Projet de loi 10 : aucune «promesse» n’aurait été faite

VICTORIAVILLE. La neutralité des autorités du Centre de santé et de services sociaux d’Arthabaska-et-de-l’Érable (CSSSAE) relativement au projet de loi 10 sur la gouvernance du réseau de la santé a quelque chose de suspect aux yeux de certains et masquerait probablement des «promesses» du ministre Gaétan Barrette. «On n’a pas d’agenda caché!», affirme Marcel Dubois, président du conseil d’administration du CSSS.

Il répond qu’elle est sans fondement la rumeur selon laquelle le directeur général de l’établissement, Claude Charland, se serait fait offrir le poste de président directeur général d’un futur Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) tel que devrait le créer le projet de loi 10.

Selon certains, ce serait cette offre qui contraindrait au silence les autorités d’ici, alors que du côté de Drummondville, tant le président du conseil d’administration de l’établissement que celui du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens ont pris position publiquement en faveur de la création d’un CISSS au Centre-du-Québec, plutôt que d’un seul pour la Mauricie et le Centre-du-Québec comme le souhaite le ministre.

«Il n’y a pas eu d’offre du ministre et je ne connais personne qui en a eu. D’ailleurs, nous n’avons eu aucun contact avec le ministère, pas plus que nous n’avons été consultés relativement au projet de loi 10», soutient Marcel Dubois.

Il est vrai, dit-il, que Claude Charland est un «actif» dans le réseau de la Mauricie et du Centre-du-Québec. «Je ne suis pas certain qu’il soit intéressé à occuper une telle fonction de P.-D.G.»

Tout en affirmant, pour sa part, qu’aucune offre ne lui a été faite, Claude Charland répond qu’il serait bien hasardeux, à ce moment-ci, de manifester ou non de l’intérêt pour une telle fonction. «On n’en connaît pas les conditions et on ne sait pas où sera situé le bureau chef! À bientôt 56 ans, ce n’est pas un enjeu de carrière pour moi.»

Au moment de l’entrevue (fin de l’après-midi mercredi), M. Charland se trouvait à Trois-Rivières sortant d’une réunion avec les directeurs généraux des établissements de la Mauricie et du Centre-du-Québec. Il y a justement été question des appels d’intérêt que le ministère veut lancer pour combler le poste de P.D.G. de la future structure.

M. Charland sait comment et quand la rumeur le concernant s’est frayé un chemin dans les esprits. «C’est au moment où ont commencé les démarches pour obtenir un CISSS au Centre-du-Québec. Certains ont dit que s’il y en avait un dans la région, ce serait moi qui le dirigerais.»

Claude Charland précise encore que s’il ne devait plus occuper de direction générale, il voudrait tout de même contribuer activement à la nouvelle organisation.

De l’inquiétude et de l’incertitude

Tout en persistant à soutenir qu’est «politique» la décision de créer un ou deux CISSS pour la Mauricie et le Centre-du-Québec et qu’il ne veut pas tenter de l’influer, Marcel Dubois commence à manifester une certaine impatience, disant avoir «hâte que ce soit classé». «Il y a de l’inquiétude et de l’incertitude.»

Encore mardi soir, réélu à la présidence du CSSS, il remerciait les administrateurs d’accepter un nouveau mandat sans trop connaître l’avenir.

«On ne veut pas entrer en conflit ou en support avec personne. Quel que soit le modèle choisi, on aura à travailler avec l’un ou avec l’autre pour s’assurer que soient maintenues la continuité et la qualité des soins pour notre population», dit encore M. Dubois, justifiant de nouveau le silence «politique» du CSSS.

«Qu’on se mouille ne changera rien!», s’exclame-t-il, niant aussi que ses accointances politiques personnelles l’empêchent de s’opposer aux visées du ministre libéral de la Santé.

«En 23 ans à la présidence de l’établissement – l’Hôtel-Dieu d’abord – j’ai toujours mis mes allégeances politiques de côté pour travailler avec le député en place. Et on en a eu des députés de plusieurs couleurs en 23 ans!»