion.