Procès d’agression sexuelle : le troisième accusé témoigne

Au 11e jour du procès, le troisième accusé, Pierre-François Blondeau, a entrepris à 11 h 50, lundi, son témoignage, une fois le contre-interrogatoire du coaccusé Dominic Vézina terminé.

Âgé de 24 ans, Blondeau, un résident de Québec, a fait savoir qu’il ne possédait aucun antécédent judiciaire, qu’il a fait de la musique sous le nom de Midaz avec sa sœur de l’âge de 18 ans jusqu’au moment des accusations portées contre lui et les deux coaccusés.

Le 24 octobre 2014, Pierre-François Blondeau avait été engagé comme animateur pour la soirée «rave» tenue au Complexe Sacré-Cœur de Victoriaville, un rôle qu’il a joué plusieurs fois dans le passé.

Midaz, questionné par son avocat Me Yves Savard, a indiqué avoir consommé, durant la soirée, deux bières et un verre de fort.

À la sortie de la salle de bain, après sa première animation, le jeune homme dit avoir rencontré la plaignante pour la première fois. «Elle s’est dirigée vers moi en me demandant si j’étais Midaz et si ma chanson Live it up allait jouer durant la soirée. J’ai répondu, oui sûrement.»

Heureux, a-t-il dit, de constater qu’elle connaissait sa musique, l’adolescente lui aurait fait part qu’elle «tripait» sur sa musique depuis longtemps. «Elle m’a confié qu’au Dagobert, elle se garrochait sur le plancher de danse avec ses amis chaque fois que jouait ma chanson», a-t-il noté, ajoutant, à la suite d’une question de son avocat, qu’on devait avoir 18 ans pour entrer dans l’établissement.

Midaz a aussi fait part de son réflexe d’engager la conversation avec les personnes qui s’intéressent à sa musique. «Elle m’a dit étudier en pharmacie», a-t-il souligné, estimant à 18, 19 ans ou en montant l’âge d’une personne qui fait des études dans ce domaine.

Vers minuit, Pierre-François Blondeau et Jean-Christophe Martin se sont dirigés vers la loge (cuisinette). «J’ai constaté la vue glorieuse des fesses à Dominic. Il s’est tassé à sa droite et j’ai reconnu la plaignante», a-t-il confié.

Ensuite, selon lui, tout s’est passé en 30 secondes. «Elle a semblé m’apercevoir. J’étais debout, elle s’est approchée de moi, m’a embrassé dans le cou et s’est mise à genou. Elle a commencé à enlever ma ceinture, puis j’ai entendu la porte fermer», a-t-il relaté.

L’accusé, a-t-il ajouté, s’est rendu à la porte pour tenter de voir si quelqu’un voulait s’adresser à eux.

En entrant, de nouveau, dans la loge, Blondeau a alors constaté que la plaignante faisait une fellation à Jean-Christophe Martin. «Je regardais mon cellulaire et ce qui se passait avec un mélange de curiosité et de malaise», a-t-il affirmé.

Interrogé sur l’attitude de l’adolescente, l’accusé l’a qualifiée de proactive. De plus, selon lui, elle s’exprimait de façon très claire. «Rien de spécial, une conversation  normale», a-t-il soutenu.

Midaz a fait état de la présence du maître d’événement, Francis Caron. «Il a allumé la lumière et nous a dit quelque chose ressemblant à : le party est fini les boys!»

C’est alors qu’il a quitté les lieux avec Jean-Christophe Martin pour retourner à la soirée tandis que Dominic Vézina demeurait avec la plaignante.

En réponse à son procureur, Pierre-François Blondeau dit avoir constaté, à une occasion, que, durant la soirée, il a aperçu la plaignante avec une cannette de bière à la main.

Quant aux bracelets visant à identifier les personnes mineures et majeures, l’accusé n’y a pas porté attention. «Je savais qu’on faisait le tri d’une certaine manière, mais je ne savais pas de quelle façon on les différenciait ce soir-là», a-t-il signalé.

Avant la pause du dîner, Midaz a fait savoir qu’il n’avait pas distribué d’alcool, qu’il n’a pas constaté de personnes malades. «Dans la salle, il y avait de l’ambiance. Les gens étaient sur le party, ça levait», a-t-il souligné, précisant aussi qu’il avait passé la majeure partie de la soirée sur la scène.

Début d’audience

Le procès avait repris avec le contre-interrogatoire de Dominic Vézina, affirmant qu’il était «pompette», ayant consommé quatre ou cinq verres durant la soirée, sans porter attention, toutefois, à la consommation des coaccusés.

Il a rappelé avoir clairement vu des personnes mineures durant la soirée. «J’ai versé du champagne sans vérifier (si c’était des mineurs). C’était une erreur de ma part», a-t-il admis.

«Mais pourquoi avoir vérifié l’anniversaire d’une jeune femme avec son permis de conduire avant de lui remettre un verre de vodka et ne pas vérifier pour le champagne», l’a questionné Me Éric Thériault de la poursuite.

L’accusé a fait savoir que la jeune femme avait d’elle-même remis son permis à un agent de sécurité.

Croyant que les bracelets constituaient une preuve de paiement des participants, Dominic Vézina a soutenu, une fois de plus, que la jeune fille avait l’air d’une femme. «Dix-huit ans, cela correspondait à son apparence», a-t-il dit.

«Le fait qu’elle avait une bouteille d’eau à la main ne pouvait-il pas vous indiquer qu’elle était mineure?», lui a demandé Me Thériault. «Ça ne veut pas dire», a-t-il répondu.

Par la suite, Dominic Vézina a fait savoir qu’il n’avait donné aucune bière à la plaignante, mais qu’il était possible qu’elle ait bu une ou des gorgées à son verre.

Il a relaté aussi ses contacts sexuels dans la loge, une relation vaginale, niant avoir tenté une relation anale.

Il a aussi soutenu que la plaignante, bien qu’à genou, n’aurait pas fait une fellation à Midaz, même si la cuisinière (Sylvie Forand) affirme pourtant avoir vu les fesses d’un homme blond.

Dominic Vézina nie aussi avoir entendu Jean-Christophe Martin, comme le prétend Francis Caron,  lancé : «Je veux juste la fo….», à deux occasions.

«Selon moi, ça ne fait pas de sens. Je ne me souviens pas d’avoir entendu cela. Ça m’aurait étonné des paroles de la sorte», a-t-il soutenu.

L’accusé, par ailleurs, a paru hésitant au moment d’aborder les contacts sexuels qu’aurait eus Midaz avec la plaignante dans le Jeep avant d’entrer dans la chambre de l’Auberge Hélène.

À un moment, il dit avoir déduit qu’il s’est passé quelque chose. Puis, il laissera entendre que Midaz a pu lui en parler sans entrer dans les détails.

Dans la chambre, l’accusé a souligné que la plaignante ne présentait pas de signes d’intoxication et qu’elle s’exprimait bien.

Dominic Vézina soutient, enfin, avoir appris dans le véhicule, au moment de reconduire la plaignante, qu’elle avait 15 ans, qu’il avait éprouvé alors un sentiment de panique totale. Mais il a dit ne pas se souvenir de la réaction des coaccusés. «Moi, j’étais paniqué. Je ne comprenais pas. Elle s’est inventé une vie. Je n’ai jamais eu de doute sur son âge», a-t-il signalé.

Mais Jean-Christophe Martin, lui, dans son témoignage, a confié avoir appris que plus tard, vers la fin novembre début décembre, l’âge réel de la plaignante.