«La présomption d’innocence n’a pas été renversée», clame Me Doyon

Au 14e jour d’audience, au procès des trois accusés en lien avec une présumée agression sexuelle sur une adolescente de 15 ans en octobre 2014 à Victoriaville, ce fut au tour, vendredi après-midi, de Me Félix-Antoine T. Doyon de s’adresser au jury au nom de son client, Dominic Vézina.

D’entrée de jeu, l’avocat, à sa première expérience devant un jury, a soutenu, devant les six femmes et six hommes, que la preuve ne suffisait pas. «Elle n’est pas assez crédible, il n’existe pas assez d’éléments pour renverser la présomption d’innocence», a-t-il fait savoir.

Et le fait d’alléguer que son client ait pu administrer une drogue ou une substance à la plaignante est «d’une totale injustice». «Ce sont des allégations sans fondement qui ne tiennent pas la route», a-t-il souligné.

«Vous avez entendu mon client, le trémolo dans la voix, il a été sincère en niant le tout», a ajouté l’avocat.

Me Doyon a, de plus, fait valoir que le comportement de la plaignante ne cadrait «absolument pas» avec les effets de la drogue du viol. «Elle ne présentait pas les symptômes associés à la drogue du viol. Plein d’éléments ne cadrent pas avec une intoxication au GHB ou une autre substance».

La plaignante, selon lui, aurait inventé cette histoire. «Pourquoi? C’est humain dans les circonstances d’inventer ce genre de chose. Peut-être pour se déculpabiliser», a-t-il noté, ajoutant qu’il était humain que la jeune fille ait pu se sentir coupable après la soirée vécue.

L’avocat, par ailleurs, estime que d’avoir caché, au départ, à l’enquêteur François Beaudoin de la SQ la consommation d’un comprimé d’ecstasy lors de la soirée ait pu l’amener à inventer cette histoire d’avoir été droguée.

Son client, a-t-il soutenu, n’a jamais drogué Madame. «C’est faux», a-t-il lancé.

Faux aussi, selon lui, le fait que Dominic Vézina ait pu avoir des relations anales avec la plaignante. «La version de la plaignante ne correspond pas à celle de mon client. Ça cadre plutôt avec son hypothèse qu’elle ait été droguée», a exposé Me Doyon..

Aucun élément circonstanciel concernant M. Vézina n’appuie la version de la présumée victime, a plaidé l’avocat. «La plaignante avait le goût d’un rapprochement. Elle trouvait beau Dominic Vézina. Elle l’a suivi volontairement. Elle lui a dit qu’elle lui faisait confiance. Ça veut tout dire. Cela signifie que les relations sexuelles qu’ils ont eues étaient consentantes et qu’elles devaient être empreintes de respect. Toute la soirée, elle a consenti aux actes sexuels avec lui», a-t-il exprimé.

Sur la notion de consentement, Me Doyon estime que l’adolescente était en mesure de dire oui ou non. «Elle s’est rapprochée de Dominic Vézina. C’est évident qu’elle était capable de consentir. À l’auberge, elle a été en mesure de dire non au photographe. Il y a suffisamment d’éléments pour conclure qu’elle pouvait consentir», a plaidé le procureur, précisant aussi ne pas retrouver d’élément qui révélait chez elle un grand état d’intoxication.

Quant à l’âge de consentement, Dominic Vézina a soulevé, selon son avocat, une erreur de fait raisonnable. «Il appartient au ministère public de prouver, hors de tout doute raisonnable, qu’il n’a pas pris toutes les mesures raisonnables pour s’assurer de l’âge légal», a signalé Me Doyon.

«La plaignante, a-t-il noté, avait un corps d’adulte, comme son médecin l’a confirmé. Mais il ne l’a pas seulement regardée. Il lui a posé la question. Elle a répondu avoir 18 ans. D’autres témoins aussi ont soutenu qu’elle paraissait plus vieille.»

Me Doyon a, par ailleurs, mis les jurés en garde de ne pas tomber dans le piège que la poursuite pourrait tendre en se demandant pourquoi, une fille de 15 ans et 8 mois, aurait adopté un tel comportement si elle n’était pas intoxiquée.

«Cela relève d’un préjugé sexiste», a-t-il  confié.

En conclusion, après environ 70 minutes de plaidoirie, Me Doyon a fait valoir que Dominic Vézina a passé le test. «La présomption d’innocence n’a pas été renversée et il se doit d’être acquitté. Vous devez le renvoyer chez lui, à la maison», a-t-il terminé.

Le procès, présidé par le juge François Huot de la Cour supérieure du Québec, reprendra lundi matin avec la plaidoirie de Me Yves Savard qui représente Pierre-François Blondeau.

Puis,  Me Éric Thériault de la poursuite plaidera, pour sa part, en après-midi.

Le jury aura ensuite congé, mardi, jour où le juge Huot rencontrera les parties pour mettre la touche finale aux directives qu’il adressera aux jurés tout au cours de la journée de mercredi.

Dès mercredi, le jury sera séquestré. Il entamera ses délibérations, jeudi matin, un processus qui se poursuivra jusqu’à ce que les 12 membres s’entendent sur un verdict unanime sur chacun des chefs d’accusation pour chaque accusé.

Pierre-François Blondeau, Jean-Christophe Martin et Dominic Vézina font face à des accusations d’agression sexuelle avec lésions sur une adolescente de moins de 16 ans, d’agression sexuelle avec la participation d’une autre personne, de contacts sexuels et d’incitation à des contacts.