Leurre d’enfant : six mois de prison pour un Plessisvillois

JUSTICE. Denis Lavallière, un résident de Plessisville âgé de 32 ans, a été condamné à la peine minimale, six mois de prison, pour leurre d’enfant, mardi après-midi, au palais de justice de Victoriaville. Le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec a entériné, en fait, la suggestion de peine proposée par la poursuite et la défense.

Lavallière a été arrêté par les policiers en mai 2013. Deux ans plus tard, en mai 2015, il a reconnu sa culpabilité à deux chefs d’accusation de leurre d’enfant et de production de pornographie juvénile.

Lors des représentations sur la peine, mardi, la procureure aux poursuites criminelles et pénales, Me Ann Marie Prince, a exposé les faits, indiquant que le Plessisvillois, qui n’avait jusqu’ici aucun antécédent judiciaire, est tombé dans le piège tendu par les policiers de l’Équipe d’exploitation sexuelle des enfants sur Internet de la Sûreté du Québec.

Les policiers ont fabriqué un faux profil de sorte que Denis Lavallière pensait échanger avec une adolescente de 13 ans. «À travers un site, les échanges ont été nombreux entre l’accusé et la fausse adolescente (le policier), des échanges à caractère sexuel. Même qu’une rencontre a été planifiée», a relaté Me Prince.

Alors que l’individu croyait que la jeune fille allait le rendre chez lui, il a plutôt eu droit à toute une surprise lorsque ce sont les policiers qui ont cogné à sa porte pour procéder à son arrestation.

Faits admis

L’avocat de l’accusé, Me Guy Boisvert, a souligné que son client reconnaissait les faits, tout en nuançant la question de production de pornographie juvénile. «Ce sont les échanges, les conversations entre l’accusé et l’agent d’infiltration qui constituent la production», a-t-il fait valoir.

La suggestion commune tient compte, a-t-il dit, du rapport présentenciel préparé pour éclairer le Tribunal sur le profil de l’accusé, victime d’abus dans son jeune âge. «Il croyait avoir fait le ménage de son passé. Il croyait avoir fait la paix. Mais ses rencontres avec les agents de probation lui ont révélé que ce n’était pas le cas, que son vécu a pu laisser des séquelles. C’est un individu renfermé, éprouvant des difficultés à aller vers les autres», a confié Me Boisvert, ajoutant que son client reconnaissait sa responsabilité criminelle et qu’il n’était pas fier de ses gestes.

«Il veut collaborer avec le service de probation. Il a besoin d’acquérir une maturité affective, une meilleure connaissance de lui-même et une confiance en soi», a précisé le criminaliste, notant au passage qu’il était heureux qu’il n’y ait, dans cette affaire, aucune victime puisque les policiers ont pu intervenir avant.

«Ça vous suivra sur une longue période»

En plus d’imposer, comme le suggérait les parties, une peine de détention de six mois, le juge Bruno Langelier soumet Denis Lavallière à une période de probation de trois ans, la durée maximale. «Vous devrez vivre avec les stigmates de cette condamnation. Ça vous suivra sur une longue période, a exprimé le magistrat. Et la probation vise à réhabiliter les gens et à protéger la société pour éviter le risque de récidive.»

Cette probation de trois ans s’accompagne d’un suivi de 18 mois. «Vous devrez suivre les recommandations de votre agent de probation pour travailler sur vos difficultés personnelles. Vous avez un travail à faire, lui a indiqué le juge Langelier. Heureusement qu’il n’y a pas eu de victime et que la police, qui dispose de moyens de plus en plus efficaces, ait pu intervenir pour empêcher quelque chose de plus grave. Sans quoi la peine aurait été sûrement différente. Le Législateur est clair pour ce genre de délit : des peines d’emprisonnement doivent être imposées.»

Enfin, Denis Lavallière devra se soumettre à un prélèvement d’ADN et verra son nom inscrit à perpétuité au registre des délinquants sexuels.