Vol qualifié : l’accusé sommé de s’excuser

Yoann Cantin, ce jeune homme impliqué avec un complice dans un vol avec violence sur une livreuse du restaurant Max Poutine de Victoriaville, n’ira pas en prison. Mais le Tribunal l’oblige notamment à écrire une lettre d’excuse à la victime et à lui verser, en dédommagement, un don de 1400 $ correspondant sensiblement au montant dérobé lors du vol survenu en soirée le 21 décembre 2014.

Dans sa décision rendue vendredi après-midi, le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec a considéré le cheminement parcouru par l’accusé, penchant ainsi pour la position de l’avocat Me Guy Boisvert qui a plaidé, lors des représentations sur la peine en juin, que la prison n’était pas justifiée pour son client et qu’il valait mieux réfléchir à une autre alternative.

Certes, a souligné le magistrat, le crime commis est très grave, passible même de l’emprisonnement à perpétuité. «Ainsi, vu la gravité, la suggestion de la poursuite pour une peine d’emprisonnement de cinq mois était appropriée», a-t-il signalé.

«Mais avec le portrait de l’accusé, on doit envisager une autre peine. Considérant tous les facteurs, le Tribunal n’imposera pas une peine de détention», a-t-il ajouté.

Le juge Langelier a fait valoir que la situation actuelle du jeune homme est bien différente de celle au moment du crime commis alors que Yoann Cantin se trouvait en état de consommation, de désorganisation.

Le président du Tribunal a tenu compte du rapport présentenciel positif. «L’accusé s’approprie ses torts. Il présente une bonne compréhension de ses difficultés. Il a été très assidu, il a bien collaboré aux rencontres avec l’agent de probation. Son plan de réinsertion apparaît réaliste», a souligné le juge estimant que la réhabilitation du jeune homme, qui avait 20 ans au moment des faits, est bien amorcée. «Il présente une réhabilitation particulièrement convaincante», a-t-il noté, ajoutant que l’accusé affichait une abstinence, une sobriété depuis plus de 18 mois maintenant.

Au passage, le magistrat a rappelé que les problèmes de consommation de stupéfiants se trouvaient bien souvent au cœur de la délinquance. «La drogue cause des torts considérables à la société et brise des vies», a-t-il rappelé, citant ainsi son collègue le juge Guy Lambert.

Dans le présent dossier, le juge Langelier a fait valoir, en considérant les facteurs aggravants et atténuants, en tenant compte du cheminement thérapeutique de l’individu, que les critères de dénonciation et de dissuasion venaient en second plan.

Le magistrat a donc opté pour une sentence suspendue, imposant à Yoann Cantin une période de probation de 30 mois avec un suivi probatoire de 20 mois.

En plus du don de 1400 $ et de la lettre d’excuse, Yoann Cantin devra effectuer 200 heures de travaux communautaires dans un délai de 15 mois.

Il devra suivre toutes les recommandations de l’agent de probation en lien avec ses problèmes de toxicomanie.

Le Tribunal l’oblige aussi à observer un couvre-feu fixé à 22 h 30 pour une durée de six mois.

On lui interdit aussi de communiquer avec le complice, de communiquer avec la victime et se de rendre chez Max Poutine.

Enfin, il ne pourra posséder d’armes pendant une période de 10 ans.

Le juge Langelier, en terminant, lui a souhaité bonne chance, l’invitant à poursuivre sur la voie de la réhabilitation. «Il n’en tient qu’à vous de réussir votre réhabilitation, car s’il y a un manquement aux conditions, s’il y a récidive ou rechute, la peine au-dessus de votre tête pourrait être rendue. À vous de faire en sorte qu’elle ne le soit pas. Bonne chance!», a-t-il conclu.