Quatre fois plus de microbrasseries au Québec
ENTREPRENARIAT. Une vague brassicole déferle sur le Québec et elle ne semble pas vouloir encore s’essouffler. Le nombre de microbrasseries a connu un boom de 345% en une dizaine d’années, révèlent des données obtenues par TC Media.
Des Îles-de-la-Madeleine jusqu’en Outaouais en passant par la Côte-Nord, chaque région de la province compte au moins une microbrasserie. Seul le Nord-du-Québec est sans brasseur.
En 2015, ils sont près de 140 producteurs à brasser leurs bières alors qu’ils étaient 31 en 2002. Presque chaque mois, une nouvelle microbrasserie apparaît dans le paysage.
«Pour les brasseries régionales, il y a encore de la place. Pour les personnes qui font des broues-pub (bar de microbrasserie») et qui s’installent en région. On pourrait monter encore avec une cinquantaine, une centaine de brasseries», avance le président de l’Association des microbrasseries du Québec (AMBQ), Frédérick Tremblay.
Selon l’AMBQ, d’ici 2020 le nombre de microbrasseries pourrait atteindre 218 et leur part de marché dans le monde brassicole du Québec (vente sur les tablettes et dans les bars/restaurants) pourrait passer de 8% à 12% si l’industrie continue sur sa lancée.
Pour y parvenir, l’industrie a besoin d’un cadre réglementaire adéquat et d’une politique gouvernementale sur le développement du secteur brassicole, énumère M. Tremblay.
L’aide de l’État
L’intervention de l’État a donné l’élan nécessaire aux microbrasseries quand le gouvernement québécois a décidé en 1996 de leur accorder une réduction de la taxe spécifique sur l’alcool.
L’autorisation de vendre à même le lieu où la bière est brassée a aussi favorisé l’implantation de microbrasseries. Avant le milieu des années 90, un brasseur devait vendre en bouteille sur les marchés, ce qui était trop coûteux pour les petits artisans.
«Cet élément a permis un nouveau modèle d’affaires où les microbrasseries pouvaient s’installer en région, vendre sur place et atteindre leur rentabilité sur place», explique le directeur général de l’AMBQ, Jean-Pierre Tremblay.
Avec les broues-pub, les microbrasseries réussissent aussi à bien se positionner dans le marché de la consommation sur place (restaurants et bars). Un marché qui est pourtant en décroissance. La part de marché des microbrasseries dans la vente de bière au niveau des bars, broues-pub et des restaurants est passée de 8,7% à 17,3% en moins de 10 ans.
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Acheter local
L’importance de l’achat local chez de plus en plus de consommateurs québécois peut aussi expliquer l’engouement pour les bières de microbrasserie, fait valoir Francine Rodier, professeure au département de marketing à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.
«La consommation locale est un incontournable et c’est en croissance. C’est une pierre angulaire. […] Les microbrasseries sont exactement dans le bon giron».
Si la bataille n’est pas facile sur les tablettes face aux grands brasseurs qui ont de gros moyens, les microbrasseries peuvent marquer des points chez les consommateurs en mettant de l’avant leur provenance québécoise, indique Mme Rodier. «Quand le microbrasseur réussit à s’identifier clairement, à mettre de l’avant sa connotation locale, je pense que c’est un avantage clair et net pour l’achat québécois.»
«Les gens s’associent à leurs brasseries locales, à leurs brasseries régionales, comme on la fait avec le fromage en 2004-2005», constate pour sa part l’expert en bière, Philippe Wouters.
Selon lui, le marché n’est pas encore saturé pour les microbrasseries, mais les tablettes, elles, ne sont pas extensibles. «Il y a de moins en moins de places sur les tablettes de détaillants, mais de plus en plus de détaillants qui veulent en vendre. Donc, au bout du compte, ça compense.»
L’industrie québécoise des microbrasseries en chiffres
-Emplois en 2014: 3886 dont 1600 reliés à la restauration
-Masse salariale: 112 000 000$
-Volume de production en 2014: 485 000 d’hectolitres
-Producteurs artisanaux (vente sur place seulement): 51
-Producteurs industriels: 87
Source: L’AMBQ et Régie des alcools du Québec
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