Greffée du cœur, elle crée une nouvelle fondation

Elle sait bien de quoi elle parle, Maryka Bourgault. En 2008, elle a reçu le plus beau cadeau qui lui a sauvé la vie, un cœur! Neuf ans et demi plus tard, Maryka a mis sur pied la Fondation de cœur en cœur pour venir en aide aux personnes en attente d’une greffe cardiaque ou à celles éprouvant des besoins après une greffe.

Directrice administrative à l’entreprise Electro Kingsey de Kingsey Falls, Maryka Bourgault souffrait d’une cardiomyopathie hypertrophique, une maladie génétique. «On ne savait pas que nous avions cela dans la famille», confie-t-elle, en entrevue, sur les lieux de son travail.

À 21 ans, la jeune femme attend un enfant. La grossesse se déroule bien. Elle accouche toutefois prématurément à 32 semaines.

Même si elle ne se sentait pas trop bien après l’accouchement, elle met l’accent sur son fils, sa priorité.

Quand son petit bonhomme a eu un an, la jeune maman a subi un accident vasculaire cérébral. «Je me suis réveillée paralysée d’un côté», relate-t-elle.

Elle n’a séjourné qu’une journée à l’hôpital, souhaitant rentrer rapidement à la maison. Elle n’a conservé qu’une séquelle à une main.

Mais une semaine plus tard, Maryka Bourgault, alors au travail, a perdu conscience. À l’hôpital, l’électrocardiogramme a révélé un cœur en très mauvais état.

Dans un hôpital de Québec, les autorités médicales ont tenté une médication pendant six mois sans succès.

Entretemps, la jeune femme a aussi subi une cirrhose du foie, de sorte que certains suggéraient une greffe cœur-foie et d’autres une greffe du cœur seulement.

Maryka Bourgault a subi une transplantation du cœur seulement, son foie est revenu fonctionnel.

Un appel tant attendu

Son nouveau cœur, Maryka l’a attendu pendant un an et demi. À la fin, c’était une course contre la montre. «Il me restait environ un mois à vivre, souligne-t-elle. Je demeurais à la maison avec mon fils de 3 ans. Mon cas était prioritaire. Quand j’ai été classée 4, le téléphone a sonné deux semaines plus tard.»

Ce soir-là, la jeune femme s’apprêtait à prendre un repas au restaurant avec son conjoint quand l’appel tant attendu est arrivé.

«Un jeune garçon de 14 ans avait huit organes à donner. Comme le cœur est greffé en dernier, j’avais amplement le temps de me rendre à l’hôpital», note-t-elle.

Arrivée au centre hospitalier à 20 h, elle a subi sa greffe le lendemain à 7 h. L’hospitalisation a duré cinq jours, un séjour au cours duquel elle a pu visiter son fils à la maison des greffés.

Un mois après l’intervention, Maryka avait retrouvé pratiquement toutes ses capacités. «Je me fatiguais peut-être plus vite, mais c’était le jour et la nuit. Je n’avais jamais été comme ça de ma vie», souligne-t-elle.

Passer si près de la mort fait voir la vie autrement. «Cela change la philosophie de vie. Après une greffe, on ressent une urgence de vivre», dit-elle.

Aujourd’hui, tout se passe super bien pour elle. «Aujourd’hui, près de 10 ans plus tard, mon fils a 12 ans, et grâce à un ange, il a toujours sa maman, peut-on lire dans son message sur le site de sa fondation. Il a, lui aussi, la même maladie que sa maman, et un jour, lui aussi passera par la greffe de cœur.»

La fondation

Maryka Bourgault a pu constater, à travers son expérience, que certaines personnes étaient dépourvues, sans assurances, obligées de vendre leurs biens pour faire face à la situation.

«J’ai été chanceuse, pour ma part, je participais à une assurance collective. Mais certains doivent repartir à zéro. Ça n’a aucun sens», observe-t-elle.

D’où l’idée de créer la Fondation de cœur en cœur. «Mon amie de longue date Franchesca Kirouac m’a incitée à aller de l’avant avec le projet. Elle m’a aidée. Quand j’embarque dans un projet, je le fais à fond», affirme Maryka qui souligne, au passage, l’ouverture de son employeur qui lui facilite la tâche pour les besoins de la fondation.

Le nouvel organisme, incorporé depuis le 24 octobre, tiendra d’ailleurs une toute première activité, un souper-conférence,  le samedi 18 novembre dès 17 h, à la salle du Pavillon général Maurice-Baril à Saint-Albert.

Un greffé du cœur, Sylvain Bédard, prononcera une conférence intitulée «Prendre la vie à cœur, le cœur en altitude».

Les profits amassés viendront notamment en aide à la Victoriavilloise Karine Lacharité, originaire de Saint-Albert, et qui, à 34 ans, devra subir une greffe cardiaque.

La Fondation de cœur en cœur entend prioriser les personnes d’ici. «Mais on ne se limite pas à la région. On peut aussi aider des gens dans le besoin de tout le Québec», indique Maryka Bourgault.

Elle explique, par ailleurs, que la Fondation gère les sommes amassées. «On ne remet pas directement un montant d’argent aux personnes, mais on les soutient en défrayant certains coûts, comme les médicaments, le transport, l’hébergement ou encore le soutien psychologique pour certains», note-t-elle.

Maryka Bourgault souhaite faire de la Fondation de cœur en cœur un organisme reconnu dans le milieu. «Pour 2018, nous désirons nous associer avec des personnalités connues pour assurer une visibilité, pour nous faire connaître. On pense aussi organiser possiblement quatre activités de financement», dit-elle, en conclusion.

Pour soutenir la Fondation de cœur en cœur, des dons en ligne peuvent être effectués au www.coeurencoeur.org. Il est possible aussi de soutenir une personne en particulier.