L’homme qui revient de loin

L’ex-maire de Warwick, Pascal Lambert, revient de loin. Il a côtoyé la mort de près à la suite d’un traumatisme crânien sévère survenu lors d’une violente chute inexpliquée à l’aréna Jean-Charles-Perreault, dont il était le directeur. Un employé l’a trouvé gisant au sol le matin du 30 avril 2023. On a longtemps craint pour sa vie. Le directeur général de la Ville, Matthieu Levasseur, avait toutefois souligné que Pascal était un battant, qu’il faisait face à toute une bataille, mais qu’il allait passer au travers. Il avait raison. Les progrès réalisés par Pascal Lambert le démontrent. Rencontre avec celui qu’on peut presque qualifier de miraculé.

Attablé au petit restaurant de l’épicerie santé La Manne du centre-ville de Victoriaville, l’ex-élu a accepté de se confier au www.lanouvelle.net.  Il n’a aucun souvenir de ce qui s’est passé à la fin d’avril 2023. Tout ce dont il se souvient, c’est qu’il allait faire une commission pour une équipe de hockey qui célébrait au club Aramis. « Je me suis réveillé à l’hôpital avec un genre de casque de hockey sur la tête », dit-il.

Le Warwickois d’origine a été dans le coma pendant un bon moment au Centre hospitalier affilié universitaire régional (CHAUR) de Trois-Rivières. Il a subi des interventions au cerveau dans le but de diminuer la pression sanguine. Le personnel médical a qualifié son état de critique pendant un certain temps.

Puis, Pascal Lambert s’est réveillé. Mais un long parcours l’attendait.

L’ex-maire a séjourné pendant huit mois à Trois-Rivières. Il a pu alors compter sur le support de ses proches qui l’ont visité. Des visites qui lui procuraient le plus grand bien. « Ça aide, je te le confirme. Et je reconnaissais les gens, ma mémoire est bonne », affirme-t-il.

Après huit mois passés en sol trifluvien, l’homme de 54 ans se rapproche de son milieu. On autorise son transfert et il intègre, en janvier, le Pavillon Bujold-Lefebvre du centre-ville de Victoriaville, une ressource intermédiaire publique pour personnes en perte d’autonomie physique.

À ce moment, Pascal Lambert ne parle presque plus. « Je ne parvenais qu’à dire des mots comme yes no, go pis toaster », image-t-il.

Aujourd’hui, il s’exprime aisément sans aucune difficulté.

Des spécialistes du centre de réadaptation Interval le suivent depuis son arrivée à Victoriaville. « Au départ, je voyais six intervenants de différents domaines en psychologie, mise en forme, physiothérapie et orthothérapie, notamment. Aujourd’hui, j’en consulte deux », précise-t-il.

Depuis le mois de juin, Pascal peut sortir comme bon lui semble du Pavillon sans accompagnement. « C’est bien plaisant de retrouver une autonomie », souligne-t-il.

Impressionnante récupération

Le travail et les efforts déployés par le quinquagénaire, avec le support des intervenants, ont porté fruit.

Pascal Lambert constate l’étonnement des nombreuses personnes qu’il rencontre. Des gens agréablement surpris de le voir sur pied et courir.

Parce que, oui, celui qui cumule neuf marathons, à ce jour, a repris la marche, la course et le vélo. « Je cours deux à trois fois par semaine en plus de faire du vélo aussi de deux à trois fois. Je vais commencer bientôt à aller à la piscine », indique l’homme bien conscient de sa condition. « C’est différent maintenant pour moi. Avant j’étais dans la performance. Maintenant il me faut reprendre du début. »

Pascal Lambert a pris part à Bonjour Printemps à Victoriaville et à l’événement Trail Pro-forma au mont Gleason de Tingwick à la fin du mois de septembre. Il revient ainsi à ses premières amours, si on peut dire. La course a toujours fait partie de sa vie.

Il prend plaisir à se remémorer ses marathons, dont sa participation au mythique marathon de Boston. N’y participe pas qui veut. Il faut se qualifier. « Il faut avoir un temps », note-t-il. L’événement demeurera gravé dans sa mémoire.

Pascal apprécie tellement la course qu’un 10e marathon figure parmi ses objectifs. Mais il ne se fixe aucun échéancier. « Ça prendra le temps qu’il faut », confie-t-il, réaliste.

Retour à la maison

Pascal Lambert est un gars natif de Warwick. Il a grandi dans le rang des Érables. « Mon cœur est à Warwick », exprime-t-il.

Il retournera dans son patelin à la fin de mois. Qu’est-ce que ça lui fait de rentrer à la maison? « Ça me rend émotif de retourner chez nous, répond-il. J’ai hâte de déménager dans un lieu beau, propre. Tout a été rénové. »

Homme actif, Pascal Lambert n’est pas du genre à ne rien faire. « Dans la vie, il faut que ça bouge », lance-t-il.

Lui qui effectue un peu de bénévolat au Restaurant populaire, compte bien en faire autant dans sa ville, peut-être au Centre d’entraide Contact, au comité de bienfaisance ou autre. À suivre. « Je veux redonner », assure-t-il.

La politique?

Avant d’accéder à la mairie de Warwick en novembre 2021, Pascal Lambert a siégé pendant 16 ans comme conseiller municipal. « Oui, la politique me manque, fait-il savoir. J’aimerais revenir, mais pas comme maire. J’ai beaucoup donné, mais je n’ai pas tout réalisé ce que je voulais. Il y a encore des choses que j’ai en tête. »

Warwick doit notamment à Pascal Lambert la première politique familiale, la première fête familiale, les fêtes de la Saint-Jean, le bal des joues rouges, la patinoire et l’anneau de glace pour amuser les jeunes à l’extérieur.

C’est aussi ce gars d’équipe, de famille, de sport et de saines habitudes de vie qui a mis sur pied il y a 13 ans l’événement Fort dans la course. Une activité qui lui tient toujours à cœur. « Je souhaite en 2025 relancer Fort dans la course qui n’a pas eu lieu cette année », espère-t-il.

Un message

Quand on lui demande ce qu’il retient des derniers mois et le message qu’il aimerait lancer, le père de famille de quatre enfants n’a aucune hésitation. Il fait l’éloge de la forme physique, de l’importance de la mise en forme.

Son impressionnante récupération, il l’attribue à sa forme physique. « Ça a été plus rapide pour moi parce que j’étais un gars en forme. La mise en forme, c’est le secret de ma réussite, de ma récupération. »

Il y a autre chose aussi : la détermination. « Je n’abandonne pas. Je ne baisse pas les bras », conclut-il.