Macramé : la prison ferme pour Antoine Gagnon

JUSTICE. Le Tribunal a tranché, jeudi midi. Antoine Gagnon, arrêté le 13 mars 2014 en lien avec le projet Macramé, devra passer les prochains mois en prison. Le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec l’a condamné à 12 mois d’emprisonnement, une peine à laquelle il retranche une période de détention provisoire de cinq mois et demi. Ainsi, le jeune homme âgé de 23 ans doit purger, dès maintenant, une peine de six mois et demi.

Dans ce dossier, la poursuite, représentée par Me Mélanie Dufour, avait réclamé, lors des représentations sur la peine le 16 février, une peine de 15 mois tout en retranchant quatre mois de détention provisoire.

Une position opposée à ce que souhaitait l’avocat de l’accusé Me Matthieu Poliquin qui estimait appropriée une peine de sept mois tout en enlevant les quatre mois de détention provisoire pour une peine de trois mois.

Une peine que son client aurait pu purger de façon discontinue les fins de semaine. Si le Tribunal avait opté pour cette suggestion, l’accusé aurait pu retrouver sa liberté, lui qui avait demandé et obtenu, le 7 décembre, une incarcération immédiate, désireux de tourner la page une fois pour toutes avec cette affaire. Mais le président du Tribunal en a décidé autrement.

La décision

En faisant connaître sa décision, le juge Langelier a rappelé que l’opération Macramé visait le démantèlement d’un réseau de vente de cocaïne, de méthamphétamine et de cannabis qui sévissait dans les Bois-Francs. Une opération qui a mené à l’arrestation d’une quarantaine d’individus.

Antoine Gagnon agissait comme vendeur de cocaïne pour Brandon Dubé, individu qui purge une peine de 44 mois de pénitencier.

«L’écoute électronique et la filature révèlent plusieurs transactions qui s’effectuaient généralement dans les stationnements de lieux publics», a souligné le magistrat en insistant sur la gravité de ces activités criminelles.

«Il s’agit de drogues dures qui ont des effets très nocifs, qui font un tort irréparable à la société et aux individus, en plus des problèmes de criminalités qu’elles génèrent. Le Tribunal ne peut ignorer de telles conséquences», a fait valoir le juge Langelier qui dit partager l’opinion de son collègue le juge Guy Lambert affirmant, dans une de ses décisions, que les drogues brisent des vies et qu’environ 80% des personnes accusées en cour criminelle éprouvent des problèmes de dépendance.

«Ici, la preuve révèle toute l’implication de l’accusé. La conscientisation demeure un des objectifs à atteindre lors de l’imposition d’une peine», a souligné le magistrat.

Dans sa décision, le juge a évalué les différents facteurs, considérant comme facteurs atténuants, le plaidoyer de culpabilité, son jeune âge, l’absence d’antécédent, un rapport présentenciel somme toute positif. «Il a changé son mode de vie et peut être un actif pour la société», a-t-il noté.

Mais comme facteurs aggravants, le Tribunal considère la gravité du crime, la nature des stupéfiants (cocaïne), la période délictuelle de neuf mois et la fréquence des transactions.

«On ne peut évoquer, comme facteur atténuant, le fait qu’il n’était qu’un vendeur. Ce dernier joue un rôle fort important. Sans vendeurs, un réseau ne peut parvenir à ses fins», a soutenu le juge Bruno Langelier.

Le magistrat, par ailleurs, n’a pu conclure en une démonstration convaincante d’une réhabilitation pour acquiescer à la peine de 90 jours discontinus réclamée en défense.

«Le jeune homme devra encore faire des gains en maturité. Mais il ne sera pas seul lorsqu’il sera libéré. Il devra faire les bons choix», a signalé le juge tout en faisant savoir que la peine devait avoir une cohérence avec celles imposées à d’autres individus pour un rôle similaire.

En plus de l’emprisonnement, le juge Langelier a imposé au jeune homme une probation de 15 mois et une interdiction de posséder des armes pour 10 ans.