Comptabilité et gestion : une technique à valoriser

VICTORIAVILLE. Comme chacun des programmes collégiaux, celui des Techniques de comptabilité et de gestion (TCG) du cégep de Victoriaville vient de passer au crible serré d’une évaluation. Et l’analyse a fait surgir quelques constats. Il y a d’un côté, un nombre croissant de collégiens qui choisissent de poursuivre leurs études à l’université alors que la formation collégiale leur permettrait d’accéder immédiatement au marché du travail. Et il y a de l’autre, des employeurs qui, pour des raisons salariales, préfèrent embaucher des gens dotés d’un diplôme d’études professionnelles plutôt qu’un technicien.

Ce sont, entre autres, des phénomènes, peut-être liés, qu’a observés le comité de travail chargé de l’évaluation du programme.

Formé de Johanne Allard, enseignante, Alexandre Vallée, enseignant et coordonnateur du programme et de Mariannick Paris, conseillère pédagogique, le comité a déposé son rapport d’évaluation aux autorités du Cégep. Il a fait l’objet d’un bref échange à la séance du conseil d’administration lundi soir.

Le directeur des études, Christian Héon, a annoncé que d’ici deux mois, un plan d’action ferait écho à ce rapport, afin de trouver le moyen de valoriser la formation, particulièrement au regard des employeurs.

Il a dit qu’on ne pouvait déplorer la décision des collégiens de poursuivre leurs études à l’université alors que le programme technique est, en principe, terminal. C’est dire que le Cégep stimule le goût des études, a-t-il commenté. Mais, a-t-il poursuivi, il y a lieu de questionner ce phénomène croissant. Ils étaient 17 collégiens en 2007 à poursuivre leurs études à l’université, plus du double (38) à le faire en 2012.

Membre du conseil d’administration, une jeune femme d’affaires a d’ailleurs témoigné de la difficulté des entreprises de la région à recruter des techniciens. Le taux de placement «extrêmement satisfaisant» des finissants appuierait ses dires. Elle s’est inquiétée tout haut de ce choix des collégiens de poursuivre leurs études à l’université puisque, sortis de la région, ils risquent de ne pas y revenir.

S’il y a frustrations du côté des employeurs, il y paraît y en avoir du côté des collégiens. Le rapport met en lumière d’autres phénomènes.

Celui des jeunes diplômés en TCG qui «doivent se résigner pendant les premières années de leur carrière à exercer des emplois qui ne sont pas à la hauteur de leur formation. Ce n’est qu’une fois une solide expérience acquise qu’ils deviennent après plusieurs années, des employés aux compétences recherchées, qui selon les membres du comité institutionnel, font de précieux «bras droits» pour les dirigeants de l’entreprise», peut-on lire dans le rapport.

«Les jeunes techniciens ne veulent pas attendre dix ans» avant d’obtenir la reconnaissance de leur formation et c’est ce qui pourrait expliquer leur choix de poursuivre à l’université, a indiqué le directeur des études.

Le rapport fait aussi état de ces étudiants qui abandonnent le programme entre la 3e et la 5e session et de ceux qui se prévalent d’un DEC sans mention pour entrer à l’université.

Christian Héon dit que la création du DEC sans mention (en 2008) avait constitué une bonne idée au départ, mais que, malheureusement, il devient de plus en plus une astuce pour un parcours scolaire allégé. Un DEC sans mention peut être attribué à un collégien ayant eu des difficultés, mais ayant réussi ses cours de formation générale.

Le comité passe également sous la loupe tous les aspects du programme et ses nombreux outils pédagogiques, comme le projet nom@d (utilisation du portable) qui pourrait être optimisé, les avis partagés sur les compétitions de cas et sur les entreprises d’entraînement. Ces deux projets, bien que formateurs et bénéfiques, constitueraient de trop lourdes charges de travail. Les étudiants se plaignent d’ailleurs de ne pouvoir profiter d’une vie parascolaire enrichissante.

Enfin, quelques pistes sont proposées pour bonifier la formation qui, de façon générale, répondrait aux attentes des étudiants et du marché du travail. Le programme devrait mieux préparer les jeunes à travailler dans contexte d’internationalisation.

Quelques chiffres

15%

Le pourcentage d’élèves en techniques de comptabilité et gestion (TCG) qui, annuellement, quittent le programme entre la 3e et la 5e session.

54%

Le pourcentage de finissants en TCG qui, en 2009, décidaient de poursuivre leur formation à l’université.

88%

Le pourcentage de finissants en TCG qui, en 2012, prenaient le chemin de l’université.