Grève… ou lock-out évité de justesse chez Lactantia

VICTORIAVILLE. «Samedi, on se préparait pour une grève ou un lock-out», affirme le conseiller syndical de la CSD, Pierre Lafontaine, alors qu’en matinée… et pour la troisième fois, une majorité de travailleurs rejetaient l’«offre dite finale» de Lactalis (entreprise propriétaire de Lactantia).

Une entente de principe est toutefois intervenue dès le lendemain, dimanche, 80,8% des 240 participants à la deuxième assemblée générale de la fin de semaine acceptaient les offres patronales.

Il s’agissait d’un revirement de situation puisque les offres avaient été rejetées samedi matin par 56,6% des 226 participants à l’assemblée générale. Au total, 343 employés liés à la production chez Lactantia font partie de cette unité d’accréditation syndicale.

Le conseiller syndical attribue le revirement au «recul significatif» de l’employeur sur la question des vacances et sur la durée de la convention.

Jusqu’à dimanche, Lactalis proposait un contrat de travail de trois ans et de nouvelles modalités afin de limiter le nombre de travailleurs en vacances au cours de la période estivale.

«Il y a déjà des limites par postes de travail, mais la façon proposée par l’employeur aurait entraîné beaucoup plus de contraintes aux travailleurs», précise le conseiller Lafontaine.» Lactalis aurait renoncé à changer cette procédure et accepté un contrat de travail de cinq ans, comme celui échu depuis octobre 2014. Depuis 1998, la durée de la convention est toujours de cinq ans chez Lactantia.

Le prochain contrat de travail comprend une majoration de la contribution de l’employeur au régime de retraite ainsi que des augmentations salariales totalisant 10,75% en cinq ans. Samedi, l’offre se chiffrait à 6,55% pour trois ans.

Tant du côté des travailleurs que de l’employeur, on se préparait à un arrêt de la production à la suite du rejet des offres de samedi, soutient encore le porte-parole syndical.

«Les travailleurs étaient prêts et mobilisés et je confirme l’information diffusée en fin de semaine sur votre site (lanouvelle.net), selon laquelle l’employeur avait effectivement dépêché des agents de sécurité.» Pierre Lafontaine ajoute que l’employeur avait réduit la matière première dans les silos en prévision d’un arrêt des activités de l’usine.

Il a fallu une dizaine de séances de négociations, l’intervention de la conciliatrice France Racine afin que les parties en viennent à se rapprocher.

Le 15 mars dernier, 98% des 221 participants à l’assemblée avaient convenu de moyens de mobilisation pouvant aller jusqu’à la grève, en rejetant les offres de Lactalis.

Si, du côté syndical, l’actuel gros chantier d’agrandissement de l’usine constitue un message bénéfique en ce qu’il consolide des emplois, M. Lafontaine se demande toutefois de quelle manière on absorbera cet accroissement de la production.

Le dernier conflit de travail chez Lactantia remonte à 2004. Grève ou lock-out? Tout dépend à qui la question est posée, reconnaît le conseiller syndical.

La convention collective de la trentaine d’employés de bureau, également affiliés à la CSD, s’est conclue l’an dernier.