Deux témoins entendus, dont la victime, au procès de Michel Mallette

JUSTICE. Les deux premiers des cinq témoins que la poursuite interrogera ont été entendus, lundi après-midi, alors que s’ouvrait le procès de Michel Mallette, 48 ans, qui fait face à deux chefs d’accusation de vol qualifié et de port de déguisement dans un dessein criminel, relativement à des événements survenus il y a 10 ans, le 5 octobre 2006, à la caisse populaire de Sainte-Élizabeth-de-Warwick.

Un jury formé de six femmes et six hommes décidera de la culpabilité ou non de l’accusé.

Le procès a pris son envol par les directives de la juge Manon Lavoie de la Cour supérieure du Québec aux jurés.

Par la suite, la représentante du ministère public, Me Ann Marie Prince, y est allée de sa déclaration d’ouverture, indiquant que le 5 octobre 2006, l’employée de la caisse, Julie Comtois, a entrepris son quart de travail vers 8 h 45. «Environ deux heures plus tard, un homme est entré, a relevé son cache-cou pour se diriger vers les comptoirs. Il a déplacé l’employée, fouillé dans des tiroirs pour ensuite la saisir par un bras l’emmenant à l’arrière où se trouve la voûte. Il y a dérobé des rouleaux de pièces de monnaie qu’il a placés dans un sac de plastique pour ensuite quitter l’établissement. Le vol totalise environ 3000 $», a exposé Me Prince.

Avant l’audition des témoins, on a procédé au dépôt d’une liste des admissions par les parties qui admettent notamment la date et le lieu de l’infraction, l’heure de l’événement entre 10 h 40 et 10 h 46, la bande vidéo saisie et les photos extraites, de même que le montant du vol, 2200 $ et une somme de 400 $ en argent américain.

Le premier témoin

Le sergent Alain Michaud de la Sûreté du Québec a été le premier à se faire entendre.

Dépêché sur place le 5 octobre 2006, il est arrivé à 12 h 30 à la caisse populaire où se trouvaient déjà quatre policiers.

Son rôle, a-t-il expliqué, consistait à analyser la scène de crime avec l’agent Denis Desjardins (qui doit témoigner, mardi), un technicien du Service de l’identité judiciaire.

Le sergent Michaud a saisi les images filmées par quatre caméras de surveillance.

Ces images ont été présentées au jury. Elles montrent l’arrivée du suspect et son entrée dans l’établissement le visage découvert. Mais sitôt à l’intérieur, il remonte son col pour se camoufler et se diriger vers les comptoirs. On l’aperçoit reculer l’employée, procéder à des fouilles, prendre la jeune femme par un bras et l’amener vers la voûte.

Selon le sergent Michaud, le suspect a manipulé un coffret que les policiers ont saisi et qui a fait l’objet d’une analyse en laboratoire. «Nous avons aussi prélevé des traces de pas», a précisé le policier.

Contre-interrogé, en défense, par Me Guy Boisvert, le sergent Michaud a confirmé qu’on ne voyait pas d’arme sur les images et que le suspect ne portait pas de gants.

L’employée à la barre

Dans son témoignage, Julie Comtois a fait savoir qu’elle a commencé son travail à 8 h 45, qu’elle se trouve, seule, dans l’établissement comme chaque jour.

Elle a indiqué avoir servi quelques clients avant que le suspect ne se présente. C’est elle qui lui a ouvert la porte qui demeure verrouillée à l’extérieur. «Je croyais qu’il s’agissait d’un membre de la caisse, de quelqu’un du village», a-t-elle confié.

Questionnée par Me Prince, elle a noté que le suspect a un nez «assez prononcé, proéminent» et qu’il ressemblait au maire de l’époque.

Le malfaiteur aurait prononcé certaines paroles. «Il a dit : c’est un hold up. Je veux voir tes mains, montre-moi tes mains. Je veux de l’argent, donne-moi de l’argent», a-t-elle indiqué.

Rendus à la voûte, le suspect, à la vue des rouleaux de pièces d’argent, aurait lancé à l’employée : «N’attends pas que je m’énerve, dis-moi où est l’argent.»

Plus d’une fois, la jeune femme lui a fait savoir qu’il n’y avait pas d’argent.

Le brigand, à un moment, s’est emparé de son portefeuille pour ensuite le lancer dans son sac à main sans rien voler.

À la question de Me Prince à savoir si elle pouvait reconnaître l’individu, Julie Comtois a indiqué qu’il s’agissait de l’accusé.

Mais en contre-interrogatoire, Me Guy Boisvert lui a fait dire qu’il s’agissait de la première fois qu’elle l’identifiait, que jamais les policiers ne lui avaient présenté de photos de suspects, que lors du vol, elle n’a aperçu le visage découvert de l’individu que pendant une vingtaine de secondes. «Vingt secondes, il y a 10 ans, et aujourd’hui vous êtes capable de le reconnaître?», a insisté l’avocat pour qui l’identification de l’accusé se situe au cœur du débat dans la présente affaire.

«Je suis capable d’affirmer que j’ai reconnu les yeux de l’accusé», a-t-elle répondu.

«Vous dites qu’il avait des lunettes de couleur or?», a poursuivi Me Boisvert.

«La monture était de couleur or, mais je me souviens de ses yeux de couleur foncée», a souligné Mme Comtois.

Aux questions de Me Boisvert, elle a aussi admis que l’homme, en entrant, n’avait pas proféré de menaces envers elle, qu’il n’a pas menacé son intégrité physique, qu’il n’a pas fait preuve de violence même en lui prenant le bras.

Julie Comtois a aussi reconnu que plusieurs appels louches avaient été reçus à la caisse dans les semaines précédant le vol qualifié. «En décrochant, il n’y avait personnel au bout du fil, a-t-elle relaté. Nous étions sur nos gardes, puisqu’un vol était survenu six mois auparavant.»

Enfin, c’est en 2013, a-t-elle fait savoir, qu’elle a appris du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) qu’elle devrait éventuellement témoigner puisque des accusations avaient été déposées à la suite d’une arrestation.