Justice et consolation pour la mère de Dave Ross

VICTORIAVILLE. «Justice a été rendue, ça console, même si ça ne me ramène pas mon fils», s’exclame Hélène Rousseau, parlant de la sentence de 75 ans de prison que vient d’écoper Justin Bourque celui qui, à Moncton, a tué trois agents de la GRC, dont le Victoriavillois Dave Ross.

Au bout du fil, la mère du policier de 32 ans dit qu’elle a assisté à presque tout le procès de Bourque au palais de justice de Moncton. Elle a affronté le meurtrier des trois agents de la GRC.

Elle lui a même lu une lettre – rédigée en anglais – où elle disait comment elle se sentait, frustrée, abandonnée. «Je disais que je n’aurais plus la chance d’entendre mon fils dire qu’il m’aime.»

La teneur de sa lettre ressemblait à celle du témoignage qu’elle a livré quelques jours après le drame, lors d’une conférence de presse à l’hôtel de ville de Victoriaville.

Mme Rousseau dit que d’avoir assisté au procès constituait une sorte d’étape sur le chemin de son deuil. «J’ai pardonné, mais ça n’enlève ni la douleur, ni la souffrance.»

Lors des audiences, elle a entendu d’autres témoignages, revécu le fil des événements par les vidéos présentées devant la Cour. Des moments difficiles, mais nécessaires, croit-elle, comme une «thérapie».

Rachael, conjointe de Dave Ross ainsi que les conjointes des deux autres agents tués étaient présentes au palais de justice durant le procès, mais dans une pièce retirée. Elles ne sont entrées que le jour du prononcé de la sentence. Elles avaient aussi, par la vidéo, livré leurs témoignages touchants, sa belle-fille évoquant tout ce qui ne serait plus à la suite de la perte de son époux.

Mme Rousseau dit que l’accusé paraissait d’abord «nonchalant», gardant son calme, fixant toujours une télé. Elle croit que tous les témoignages qu’il a entendus ont fini par le toucher. «Mais je n’étais pas là lorsqu’il a présenté ses excuses.»

Mme Rousseau a croisé ses proches, notamment la sœur de sa mère dans la salle de toilettes du palais de justice. «Elle était mal à l’aise et m’a présenté ses excuses et ses condoléances.»

La mère de Dave Ross parle avec le même courage qu’en juin dernier devant les caméras, concentrant son attention sur ce que souhaiterait son fils. «Mon fils voudrait que la vie continue. Il faut marcher vers l’avant.»

D’ailleurs, ce message d’espoir, il s’inscrit presque dans le visage du deuxième petit garçon de Dave et de sa conjointe, Mme Rousseau constatant qu’il lui ressemble. «C’est mon fils tout craché!», dit-elle.

La grand-maman a assisté, à distance, à toutes les étapes de la naissance du petit Hunter, le 5 septembre. «C’était à la fois un déchirement et une joie!»

Depuis juin, Hélène Rousseau dit qu’elle n’a jamais aussi fréquemment pris l’avion. Pour se rendre à Moncton voir Rachael et ses deux petits-fils (l’aîné, Austin, vient d’avoir 2 ans). Pour se rendre à Régina recueillir une médaille d’honneur… et encore à Ottawa il y a trois semaines.

L’attentat au Parlement d’Ottawa le 22 octobre dernier a ébranlé Hélène Rousseau, lui faisant revivre les événements de Moncton.

Elle continue de travailler, enseigne l’anglais et a dit «oui» à un projet de reconnaissance à l’égard de son fils que lui a proposé le maire Alain Rayes.

Comme Dave Ross était maître-chien, on peut facilement imaginer ce qui viendra.