Agressions sexuelles : premier témoin entendu au procès de trois accusés

Un premier témoin, l’enquêteur au dossier, le sergent François Beaudoin de la Sûreté du Québec, a été entendu durant toute la matinée, mardi, au procès de Pierre-François Blondeau, Dominic Vézina et Jean-Christophe Martin, trois jeunes hommes de la région de Québec, accusés de délits à caractère sexuel.

Ils font tous face à quatre chefs d’accusation : agression sexuelle causant des lésions sur une adolescente de moins de 16 ans, d’agression sexuelle avec la participation d’une autre personne, contacts et incitation à des contacts de nature sexuelle.

Les faits reprochés aux individus seraient survenus le 25 octobre 2014 à l’occasion d’une soirée «rave» pour les 15- 25 ans tenue au Complexe Sacré-Cœur de Victoriaville et qui a attiré quelque 400 personnes.

Interrogé par le procureur de la poursuite, Me Éric Thériault, l’enquêteur François Beaudoin a fait savoir que la plaignante, âgée de 15 ans au moment des faits allégués, a porté plainte le 30 octobre 2014 dans un poste de police municipale de la région de Québec

«Le dossier a ensuite été transféré à la Sûreté du Québec puisque les infractions présumées auraient été commises à Victoriaville. J’ai hérité du dossier et j’en ai pris connaissance le 5 novembre 2014», a indiqué le sergent Beaudoin.

Le policier a ensuite contacté la plaignante qu’il a rencontrée le 12 novembre 2014 pour une entrevue vidéo d’une durée d’environ deux heures.

Le sergent Beaudoin a aussi adressé une demande générale pour obtenir des analyses à la suite de la visite de la plaignante dans un hôpital de la région de la Vieille Capitale le 26 octobre 2014.

À la suite de l’entrevue vidéo, l’enquêteur et la plaignante ont effectué une reconnaissance des lieux où les gestes reprochés aux accusés auraient été commis.

Ils se sont d’abord rendus au Complexe Sacré-Cœur, puis à l’Auberge Hélène. «La plaignante n’a fait preuve d’aucune hésitation dans l’identification», a précisé le sergent Beaudoin, un policier de 25 ans d’expérience, enquêteur depuis 19 ans.

Le lendemain, l’enquêteur au dossier est retourné aux deux endroits pour prendre des photos qui ont été montrées au jury formé de six femmes et de six hommes.

«Pour corroborer les dires de la plaignante, démontrer le chemin parcouru par les jeunes pour se rendre à la salle du quatrième étage où se tenait la soirée et pour montrer le lieu de la première agression présumée», a-t-il expliqué.

Ces premiers gestes allégués auraient été commis dans la cuisinette de la salle Bois-Francs, tandis que le «party» se déroulait non loin dans la salle Cristal.

À l’Auberge Hélène, des gestes reprochés seraient survenus dans l’une des deux chambres, la chambre 27 dans laquelle on retrouve deux lits.

Des gestes auraient été commis dans la salle de bain et sur l’un des lits, alors qu’un couple occupait l’autre lit.

Au cours de son enquête, le sergent Beaudoin a rencontré 14 ou 15 personnes, certaines de la région de Victoriaville et d’autres de la région de Québec.

Son enquête a mené à l’arrestation de Blondeau et Martin le 12 mars 2015 alors que Vézina a été arrêté quatre jours plus tard lorsque, se sachant sous mandat, il s’est présenté au palais de justice de Québec.

La police avait d’abord épinglé la mauvaise personne en raison d’une erreur de date de naissance.

Le sergent Beaudoin a, par ailleurs, obtenu une autorisation judiciaire, un mandat général, pour la prise de photos et des prélèvements dans le véhicule de Jean-Christophe Martin où des gestes seraient aussi survenus.

Un technicien en scènes de crime de la SQ a effectué ce travail de photographies et de prélèvements.

Droguée ou non

En contre-interrogatoire, le sergent Beaudoin a reconnu avoir enquêté pour savoir si la plaignante a pu être droguée par les accusés.

Mais aucune accusation en ce sens n’a été déposée par le directeur aux poursuites criminelles et pénales.

Aucune trace de GHB, appelée aussi la drogue du viol, n’a été retrouvée dans l’organisme de plaignante.

Le rapport toxicologique révèle cependant de la méthamphétamine et une autre substance, a souligné le policier.

La plaignante a confié à l’enquêteur avoir consommé cinq shooters (de téquila, semble-t-il) dans l’autobus l’amenant de la région de Québec à Victoriaville le jour de la soirée.

Et si, au départ, la présumée victime avait mentionné au sergent Beaudoin ne pas avoir pris de drogue, elle s’est souvenue, à la suite des propos d’une amie, avoir pris une pilule avec elle au cours de la soirée où l’un des accusés, Dominic Vézina, lui a aussi offert une bière.

Le contre-interrogatoire de l’enquêteur a également permis d’apprendre que la plaignante a identifié un quatrième suspect qui, à l’Auberge Hélène, lui aurait touché les seins et à qui elle aurait refusé une fellation. Aucune accusation n’a toutefois été déposée. «J’ai enquêté et soumis le dossier au DPCP, mais le dossier a été refusé», a fait savoir le sergent Beaudoin.

Quant au couple présent dans le lit d’à côté à l’Auberge Hélène, l’enquêteur a confié que l’homme et la femme ont refusé de collaborer et de témoigner.

Avant la pause du dîner, quelques admissions ont été acceptées par les parties.

Au retour du lunch, le ministère public fera entendre une toxicologue, Édith Viel.