Élections fédérales 2015 : Santé, assurance-emploi, place des femmes

ÉLECTION. Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe admet que la côte sera longue à remonter, qu’il y a du travail jusqu’à la fin pour convaincre les Québécois, que la position de sa formation politique à Ottawa n’a rien d’un précédent. «En vélo, on sait que si on part le vent dans la face, on finira le vent dans le dos!»

C’est toutefois dans son autobus de campagne qu’il a accordé une entrevue d’une dizaine de minutes à La Nouvelle Union.

Il était accompagné d’Olivier Nolin, candidat bloquiste de Richmond-Arthabaska, «jeune plein d’élan et d’allant», a dit de lui M. Duceppe.

Les deux sortaient d’un dîner avec des militants à l’étage du Gavroche, s’apprêtant à visiter les installations de Cascades à Kingsey Falls et d’Anderson à Chesterville.

Ce dont Gilles Duceppe entend le plus parler sur le terrain, c’est de santé, d’assurance-emploi et de la place des femmes dans la société, a-t-il répondu.

Santé

Même si la santé est de juridiction provinciale, le fédéral a à y voir, lui qui, progressivement, au fil des ans, a réduit sa contribution de 50% à bientôt 18%, souligne-t-il. «Même le Conference Board du Canada, qui n’est pas un appendice souverainiste, prédit que si cela continue, dans 30 ans, Ottawa aura effacé sa dette et les provinces seront au bord de la faillite», notamment en raison du vieillissement de la population.

Assurance-emploi

Le chef bloquiste soutient que le Parti libéral d’abord, puis le gouvernement Harper qui s’en était pourtant indigné, ont pillé la caisse de l’assurance-emploi. «Un vol qualifié!» Même que selon le porte-étendard du Bloc, avec un cadre financier «qui ne tient pas la route» le NPD pigerait aussi dans la caisse pour atteindre le déficit zéro. S’il ne le fait pas, son plan financier mène tout droit au déficit.

Place des femmes

Gilles Duceppe affirme que seul le Bloc québécois a une position claire concernant le port du niqab. «La question ne porte pas que sur un morceau de tissu. La question, c’est «Est-ce que les femmes doivent s’effacer de l’espace public?» Pour le Bloc, les femmes doivent prêter serment de citoyenneté, voter et travailler dans la fonction publique à visage découvert. Cette position, différente de celles du Parti conservateur et du NPD, correspond aux intérêts et aux valeurs des Québécois et Québécoises, dit encore le chef bloquiste.

Deux seuls députés ?

Les commentaires, sondages et prévisions des observateurs politiques ne paraissent pas ébranler le chef souverainiste. «Pendant 50 ans, le NPD a eu zéro député et les conservateurs n’étaient plus que deux en 1993», réplique-t-il lorsqu’on lui parle des deux seuls députés bloquistes à Ottawa.

Au dernier scrutin, les résultats ont complètement dérouté les commentateurs politiques qui prédisaient une lutte entre les conservateurs et les bloquistes, rappelle-t-il. «C’est le NPD qui l’a emporté!»

Il n’a cure des prédictions de lutte à deux (Conservateur et NPD) dans Richmond-Arthabaska, une des 15 circonscriptions «surveillées» par la journaliste Emmanuelle Latraverse de Radio-Canada. «Ce ne serait pas la première fois que Radio-Canada se trompe.»

«Encore hier, Michel Auger (journaliste à la radio de Radio-Canada) a dû s’excuser lui qui avait dit à Emmanuelle Latraverse que les discussions sur le niqab ne dureraient que deux jours.»

Aux détracteurs du gouvernement conservateur qui croient qu’un vote pour le Bloc est inutile pour le chasser du pouvoir, Gilles Duceppe répond que c’est exactement l’inverse. Chaque fois que le Bloc sort fort au Québec, le gouvernement conservateur est minoritaire. C’est la division du vote dans le reste du Canada qui a le plus d’influence, selon lui. «Quand le vote se divise entre le NPD et le Parti libéral, c’est le Parti conservateur qui sort entre les deux. Si le Congrès du travail du Canada veut que le NPD gagne, parti qu’il appuie, il n’a qu’à travailler dans le reste du Canada et qu’il laisse les Québécois tranquilles!»

L’absence d’André Bellavance

Gilles Duceppe répond que oui, il avait tenté de convaincre le député André Bellavance de ne pas quitter le Bloc en août 2014. Et oui, il lui a demandé d’y revenir lorsqu’il a repris la tête de la formation politique. «André a fait ses choix et a dit que c’était terminé pour lui au fédéral». Comme il a fait le choix de devenir chroniqueur pendant la campagne électorale, ajoute-t-il. Cette fonction de chroniqueur, Gilles Duceppe reconnaît qu’elle ne peut être compatible avec la militance. Qu’Olivier Nolin ne puisse bénéficier de l’appui d’André Bellavance n’est-il pas décourageant pour les militants et la population de la circonscription? «Je n’ai pas vu de gens découragés ici!»

Le chef bloquiste devait se rendre à Saint-Hyacinthe en soirée, présenter son cadre financier à Montréal au cours de la journée de mercredi, se gardant la journée de jeudi afin de se préparer au débat des chefs.