«Vous avez besoin d’un électrochoc», dit le juge à l’accusé

«Vous devez vous reprendre en main. Vous avez besoin d’un électrochoc», a lancé le juge Jacques Lacoursière de la Cour du Québec au Victoriavillois Joshua Paquette, 22 ans, en le condamnant à une peine de 45 jours de prison qu’il purgera les fins de semaine dès le 7 janvier.

À la fin du mois d’août, Paquette a reconnu sa culpabilité aux accusations de vol qualifié et de complot pour commettre un vol qualifié, un vol qui s’est produit en soirée le 22 décembre 2014 près des locaux de Répit Jeunesse au centre-ville de Victoriaville.

Témoignant lors des représentations sur la peine, lundi après-midi, Joshua Paquette a raconté ce qui s’est passé ce soir-là, avec son ami Yohann Cantin qu’il hébergeait depuis quelques jours.

«On a décidé ce soir-là. Yohann avait besoin d’argent et il a proposé de voler l’argent d’un livreur. C’est lui qui en a eu l’idée, c’est lui qui a téléphoné», a-t-il relaté.

Joshua Paquette a indiqué que son complice s’est caché en attendant la livraison alors que lui-même attendait sur le trottoir. «Je ne savais pas ce qui allait se passer, a-t-il dit. Yohann a frappé la dame qui est tombée, il lui a fouillé les poches. La livreuse a dit qu’elle allait nous donner ce qu’elle avait. Moi, j’ai eu 200 $.»

Le jeune homme dit éprouver encore des difficultés avec cet événement. «J’y repense souvent. Je pense à ce qu’elle a vécu, à son traumatisme. Je m’excuserais si je la voyais. Mais je ne sais pas si cela suffirait», a-t-il confié.

Les suggestions

La procureure aux poursuites criminelles et pénales, Me Cynthia Cardinal, a plaidé pour une peine de 90 jours discontinus de détention avec une probation de trois ans avec un suivi probatoire de deux ans.

Contrairement à Yohann Cantin, celui qui a frappé la livreuse, qui, en raison d’un rapport présentenciel très positif, a été condamné à une longue probation assortie de 200 heures de travaux communautaires et d’un don de 1400 $ à la victime, Joshua Paquette, a fait valoir Me Cardinal, ne présente pas un rapport présentenciel aussi convaincant. «On note un manque de mobilisation face à ses rencontres avec l’agent de probation. Il a recommencé à consommer et a un discours qui minimise les gestes», a-t-elle souligné.

En défense, Me Jean-Riel Naud, même s’il reconnaît que le rapport présentenciel n’est pas si exceptionnel, a cependant fait valoir le rapport de sa thérapie fermée de six mois. «Un rapport plus que positif où l’on note sa bonne motivation, son potentiel de changer, le fait qu’il a développé une grande maturité et qu’il présente une attitude positive face à son avenir», a plaidé Me Naud affirmant que ce serait «une injustice flagrante» si on envoyait son client en prison alors que M. Cantin a presque tout fait lors du vol qualifié.

Décision du juge

Le président du Tribunal, en rendant sa décision, a dit tenir compte des nombreux facteurs atténuants, l’enfance difficile de l’accusé laissé à lui-même, sa reconnaissance des faits dès son arrestation, sa thérapie, sa participation moindre au vol et son absence d’antécédents.

«Mais d’autres éléments sont aggravants, dont la gravité du crime commis, passible de l’emprisonnement à perpétuité», a indiqué le juge Lacoursière.

«Vous étiez, en plus, sous le coup d’une promesse de garder la paix, a ajouté le juge. On doit lancer le message qu’on ne peut s’en prendre à une livreuse de poutine qui, on le devine, a dû être traumatisée. Ce fut un crime très violent à un moment inattendu.»

S’il reconnaît que le jeune homme a bien cheminé à un certain moment, la suite l’a préoccupé. «Ça se détériore énormément. Vous êtes complètement démobilisé. Les risques de récidive sont encore présents. J’en conclus que vous devez prendre conscience de votre responsabilité, du tort que vous avez causé. Vous devez vous reprendre en main. Et ce n’est qu’une peine privative de liberté qui peut satisfaire les fins de la justice, vu la gravité des infractions», a exposé le magistrat tout en lui imposant une probation de deux ans.

De plus, il lui sera interdit de communiquer avec la victime, avec son complice, ni avec le restaurant Max Poutine où il ne pourra non plus mettre les pieds.