15 mois de réclusion pour Geneviève Lemay

JUSTICE. Un peu avant 17 h, lundi, l’ex-Princevilloise, Geneviève Lemay de Saint-Léonard-d’Aston, a reçu sa peine. Le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec l’a condamnée, à compter de maintenant, à purger 15 mois de détention.

En fait, le magistrat a imposé une peine de 20 mois d’emprisonnement pour le dossier principal, à savoir la conduite avec les capacités affaiblies ayant causé la mort de son fils de 10 ans et des lésions à trois autres personnes. À cette peine, le juge a retranché huit mois de détention provisoire.

Mais le président du Tribunal a ajouté trois mois consécutifs de détention pour la récidive de la femme de 37 ans en matière d’alcool au volant. Geneviève Lemay, en attente de sa peine, a été, de nouveau, arrêtée en avril dernier à Saint-Léonard-d’Aston alors qu’il lui était interdit de conduire et de consommer.

Le juge Langelier lui a également imposé une interdiction de conduire pour une durée de quatre ans.

Dans cette affaire, le ministère public réclamait une peine de 36 mois de pénitencier, à l’opposé de la suggestion de la défense qui militait pour une peine de 90 jours discontinus de prison.

Geneviève Lemay, rappelons-le, a été impliquée, le 19 janvier 2013, dans une violente collision survenue sur la route 116 à Victoriaville, près des limites de Princeville. À ce moment, les conditions climatiques et routières étaient difficiles.

À la suite de la collision latérale, son véhicule a été sectionné. Son fils de 10 ans, éjecté malgré la ceinture de sécurité qu’il portait, a été tué sur le coup.

Les occupants de l’autre véhicule, dont un poupon de 18 mois, ont subi des blessures.

Analyse

Pendant environ 50 minutes, le juge Bruno Langelier a expliqué et motivé sa décision, indiquant qu’il s’agissait, ici, d’une infraction objectivement grave passible de l’emprisonnement à perpétuité.

Mais la jurisprudence en la matière montre, a-t-il dit, une fourchette de peines, pour les non-récidivistes, variant de 12 à 36 mois d’emprisonnement et d’une interdiction de conduire de 2 à 5 ans.

La récidive de l’accusée concernant l’alcool au volant laisse le Tribunal songeur en vue de la réhabilitation, a souligné le magistrat qui considère somme toute comme positifs le rapport présentenciel et son complément à la suite de la nouvelle arrestation. «Elle portera toute sa vie la tristesse de la mort de son fils, a exprimé le juge. Elle pourrait demeurer vulnérable si elle n’obtient pas d’aide, si elle n’est pas traitée pour ses difficultés personnelles.»

En rendant sa décision, le juge Langelier a exposé les différents facteurs, considérant d’abord comme aggravants le décès de l’enfant de 10 ans, les trois blessés, la récidive de conduite avec les capacités affaiblies et le manquement aux conditions de remise en liberté.

Le magistrat a aussi fait valoir les nombreux facteurs atténuants, à commencer par le plaidoyer de culpabilité de l’accusée, son absence d’antécédent judiciaire, son dossier vierge de conduite, l’absence de symptôme de conduite avec les capacités affaiblies et le taux d’alcoolémie légèrement supérieure à la limite légale affichant 93 mg d’alcool par 100 ml de sang. «Le lien causal entre l’alcool et l’accident est difficile à cerner dans ce cas-ci», a soutenu le juge, tout en précisant qu’au moment de la collision, la chaussée était enneigée avec la présence d’une lame de neige et que les conditions climatiques et routières étaient difficiles.

«Toutefois, l’alcool a pu contribuer à affecter, un tant soit peu, le jugement de l’accusée alors que les conditions de conduite étaient difficiles», a-t-il ajouté.

La Cour a aussi tenu compte des remords exprimés par Geneviève Lemay et les rapports positifs révélant une volonté de se reprendre en main.

Le président du Tribunal a dit croire en la sincérité des remords et regrets de l’accusée, se disant conscient également de sa douleur au sujet de la perte de son fils, sans doute «la plus grande douleur de sa vie».

Malgré cela, le juge a signalé qu’il ne pouvait, comme le suggérait la défense, opter pour une peine discontinue de 90 jours. «Une telle peine déroge à la fourchette, a-t-il expliqué. Elle ne s’applique habituellement qu’à des cas particuliers où l’alcool n’est pas en cause et en présence de réhabilitation convaincante par le respect des conditions de remise en liberté.»

Le juge Langelier a rappelé cette tendance de peines à la hausse pour sanctionner un tel comportement criminel. «Le législateur envoie un message clair : une sévérité accrue pour ce fléau de l’alcool au volant», a-t-il noté.

Une peine sévère

Réagissant à la peine imposée à sa sortie de la salle d’audience, l’avocat de Geneviève Lemay, Me Guy Boisvert, a qualifié la peine de sévère. «On s’attendait à une peine moins sévère du Tribunal étant donné les efforts de Madame depuis sa remise en liberté», a-t-il commenté.

Mais il estime que l’arrestation de sa cliente en avril, alors qu’elle se trouvait en attente de sentence, a joué contre elle. «Cela a eu une grande importance, mais le Tribunal a tenu compte de l’ensemble des circonstances, il a considéré un ensemble de facteurs, dont l’état de Madame qui avait perdu un enfant quelques mois avant l’accident», a indiqué Me Boisvert.

Le faible taux d’alcoolémie, par ailleurs, a permis à sa cliente, selon lui, d’éviter le pénitencier (peine de deux ans et plus). «Madame s’est déjà investie dans des programmes au niveau de la détention provinciale. En purgeant une peine dans un établissement provincial, elle pourra poursuivre les démarches qu’elle a déjà entreprises», a confié l’avocat.