«Je suis née pour ce métier»
Figure connue du petit écran, les amateurs de sports la connaissent bien. Tête d’affiche de RDS (le Réseau des sports) depuis près de 30 ans, la journaliste Chantal Machabée, de passage à Victoriaville, mercredi soir, a parlé de sa carrière, de sa grande passion pour les sports, particulièrement le hockey.
Invitée au Pavillon Arthabaska par le Collège Clarétain et Desjardins Gestion de patrimoine qui ont vendu, pour l’occasion quelque 250 billets et amassé 6500 $ pour les équipes du Graal, Chantal Machabée a prononcé une conférence intitulée «La passion peut mener loin».
Pendant une heure, la journaliste et animatrice a entretenu l’auditoire, soutenant que «le sport est la meilleure école de vie», que lorsqu’on apprend à contourner les obstacles, «on a notre plus belle récompense». «Par notre passion, a-t-elle souligné, on réussit à atteindre nos objectifs.»
Avant d’évoquer son parcours professionnel, la conférencière a relaté l’histoire de trois athlètes d’exception, Michael Jordan, Tom Brady et Martin St-Louis. Des gens à qui on avait dit qu’ils étaient trop petits, trop faibles ou pas assez bons.
«Mais ils croyaient tellement en leurs moyens. C’est crucial. On peut réussir malgré les commentaires négatifs des gens», a fait valoir Chantal Machabée.
Ensuite, la conférencière a abordé son cheminement, de son rêve de devenir journaliste sportif au cours des années 1970. «Une époque extraordinaire, a-t-elle rappelé, avec Ali à la boxe, les Jeux olympiques de Montréal et le «dieu» Guy Lafleur que je rêvais d’interviewer.»
Fille timide, Chantal Machabée envisage le journalisme écrit, mais jamais n’a-t-elle reçu d’accusé de réception à ses demandes d’emploi dans la presse écrite.
En 1983, elle accepte l’offre de Gilles Péloquin à Sherbrooke de tenir une chronique à son émission sur le hockey junior et les exploits de Mario Lemieux à Laval.
Après avoir essuyé un refus en communication à l’université, Chantal Machabée, qu’à cela ne tienne, frappera à la porte d’une école privée, celle de Pierre Duffault, alors journaliste sportif à Radio-Canada. «Ce détour a été extraordinaire. Ça fait en sorte que l’année suivante, je devenais journaliste sportif à la Presse canadienne et à NTR», a-t-elle confié.
Moins d’un an plus tard, sans emploi en raison de compression, Chantal Machabée proposera tout de même la couverture aux États-Unis du tournoi de la Coupe Memorial en suggérant de défrayer elle-même ses coûts d’avion et d’hébergement. «Je voulais me faire voir, me faire connaître», a-t-elle dit.
Seule fille à couvrir l’événement, elle a fait la rencontre de son premier entraîneur Pat Burns qui, au départ, la regardait plutôt de travers. «Il n’était pas certain, mais après la finale, il m’a payé un verre, m’a souhaité la bienvenue dans le monde du hockey tout en me disant avoir apprécié ma façon de travailler», a-t-elle relaté, ajoutant avoir développé une belle relation avec lui. «Il m’a comme prise sous son aile. Il était mon protecteur.»
Après ce tournoi, Radio-Canada la repêche à Ottawa où elle évoluera pendant deux ans. «C’était le début de ma carrière. J’ai énormément appris», a-t-elle noté.
Par la suite, Chantal Machabée raconte son passage à TVA Montréal et Québec avant son embauche en 1989 à RDS, nouvelle chaîne qui allait entrer en ondes le 1er septembre. On lui fait l’honneur d’inaugurer la station en animant le tout premier bulletin.
Vingt-huit ans plus tard, dont 23 ans comme chef d’antenne, la journaliste s’y trouve toujours. Mais elle a dû faire montre de patience et de persévérance avant que finalement, la direction (inquiète aussi qu’elle puisse accepter une offre à TVA sports) n’accède à sa demande de travailler à temps plein sur le hockey, un sport qu’elle aime passionnément.
Depuis maintenant sept ans, elle est «sur le beat» du Canadien, occupant le poste de reporter assigné à la couverture de l’équipe.
Son métier, elle l’adore, malgré «les heures de fou» et les moins bons côtés, comme les commentaires désobligeants sur les réseaux sociaux. «J’ai reçu des messages de mort, des insultes, de l’intimidation», a-t-elle confié, précisant que les choses s’améliorent.
«Mais jamais le négatif ne m’a enlevé ma passion. Je suis née pour ce métier», a-t-elle soutenu.
Et oui, sa carrière lui a permis d’interroger son idole Guy Lafleur qui, en entrevue, l’a félicitée pour sa carrière. «Je tremblais tellement j’étais impressionnée, a-t-elle signalé. Mais je lui ai dit que c’est grâce à sa passion, à sa carrière, à ce qu’il a accompli sur la patinoire et à l’extérieur que je fais ce métier. C’est un homme attachant, il dit ce qu’il pense.»
Ainsi, les athlètes peuvent influencer des vies, selon Chantal Machabée. «Il faut avoir confiance en soi. Je n’avais personne pour m’aider. Je me suis inspirée d’athlètes. Rien n’est impossible. Croyez en vos moyens. Un obstacle, c’est fait pour être contourné», a-t-elle conclu.