Protection de la jeunesse : un secteur mal-aimé et méconnu

Ce texte fait suite au reportage diffusé le 28 janvier sur le site de Radio-Canada Mauricie-Centre-du-Québec intitulé «Après 32 ans de service, une famille d’accueil de Victoriaville jette l’éponge».

La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) a d’ailleurs fait l’objet de plusieurs autres articles depuis quelques mois qui tendent à blâmer particulièrement les intervenant·e·s. On les dépeint comme des personnes dénuées de jugement et de sentiments, qui prennent des décisions allant à l’encontre des besoins des enfants qu’elles doivent protéger.

Il faut savoir que le personnel qui travaille à la protection de la jeunesse doit suivre des directives plutôt rigides en ce qui concerne le retrait d’un enfant d’une famille, qu’il s’agisse de la famille d’origine ou d’une famille d’accueil. Lorsque l’évaluation des besoins de l’enfant le justifie, la décision doit être entérinée par la ou le chef de service à qui le dossier est référé, à moins de faute grave ou de danger immédiat, auquel cas l’intervenant·e peut agir immédiatement et retirer l’enfant de son milieu.

Depuis le début des années 2010, des modifications ont été apportées à l’organisation de la DPJ, transformant le rôle des intervenant·e·s. Autrefois axé sur l’accompagnement, il vise maintenant davantage le «contrôle de la qualité», répondant ainsi à la demande de la société de s’assurer du bien-être des enfants placés en famille d’accueil et de l’aptitude de ces dernières à répondre aux besoins des enfants qui leur sont confiés. Ce changement d’orientation a «resserré la vis» sur ces familles, en exigeant plus de leur part. Ce qui était autrefois toléré ne l’est plus et des exigences nouvelles sont apparues. Si la population est satisfaite de voir la DPJ plus stricte à l’égard des familles d’accueil, c’est maintenant le tour de ces dernières de critiquer ceux et celles qui leur «tapent sur la tête».

Comme plusieurs facteurs sont à considérer dans l’évaluation d’un dossier, il est très imprudent de tirer des conclusions et d’accuser les intervenant.e.s de mal faire leur travail qui est, soit dit en passant, assujetti à des lois strictes. Toute accusation contribue à ternir l’image et entraîne une perte de confiance envers un organisme qui est là pour assurer la protection des enfants. Si des individus tiennent des propos inadéquats tel que le reportage le rapporte, des recours existent pour obtenir un traitement juste sans porter atteinte à l’organisation en général et lui causer préjudice. Et avant de les rapporter dans les médias, il faudrait aussi valider la véracité des faits.

 

Les intervenant·e·s de la DPJ, qui côtoient et assistent tous ces enfants dans le besoin et qui sont bien souvent aussi des parents, ne sont pas des sans-cœur. Ils et elles font passer ces enfants en priorité, et ce, malgré des conditions de travail difficiles, tel qu’en témoignent le taux de détresse psychologique élevé qu’on retrouve dans ce secteur.

Sylvie Godin

Répondante politique de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) dans la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec