En classe, comme à la ferme-école, à deux, c’est encore mieux

VICTORIAVILLE. C’est en team teaching avec Robert St-Arnaud, un pionnier de l’agriculture biologique au Québec, que, pour la première fois depuis qu’il s’y trouve, Ghislain Jutras enseigne dans sa classe du cégep de Victoriaville. La clientèle est telle, que le Cégep a dû procéder au recrutement d’un deuxième enseignant en agriculture biologique.

Aux membres du conseil d’administration lundi soir, le directeur général Vincent Guay a souligné que le programme d’agriculture biologique offert en exclusivité à Victoriaville suscitait un tel engouement que, pour la première fois, il faudra le contingenter.

La cohorte de deuxième année, celle qui se retrouve l’été dans les jardins de la ferme-école BioVicto (au bout du Verger des frères), se compose de 24 étudiants. Ils n’étaient que 8 l’été dernier. Et, déjà, on sait qu’ils seront encore plus nombreux à l’été 2016 puisque le premier groupe de première année compte 32 étudiants.

Et c’est dans ces jardins que le public pourra prendre la mesure de l’apport de Robert St-Arnaud.

Ghislain Jutras explique qu’avec plus d’étudiants et l’expérience de M. St-Arnaud, on fera passer de 80 à 144 le nombre de variétés de légumes, qu’on pourra expérimenter trois nouveaux systèmes de culture, qu’on vouera une parcelle au maïs sucré et qu’on exploitera davantage les serres du Cégep afin de produire tomates et concombres sur une plus longue période. Plus encore, la ferme-école adhérera officiellement au réseau Équiterre, garnissant les paniers de 45 clients (http://biovicto.com).

Le bagage de Robert St-Arnaud

Les 30 ans d’expérience de Robert St-Arnaud ajoutés aux 15 de Ghislain Jutras donneront encore plus d’ancrage et de crédibilité à l’enseignement, soutient ce dernier. Il se réjouit que le producteur ait eu envie de répondre à l’appel de candidatures lancé par le Cégep.

Originaire de Sainte-Geneviève-de-Batiscan, M. St-Arnaud y a créé et développé une des plus grosses fermes biologiques au Québec (certifiée bio depuis 1985), les Jardins bio Campanipol. On y cultive des produits maraîchers sur six hectares. La ferme a été une pionnière au Québec avec ses paniers ASC (agriculture soutenue par la communauté). Elle approvisionne 350 paniers, vend ses produits à la ferme, les distribue, en transforme aussi.

À 61 ans, M. St-Arnaud est à céder le relais de sa ferme à ses trois enfants.

Dans le bagage du nouvel enseignant, formé en agronomie, il y a aussi toutes ces années (de 1984 à 1996) où il a œuvré à l’international, surtout en Afrique (Cameroun, Sénégal, Côte d’Ivoire, Niger) et en Haïti, à titre de consultant dans des projets évidemment liés à l’agriculture.

Au Québec, entre deux missions à l’international, il a aussi accompagné des clubs d’encadrement technique, entre 1989 et 1993.

Ghislain Jutras connaissait M. St-Arnaud depuis longtemps. C’était à l’époque où il était étudiant à l’Université Laval, en 2000, lors d’une visite de sa ferme. «C’est un honneur pour moi de travailler avec un pionnier des paniers et de l’agriculture biologique ainsi que de la consultation en agriculture biologique.»

En classe depuis un peu plus de deux semaines, Robert St-Arnaud étrenne son nouveau rôle d’enseignant, heureux, dit-il, de travailler dans un milieu stimulant, plein de nouvelles idées. Là où il pourra partager l’expérience acquise avec les étudiants. «Et si je pouvais leur éviter les gaffes que j’ai faites!», espère-t-il.