«Tout n’a été que mensonge et manipulation», affirme la victime

«Ma relation avec Éric n’a été que mensonge et manipulation sur toute la ligne», a témoigné, jeudi, une jeune femme de 25 ans, la victime d’Éric Turcotte, ce paramédic, pompier et policier militaire, lors des représentations sur la peine qui, après deux heures et demie d’audience, ont été ajournées à vendredi.

Interrogée sur les conséquences de ce qu’elle a vécu, la plaignante a confié que ce que l’homme lui a fait subir sexuellement «ne s’oubliera jamais». «Mais ce n’est rien, a-t-elle dit, comparativement aux séquelles psychologiques. Difficile de mettre en mots les impacts des événements sur ma vie.»

La jeune femme, s’adressant à Éric Turcotte, lui a fait savoir qu’elle lui en voulait pour «avoir détruit la personne que j’étais». «J’espère retrouver la confiance en l’être humain», a-t-elle exprimé, indiquant vivre de l’anxiété, faire des cauchemars et avoir eu des pensées suicidaires. «J’éprouve de la colère envers lui, mais envers moi-même pour ne pas avoir été assez forte pour découvrir la manipulation», a-t-elle confié.

La plaignante a relaté avoir craint de le dénoncer, peur qu’il sorte de prison, se rappelant, a-t-elle dit, les mots de Turcotte voulant qu’elle n’appartienne à personne d’autre que lui.

En acceptant de témoigner, la jeune femme souhaite tourner la page sur son passé douloureux. «Éric, fini le temps de ton emprise sur moi et ma vie entière. Tu m’as fait souffrir, tu m’as harcelée, menti, manipulée. Tu m’as fait vivre l’enfer. J’espère que tu réaliseras tout le mal que tu m’as fait», a-t-elle conclu.

En défense, Éric Turcotte, qui a reconnu sa culpabilité à des accusations de contacts sexuels sur une adolescente de moins de 14 ans, d’incitations à des contacts et de contacts en situation de confiance ou d’autorité, a aussi pris la parole, racontant longuement comment tout a commencé.

Il a admis avoir initié les contacts sexuels alors que l’adolescente avait 13 ans. A-t-il des regrets, l’a-t-on questionné? «Absolument. Ce qui s’est passé n’aurait jamais dû arriver, mais ça me fait mal aussi parce que j’ai eu de l’amour.»

Au sujet, cependant, de la lettre que la jeune femme a lue lors de l’audience, Éric Turcotte la qualifie de troublante. «C’est trop, a-t-il soutenu. Ça ne correspond pas à ce qu’on a vécu. Mais j’aurais dû dire non. Je ne suis pas allé vers elle pour le sexe. Je voulais sa présence, ses yeux.»