Valorix de Warwick mise sur la valorisation des matières organiques
ENVIRONNEMENT. À Warwick, dans le rang des Buttes, Valorix, c’est l’affaire de son président Frédéric Vincent et de sa conjointe, la vice-présidente Marie-Ève Goyer. Fondée en 2009, Valorix offre son expertise en agriculture de précision, celle qui fait appel aux nouvelles technologies, en proposant différents services, dont la valorisation des rejets organiques en bioénergie et en fertilisants de spécialité.
Valorix a accouché d’un prototype sur lequel elle fonde beaucoup d’espoir. Alors étudiant en agronomie à l’université, Frédéric Vincent, conscient de toute la problématique des lisiers dans les années 2000, a entrepris de développer son concept permettant, non seulement de récupérer et de valoriser les fumiers, mais toutes autres matières putrescibles ou organiques. «Comme les résidus de la transformation alimentaire qui se retrouvent bien souvent dans les dépotoirs, dans les incinérateurs ou ailleurs», souligne-t-il.
Valorix pourrait se tourner aussi vers le milieu municipal et le contenu des bacs bruns. Mais il ne s’agit pas, pour l’entreprise, d’une priorité. «Ce n’est pas notre premier choix, indique Frédéric Vincent, car ces résidus sont facilement valorisables en compost. On préfère utiliser les matières difficiles à gérer, qui présentent des difficiles et pour lesquelles on ne trouve pas de solution.»
La technologie développée par l’entreprise warwickoise mène à un résultat zéro déchet après la transformation en valeur ajoutée. «C’est la particularité de notre technologie», précise le président de Valorix qui réussit, avec la boue sortant de son assemblage, à la séparer en différents éléments : fertilisants concentrés, litière sèche très absorbante et eau pure déminéralisée. «Cette eau, c’est comme notre déchet, ce qui fait, en somme, qu’on n’en arrive à aucun déchet. Cette eau, par exemple, peut servir pour le lavage dans des entreprises ou encore être rejetée dans la nature sans conséquence», signale M. Vincent.
De la transformation résultent 80% d’eau et 20% de matières à valeur ajoutée retournées sur le marché sous diverses formes.
Vaste marché potentiel
L’énorme quantité de matière à traiter représente un important marché potentiel pour Valorix qui suscite l’intérêt de certains producteurs agricoles.
«On a un réseau de clients intéressés qui n’attendent que le démarrage à grande échelle», mentionne le président de l’entreprise. «Quand on fait la démonstration aux producteurs, qu’on leur explique en termes pratiques et techniques, ils allument rapidement», note Frédéric Vincent.
L’engrais produit, par exemple, devient plus intéressant que le fumier que doivent épandre les agriculteurs. «Nos engrais conservent les mêmes éléments nutritifs que le fumier. On les concentre. Et à la suite du traitement, l’engrais se retrouve dans une forme plus facilement assimilable par les plantes et se rapproche davantage d’un engrais chimique. On accote sa valeur fertilisante avec une source biologique, sans utilisation de pétrole», explique le président de Valorix.
Concept gagnant gagnant
Valorix, avec son concept, fait valoir un gain d’efficacité et d’économie aux producteurs à qui elle propose un service clé en main, s’occupant d’aller récupérer sur place les matières pour les transporter dans un centre de valorisation afin de les transformer pour ensuite livrer les engrais aux clients au moment où ils en ont besoin.
«Il y a un gain d’efficacité, affirme Frédéric Vincent. On leur évite du travail. C’est une approche «gagnant gagnant». Le producteur utilise notre service et, à la fin, il lui reste davantage d’argent dans ses poches.»
L’aspect économique saura convaincre, croit-il. «Quand ça vaut la peine, les utilisateurs embarquent», observe-t-il.
Si les producteurs y trouvent leur compte, le voisinage aussi en raison de l’élimination des odeurs. «Notre procédé les élimine dès la première étape de traitement. Les odeurs sont éliminées par la transformation des matières organiques en énergie», signale Frédéric Vincent.
La société aussi en bénéficie puisque cela s’inscrit dans le développement durable, contribuant à la réduction des gaz à effet de serre.
Le financement
L’entreprise Valorix poursuit ses démarches de financement et de recherche de partenaires pour assurer une mise à l’échelle industrielle de son concept.
«Notre prototype fonctionne. On produit à petite échelle, mais on ne peut le faire à grand volume. Le financement est nécessaire pour le développer, pour augmenter la capacité de production», mentionne le président.
D’importants investissements sont requis pour prévoir toute la logistique, les équipements de transport et d’entreposage. «Tôt ou tard, le bon moment viendra, notamment avec le resserrement de la règlementation et la politique liée à l’enfouissement», estime M. Vincent, reconnaissant, par ailleurs, qu’au cours des deux dernières années, le moment était peu propice pour l’obtention d’aide gouvernementale dans un contexte d’austérité.
Enfin, Valorix a une autre corde à son arc, une nouvelle technologie, dans un même ordre d’idée, et qui vise l’extraction et la valorisation de l’azote ammoniacale provenant des eaux usées industrielles.
Ce procédé, selon le président, peut notamment permettre aux entreprises de se conformer aux normes environnementales en vigueur en plus d’améliorer leur empreinte écologique par le recyclage et la valorisation de leurs rejets.
Photo CT Valorix 1