Les syndiqués veulent faire reculer le ministre Barrette
VICTORIAVILLE. Des employés de bureau du Centre de santé et de services sociaux d’Arthabaska-et-de-l’Érable (CSSSAE), membres de la section locale du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), avaient plusieurs raisons de manifester devant l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska mercredi midi. Entre autres, a soutenu la présidente Francine Lamothe, «on voudrait que le ministre Barrette recule avec sa Loi 10 adoptée sous le bâillon. C’est un rêve peut-être…».
Le Syndicat local avait invité ses membres à manifester leur mécontentement… et leur insécurité à l’heure du midi, devant l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska. On en attendait une centaine des 290 travaillant à l’un et l’autre site du CSSSAE.
À quelques jours de la création du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Mauricie et du Centre-du-Québec, fusionnant entre autres tous les CSSS des régions 04 et 17, les employés de bureau du CSSS d’ici ont le sentiment qu’ils seront les premiers à passer à la moulinette, dit la présidente, elle-même travaillant à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska.
Il y a beaucoup d’insécurité dans l’air, dit-elle, cette vaste réforme rappelant aux employés les vagues successives de transfert de services vers Victoriaville qu’a entraînées la première fusion des établissements d’Arthabaska et de L’Érable en 2004. Et déjà, ajoute-t-elle, pour les postes qui s’affichent, les employés hésitent à postuler, craignant se retrouver bientôt en Mauricie.
«Concentrera-t-on en Mauricie les services des finances, de l’approvisionnement ou de l’information?», se demande-t-elle.
Elle dit que si, jusqu’à maintenant, le projet de fusion des établissements n’a pas suscité de tollé dans la population, c’est que les services directs n’ont pas été touchés. «Le citoyen va se révolter quand il sera touché. On a vu, ici, comment les gens ont réagi quand on a créé un centre de prélèvements et qu’on a fermé celui du CLSC Suzor-Coté. Ce n’était qu’à quelques kilomètres. Si, avec la fusion des établissements, on décidait de créer un méga centre d’oncologie à Trois-Rivières?!», commente Mme Lamothe, s’étant elle-même trouvée à essuyer pendant un an la grogne des usagers alors qu’elle travaillait au centre de prélèvements à ce moment.
Un PDG de l’extérieur
D’ailleurs, la représentante des employés de bureau du CSSSAE déplore que le ministre Barrette ait nommé Martin Beaumont au titre de PDG du futur CIUSSS, lui qui provient d’une autre région. «Il a des compétences peut-être, mais c’est décevant pour nos DG qui ont postulé et qui connaissent bien la région.»
La manifestation visait à sensibiliser la population à l’imminence de cette réforme, dont le Syndicat doute qu’il générera des économies «avec tous les coûts qu’engendrera le «jeu des chaises musicales» des cadres et les primes de départ», souligne encore Mme Lamothe.
De façon générale, les manifestants protestaient contre les mesures d’austérité «drastiques», du gouvernement Couillard. La ritournelle «Envoye, coupe Couillard dans les services, dans les postes» tournait en boucle dans les haut-parleurs du véhicule du Syndicat.
Les offres gouvernementales, jugées insuffisantes, ont également motivé la manifestation du midi, explique Francine Lamothe.
Le citron pressé
Elle dit avoir été «assommée» par les offres déposées par le gouvernement, proposant un gel pour les deux prochaines années et des hausses de 1% pour chacune des trois années suivantes de la convention. «Alors qu’on est en retard de 8 à 10%, il me semble que le citron a été assez pressé.»
Ces offres ainsi que la volonté du gouvernement du Québec de resserrer les conditions du RREGOP (Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics) font craindre à la présidente qu’il y ait des départs massifs.
Elle précise que la caisse de retraite est en santé, alimentée moitié moitié par l’employeur et l’employé. «Le gouvernement veut hausser l’âge de la retraite de 60 à 62 ans, augmenter la pénalité de 4 à 7,2% annuellement et calculer la rente sur les huit dernières années au lieu de cinq. Lorsque ces propositions ont été soumises, les gens du RREGOP ont reçu 14 000 appels d’employés voulant plus d’informations!»
Elle craint que si le gouvernement va de l’avant avec ces mesures, beaucoup d’employés décideront de quitter maintenant plutôt que d’attendre l’imposition de nouvelles conditions moins avantageuses.