La prison ferme pour Denis Laroche

Denis Laroche, l’ex-dirigeant d’Automobiles SMG, commerce fermé depuis, a été condamné en matinée, mercredi, à une peine ferme de deux ans moins un jour de prison dans des dossiers de fausses factures et de recel de pièces provenant de véhicules volés.

Le juge Jacques Trudel, en prononçant cette peine, a ainsi écarté les suggestions des deux parties estimant qu’elles n’étaient «ni appropriées, ni adéquates» dans les circonstances.

La poursuite, représentée par Me Maxime Laroche, réclamait une peine de quatre ans de pénitencier, tandis qu’en défense, Me Michel Dussault, a plaidé pour une peine à purger dans la collectivité.

Le magistrat a considéré comme seul facteur atténuant le plaidoyer de culpabilité du résident de Saint-Albert, arrêté en janvier 2014 et qui a reconnu, en novembre 2015, sa culpabilité à plusieurs accusations d’usage de faux documents et de recel de pièces provenant de véhicules volés.

Dans sa décision, le président du Tribunal note que l’accusé se livrait à un stratagème complexe, sophistiqué. «L’expert policier a fait valoir que l’accusé a dû se donner beaucoup de mal pour reconstruire les véhicules. Il doit avoir une grande connaissance et expérience en la matière», a souligné le juge Trudel, ajoutant que le modus operandi était le même. L’accusé procédait à l’achat de véhicules accidentés pour les reconstruire à partir de pièces de véhicules volés et en produisant de fausses factures.

«Les pièces dites achetées ne l’ont pas été. Une même pièce aurait été achetée plus d’une fois pour reconstruire plus d’un véhicule. Ce qui est impossible», a noté le magistrat.

Les délits reprochés à Denis Laroche se sont déroulés entre 2009 et 2013. La Sûreté du Québec a ouvert une enquête ponctuelle en 2013 pour ainsi découvrir plusieurs reconstructions de véhicules.

Plus d’une vingtaine de véhicules auraient été saisis, mais la preuve a pu démontrer que sept d’entre eux ont été reconstruits avec des pièces volées.

Le Tribunal a rappelé le nombre important de pièces volées, dont des coussins gonflables à plus de 1000 $ chacun.

Le juge Trudel considère que Denis Laroche, pourtant bien nanti, a agi pour les profits. «Il n’est motivé que par le lucre, l’augmentation des profits», a-t-il précisé tout en rappelant les antécédents judiciaires du sexagénaire.

«À la suite de son arrestation avec son frère Laurent dans les années 90, il a été condamné à une amende de 100 000 $. Puis en 2005, il a écopé d’une peine de 18 mois de prison pour le recel d’une remorque. Le présent dossier constitue une troisième récidive en matière de véhicules», a-t-il souligné.

En déterminant la peine à imposer, le juge a considéré les «facteurs aggravants qui sont importants et nombreux», selon lui, observant notamment une «persistance dans son agir délictuel» depuis la fin des années 1990.

«Cet agir pour lui, pense le juge, constitue un défi, même un certain plaisir à transiger des véhicules, à les reconstruire, mais de façon à enregistrer plus de profits et à ne pas être pris en faute.»

Le fait d’avoir entraîné son fils dans cette aventure délictuelle constitue également, de l’avis du Tribunal, un élément aggravant.

Le juge Trudel a signalé, par ailleurs, qu’il ne s’agissait pas d’un acte isolé. «La délinquance est au cœur de l’histoire professionnelle et commerciale de l’accusé», a-t-il confié, tout en concluant que les critères de dénonciation et de dissuasion devaient s’appliquer «vu le haut degré de responsabilisation de l’accusé».

S’il a rejeté la suggestion du ministère public estimant qu’une peine de quatre ans n’était pas proportionnelle selon les faits exposés, le président du Tribunal a fait valoir, de l’autre côté, que l’emprisonnement dans la collectivité ne répondait pas aux objectifs de dissuasion et de dénonciation. «Ce serait d’envoyer comme message que, pour un pro, les conséquences sont minimes et que c’est payant», a exprimé le juge Trudel.

En plus de la peine de détention, le Tribunal a imposé à Denis Laroche une période de probation de trois ans, la plus longue qui soit, assortie de deux conditions, celles de garder la paix et d’observer une bonne conduite, et de n’exercer aucun travail ou activité commerciale en lien avec les véhicules à moteur destinés au tourisme ou à des fins récréatives.