Se débarrasser des feuilles mortes… ou les réutiliser

Les feuilles mortes? On peut les laisser sur le gazon, les hacher avec sa tondeuse, les ratisser, en disposer dans son bac brun, les ensacher pour qu’elles prennent le chemin des plateformes de compostage. L’environnementaliste Serge Fortier va plus loin. Avec la machine qu’il a patentée partant d’une voiturette de golf, il les aspire et les hache pour en faire du paillis.

La semaine dernière, le consultant actionnait son invention sur le terrain de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption. Il avait été invité par un marguillier ayant assisté à une des conférences «vertes» de M. Fortier.

C’est à cet endroit que Luc Provencher, un nouveau résident de la rue des Pins à Victoriaville, a vu le dispositif à l’œuvre, comprenant vite que non seulement il pourrait amasser ses feuilles, mais les «réutiliser» chez lui.

Chez lui et sa compagne, Geneviève Martel, il y a des feuilles en quantité. Il en coûtait au moins 500 $ par année à la propriétaire précédente pour les faire amasser. Et parfois, avec les élèves de l’École Monseigneur-Grenier que Luc Provencher (éducateur en service de garde) s’organisaient des corvées de ramassage sur le vaste terrain de la dame. En échange, les enfants s’y amusaient.

Le système, appelé «M. Paillis», que Serge Fortier a conçu intègre à même une voiturette de golf électrique un chargeur à débris connecté à un tuyau de dix pouces de diamètre aspire et hache les feuilles, les petites branches et les cocottes. Le tout s’entasse dans une boîte que M. Fortier vide lorsqu’elle est pleine.

Avec son invention – pas brevetée –, c’est bien davantage une mission dont il s’investit, une idée verte qu’il veut propager plutôt qu’un marché qu’il souhaite développer. «Je vais probablement mourir pauvre, dit-il en riant. Oui, ma machine est facile à copier. Tant mieux si les entreprises d’aménagement paysager proposaient un nouveau service en s’inspirant de mon concept. Ça prolongerait leur saison et ça créerait des emplois.»

Serge Fortier soutient que le recyclage des feuilles mortes pour en faire du paillis respecte le processus naturel de consommation circulaire. Le paillis ne sert pas qu’à des fins esthétiques ou pour étouffer les mauvaises herbes; il sert de nourriture aux arbres et aux plantes, explique-t-il. «Ce sont des feuilles mortes dont se nourrissent les arbres; on le constate dans la forêt.» L’idéal serait de hacher les feuilles et de les laisser sur le parterre. «Mais s’il y en a trop, cela risque d’étouffer le gazon.»

Les feuilles que M. Fortier hache avec sa machine sont entassées afin que les pluies d’automne et l’hiver les compactent et les empêchent de voleter avec le vent.

«On considère encore les feuilles comme des ordures dont on veut se débarrasser. Elles sont plutôt des ressources qu’on peut valoriser», dit encore le consultant en jardinage écoresponsable.

De ratisser les feuilles pour s’en débarrasser peut être une corvée, dit encore M. Fortier. «De les ramasser pour en faire du paillis, ça change la perspective», soutient-il.

Chez Luc Provencher et Geneviève Martel, on ne ramassera pas toutes les feuilles. Mais celles qui auront été aspirées et hachées par «M. Paillis» leur éviteront d’acheter des sacs de paillis le printemps prochain. «Elles sont une richesse qui aura été valorisée à même le lieu où elles se trouvaient. On n’aura pas eu besoin de les transporter. C’est aussi pour cette raison que c’est une solution encore plus écologique», conclut l’environnementaliste, évoquant la réduction de l’empreinte écologique.