Braquage à domicile : les victimes témoignent des impacts

Victimes d’un traumatisant braquage à domicile en décembre 2013 à Saint-Rosaire, les résidents, l’homme et la femme, ont témoigné, mardi après-midi, des impacts sur leur vie de ce douloureux épisode à l’occasion des représentations sur la peine de Pierre junior Rhéaume-Taillon.

L’homme et la femme étaient au lit vers 21 h 30, ce mercredi 11 décembre 2013, lorsque deux brigands ont fait irruption dans leur domicile pour les ligoter, les séquestrer et même les menacer avec une arme, croient-ils. Une arme, toutefois, qui n’a jamais été retrouvée.

La femme, âgée dans la soixantaine, a témoigné en premier, avec beaucoup d’émotions. «Le 11 décembre 2013, notre havre de paix a été forcé. Monsieur, vous m’avez brisée. Je suis complètement effondrée», a confié la dame qui se méfie maintenant de tout. «L’obscurité me fait peur. Je n’ai plus la tranquillité. J’éprouve de la rage, de l’incompréhension et une grande tristesse, a-t-elle mentionné. Un jour, je vous pardonnerai. Je le ferai, non pour vous, mais pour moi.

Par la suite, l’homme de 74 ans a pris la parole, expliquant, à son tour, les séquelles subies, faisant valoir que l’événement leur a enlevé leur qualité de vie. «Ça a beaucoup changé notre qualité de vie. Avant, on avait du plaisir à travailler.  On fait maintenant l’ouvrage avec moins d’enthousiasme», a-t-il souligné.

Le septuagénaire a fait savoir qu’il demeurait toujours sur ses gardes en quelque sorte. «Quand on rencontre quelqu’un, on se demande toujours si ce n’est pas le deuxième complice. Il y a toujours un certain stress. On n’est plus à l’aise», a confié l’homme qui a reçu un violent coup de poing au visage par l’un des bandits qu’il a même remerciés. «Merci de ne pas m’avoir maltraité plus que ça», a-t-il dit.

L’accusé exprime des regrets

Appelé à témoigner par son avocat Me Jean-Philippe Anctil, Pierre junior Rhéaume-Taillon a fait la lecture d’une lettre rédigée pour manifester ses regrets aux deux victimes.

«Je regrette sincèrement. J’imagine les difficiles sentiments et émotions que vous avez vécus», a-t-il exprimé.

Pierre junior Rhéaume-Taillon a, toutefois, minimisé son rôle, indiquant qu’il avait joué un rôle de conducteur et de surveillant, qu’il n’avait jamais mis les pieds dans la maison. «Si j’y étais allé, en voyant le visage de Monsieur, j’aurais quitté, car je croyais qu’on avait affaire à des criminels ayant volé des plants de pot et non à des personnes innocentes», a-t-il dit.

Il a fait savoir, par ailleurs, que quatre personnes, au total, sont impliquées dans le coup : un informateur, les deux individus qui ont commis le vol et lui-même.

Rhéaume-Taillon refuse toutefois, pour sa sécurité, de révéler l’identité de ses complices. «Je voudrais bien collaborer, mais je ne peux pas. Si je parle, je suis fait, a-t-il relaté. Je n’ai pas envie de me faire tuer.»

L’accusé a avancé qu’un montant de 75 000 $ a été dérobé et que sa participation à ce crime lui a valu un peu moins de 15 000 $.

À plusieurs occasions, Pierre junior Rhéaume-Taillon a dit regretter avoir participé à pareille aventure. «J’ai honte de moi. Je suis un criminel, mais je ne suis pas une personne violente. J’aurais dû refuser d’y aller. Mon refus aurait peut-être dissuadé les autres», a-t-il signalé.

Rhéaume-Taillon a aussi dit qu’il ne tentait pas de justifier «l’injustifiable». «C’est odieux. Je me sens terriblement honteux et lâche. Je n’arrive pas à me pardonner. Personne ne mérite ce genre de traitement, encore moins ces honnêtes personnes», a-t-il souligné, tout en ajoutant s’en remettre à la justice. «Je crois qu’elle sera faite, a-t-il dit. Et je remercie Monsieur d’avoir adressé à ma mère un message de pardon à mon endroit. Je l’accepte avec grande difficulté, car vous pardonnez l’impardonnable.»

L’accusé s’est dit désolé d’avoir gâché la vie du couple. «J’espère que la sentence apaisera votre vie et que l’avenir vous offrira paix et quiétude», leur a-t-il exprimé, ajoutant aussi que l’horrible soirée du 11 décembre 2013 hantera à jamais la vie des victimes et la sienne.

Dans une autre lettre qu’il a lue et qu’il adresse au juge Jacques Lacoursière, Pierre junior Rhéaume-Taillon. «J’assume pleinement mes actes. Je vous demande d’être juste pour les victimes et pour moi», a-t-il confié, estimant qu’il méritait une peine entre cinq et six ans et demi de pénitencier. «Il ne faut pas que la peine soit exemplaire pour éviter de me décourager de retrouver une place dans la société. Je crois en mon potentiel de réussite», a-t-il fait valoir.

Les procureurs en présence, Me Jean-Philippe Anctil en défense, et Me Cynthia Cardinal en poursuite, n’ont pu procéder, faute de temps, à leurs observations sur la peine, ce qu’ils feront demain (mercredi) à la reprise de l’audience.