À qui profitent les baisses d’impôt?
Aux économistes qui la réclament, aux riches, aux banques, aux paradis fiscaux, mais très peu, voire même pas du tout, à l’économie locale.
C’est simple, au Québec, plus de 40% de la population ne paie pas d’impôt parce que leur salaire est trop bas. Donc, une baisse ne les aidera pas. Rappelons aussi qu’au salaire minimum vous ne dépasserez pas le seuil de pauvreté, même à 40 heures par semaine. Alors, dire qu’une baisse d’impôt va relancer l’économie est un mensonge.
À preuve, toutes les baisses d’impôt consenties par le gouvernement au cours des quinze dernières années ne l’ont jamais vraiment relancée, parce que les très riches à qui cela profite vraiment déposent leur surplus dans des abris fiscaux. Ce ne serait pas le cas pour les personnes qui gagnent moins, au contraire. Avec un surplus, les plus bas salariés-es de la société vont pouvoir aller au restaurant, au cinéma, améliorer ou augmenter leur épicerie.
Ces dépenses iraient directement dans l’économie québécoise et locale en plus. Comment donner un peu plus d’argent aux bas salariés-es alors?? Réponse… augmenter leur salaire en haut du seuil de la pauvreté serait un minimum, l’augmenter au-delà de cette limite serait encore mieux. Rappelons ici que même Henri Ford avait compris cette réalité au début des années 1900. Rappelons aussi qu’après la Première Guerre mondiale, toute la planète est arrivée au même constat, ce qui mena à la création de l’Organisation internationale du travail (OIT).
En effet, l’OIT fut fondée en 1919, à la suite d’une guerre dévastatrice. Son travail était basé sur le principe qu’il ne saurait y avoir de paix universelle et durable sans un traitement décent des travailleurs. Sommes-nous en paix aujourd’hui? Les gens peuvent-ils vivre décemment partout aujourd’hui? Alors, expliquez-moi, mesdames et messieurs les économistes, en quoi est-ce bien qu’une personne qui travaille au Québec, à temps plein, 40 heures par semaine, pendant 50 semaines, au salaire minimum, en 2017, ne puisse pas dépasser le seuil de la pauvreté!
Et surtout, surtout, expliquez-moi en quoi donner plus d’argent aux très riches aiderait les très pauvres? Ou relancerait l’économie locale? Contrairement à ce qu’avait clamé l’économiste Fortin à Radio Canada, augmenter le salaire n’aura pas l’effet d’une bombe nucléaire et ça, même le patronat l’a démenti. Bref, pour répondre au texte d’Éric Desrosiers publié dans le Devoir du 3 novembre dernier, non, il ne faut pas baisser les impôts et priver l’État de revenus qu’il pourrait utiliser en éducation et en santé. Il faut donner de l’air aux travailleuses et aux travailleurs qui en ont grandement besoin, il faut augmenter le salaire minimum à un niveau décent.
Paul Lavergne