Cruauté animale : Tamara Friedmann acquittée

Au palais de justice de Victoriaville, Tamara Friedmann, une résidente de Notre-Dame-de-Ham, a été acquittée, mercredi matin, des accusations portées contre elle en matière de cruauté envers les animaux. Une entente entre le ministère public et la défense, selon l’article 810 du Code criminel, a mené à cet acquittement. Et il pourrait s’agir d’un précédent dans le domaine.

Dès l’appel du rôle, la cause de cette femme de 39 ans a été appelée, une audience téléphonique présidée par le juge Jean-Paul Decoste, lui qui devait entendre le procès prévu pour deux jours.

D’entrée de jeu, le représentant de la poursuite, Me Michel Verville, et l’avocate de l’accusée, Me Mia Mannochio, ont signifié au magistrat qu’ils avaient conclu une entente pour la signature d’un engagement en vertu de l’article 810 du Code criminel.

Ainsi, devant l’affirmation de Me Verville à l’effet que la poursuite n’avait pas de preuve à offrir, le juge Decoste a prononcé un acquittement sur chacun des deux chefs d’accusation, à savoir d’avoir fait souffrir inutilement des animaux et d’avoir, par négligence, causé des blessures.

Des conditions

Après une suspension à la suite de son acquittement, Tamara Friedmann a signé, devant le juge Jacques Lacoursière de la Cour du Québec, un engagement selon l’article 810, de sorte qu’elle devra respecter certaines conditions pendant une période d’une année.

En plus des conditions usuelles de garder la paix et d’avoir une bonne conduite, la résidente de Notre-Dame-de-Ham ne pourra avoir la responsabilité d’animaux pendant deux ans, à l’exception de deux chiens.

«Nous avons travaillé très fort pour en arriver à cette entente. Je crois qu’on satisfait ainsi la justice, en plus de respecter les droits de ma cliente. De plus, l’entente peut rassurer les citoyens de Victoriaville et de la région quant aux animaux et à leurs soins», a fait valoir Me Mannochio, tout en ajoutant que sa cliente adore les animaux.

En signant cet engagement, Mme Friedmann reconnaît que les policiers, lors de l’intervention du 17 février 2014, ont pu craindre pour la sécurité des animaux.

Une première?

Cette entente conclue en vertu de l’article 810 constituerait vraisemblablement une première impliquant les animaux, croit Me Mia Mannochio.

C’est l’avènement de la Charte des animaux considérant l’animal comme un être vivant qui a permis une telle entente entre les parties. «Me Verville et moi avons travaillé très fort pour en arriver à un règlement. Nous avons été créatifs et originaux», a-t-elle noté, estimant que les avocats auraient intérêt à s’asseoir, à se parler et à faire preuve d’originalité pour résoudre certains dossiers.

Avec la signature de cet engagement, Tamara Friedmann n’aura aucun dossier criminel, pourvu qu’elle respecte les conditions imposées. «Et il lui faut aussi se plier à la réglementation municipale en vigueur concernant les animaux», a précisé son avocate qui représentera aussi Mme Friedmann devant la Cour municipale pour débattre des constats d’infraction qui lui ont été signifiés.

Aucune date n’a été fixée pour le moment. «Nous tenions d’abord en régler les dossiers de nature criminelle», a fait savoir Me Mia Mannochio.

Un amour inconditionnel des animaux

Interrogée à savoir la conclusion du dossier la satisfaisait, Tamara Friedmann a répondu «oui et non», dans la langue de Shakespeare.

«Je ne suis pas coupable, a-t-elle dit. Ce qu’on m’offre représente la meilleure option pour démontrer mon bon comportement que j’ai depuis toujours avec les animaux.»

Tamara Friedmann a confié que les animaux ont toujours occupé une grande place dans sa vie. «Je les ai toujours aimés. Sans eux, je ne serais pas là. Ils m’ont sauvé la vie. Les animaux nous donnent un amour inconditionnel. Dans une période très difficile où j’ai perdu ma fille, ils m’ont aidée à me remettre sur pied», a-t-elle exprimé.

«Les animaux, a-t-elle ajouté, ont été présents durant toute ma vie quand les gens, eux, n’y étaient pas. Leur force, leur énergie, leur amour m’ont aidé à devenir chaque jour une meilleure personne.»

Quand les policiers sont intervenus en février 2014, la propriété de Tamara Friedmann comptait une quarantaine d’animaux, à savoir 20 chats, 7 chiens, 6 poulets, 4 chevaux, 2 moutons, 2 canards, 1 cochon et 1 serpent. Des animaux qui ne lui appartenaient pas tous.

Les policiers, sur place, avaient constaté la mort d’un cheval, d’un chien et d’un chat.