Des familles réclament une enquête sur la police après la mort de neuf Autochtones

OTTAWA — Un groupe de femmes noires et autochtones ont déclaré qu’elles souhaitaient une enquête publique nationale sur une récente vague de décès impliquant la police, après que neuf Autochtones ont été tués lors d’interactions avec les forces de l’ordre en août et en septembre.

Une vingtaine de personnes se sont rassemblées sur la colline du Parlement mardi, dont les familles de huit personnes décédées.

Les familles affirment qu’il est difficile d’obtenir des comptes et de la justice pour la mort de leurs proches, et que des mesures concrètes doivent être prises pour lutter contre la brutalité policière et offrir du soutien ainsi que des ressources aux personnes touchées.

Laura Holland, une femme Wet’suwet’en et la mère de Jared Lowndes, a déclaré que les meurtres impliquant la police constituent un état d’urgence pour les peuples autochtones.

«Nous sommes tués dans les rues, dans nos maisons, partout, et personne ne dit rien», a-t-elle déclaré, ajoutant qu’il était «impossible» d’obtenir justice pour la mort de son fils en 2021. «Lorsque la police tue un membre de votre famille, elle tue toute votre famille.»

Jared Lowndes a été abattu par des policiers de la Gendarmerie royale du Canada en 2021. L’organisme de surveillance de la police de la Colombie-Britannique a recommandé à la Couronne d’envisager de porter des accusations contre les policiers impliqués dans son meurtre, mais le service des poursuites de la province a décidé de ne pas les inculper en avril dernier.

Le ministre des Relations Couronne-Autochtones avait auparavant qualifié de troublante la série de décès et avait indiqué qu’il encourageait les services de police à assurer la responsabilisation et à renforcer la confiance.

«Nous devons travailler ensemble avec les partenaires autochtones. Nous avons la responsabilité de faire avancer les solutions dirigées par les Autochtones qui répondent aux besoins des communautés et qui assurent leur sécurité», a-t-il écrit dans un communiqué sur les réseaux sociaux.

Mardi, un porte-parole du bureau de Gary Anandasangaree a confirmé que le ministère soutiendrait les souhaits et les besoins des communautés pour résoudre le problème.

Un appel similaire pour une enquête policière a été lancé la semaine dernière lors de la réunion de l’Assemblée des Premières Nations, à Calgary.

Lors de cette réunion, le chef de la tribu des Blood, Roy Fox, s’est exprimé au nom du membre Jon Wells et de sa famille, après qu’il ait été tué par la police, et a demandé une enquête publique sur sa mort.

«Nous n’avons reçu aucun soutien ni aucun signe d’empathie de la part du gouvernement provincial ni du gouvernement fédéral», a révélé M. Fox aux personnes réunies.

Les députés ont également tenu un débat d’urgence le mois dernier sur ces décès, la députée néo-démocrate Lori Idlout les qualifiant de «tendance inquiétante».

Dans une lettre adressée au président de la Chambre des communes, Greg Fergus, demandant la tenue d’un débat, Mme Idlout a fustigé ce qu’elle a appelé le manque de couverture médiatique de la question et l’inaction du gouvernement à adopter une loi sur la police et les Premières Nations.

«En tant que parlementaires, il nous incombe de faire preuve de leadership et d’assumer la responsabilité de tenir nos institutions responsables. Les Canadiens de tout le pays doivent savoir que leur Parlement s’attaque à la violence institutionnelle dans leurs communautés comme une priorité critique et immédiate», a-t-elle écrit.

«Il y a un intérêt clair et urgent pour que le Parlement débatte de cette tendance inquiétante, afin que les parlementaires puissent discuter des mesures immédiates qui peuvent être prises pour sauver des vies autochtones, dès aujourd’hui.»

Cindy Woodhouse Nepinak, cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations, a souligné que ces décès démontrent des problèmes systémiques à travers le pays. Elle a exigé que la police rende des comptes en menant des enquêtes indépendantes sur chacun des décès.

«À maintes reprises, nous avons été témoins des conséquences de l’échec des forces de l’ordre à utiliser des techniques de désescalade et des pratiques culturellement informées», a-t-elle dit dans un communiqué le mois dernier. «Nous continuerons à demander des mesures pour remédier à ces échecs et à exiger une transparence totale dans les cas où des vies ont été inutilement perdues.»

Les familles réunies à Ottawa mardi ont déclaré que toute enquête potentielle doit être menée par les Autochtones et inclure des données nationales. Elles ont également pointé qu’aucun ministre fédéral ou parti d’opposition n’a accepté de les rencontrer pour discuter de la question.

«C’est également une invitation pour le gouvernement fédéral à tenir compte publiquement des statistiques qui sont souvent occultées», a déclaré Meenakshi Mannoe, organisatrice communautaire du réseau Defund 604.

«Comme l’a mentionné Laura Holland, cette violence contre les Noirs et les Autochtones est en fait assez fondamentale pour le Canada et fait partie intégrante de la façon dont cet État existe. L’État existe parce que les Autochtones sont constamment menacés de mort par la police.»