Danielle Béliveau : une retraite synonyme de nouveaux horizons et de détente

La Samare restera toujours gravée dans son cœur. Les milliers d’élèves qui sont passés dans les murs de cette institution scolaire ont été sa source de motivation et d’inspiration pendant les 35 ans et quelques mois qu’elle y est demeurée. « C’est ce qui m’a permis de garder mon cœur jeune », dit la nouvelle retraitée de 58 ans.

Diplômée en mathématiques avec une maîtrise en administration scolaire, Danielle Béliveau a passé toute sa carrière à la polyvalente La Samare de Plessisville. Elle n’a jamais œuvré à temps plein dans une autre école. Elle a fait un peu de suppléance dans une école de Montréal à ses débuts et brièvement enseigné les mathématiques au centre de détention de Rivière-des-Prairies.

À La Samare, elle a d’abord enseigné les mathématiques de 1988 à 1996 avant d’accéder au poste de directrice adjointe. En janvier 2000, elle était promue à la direction générale de l’institution scolaire jusqu’à sa retraite en avril dernier.

La native de Montréal affirme avoir suscité la curiosité à son arrivée à l’école secondaire. « Je n’étais pas la fille d’ici alors que tout le monde venait de Plessisville à cette époque. J’arrivais de Montréal et je faisais les choses un peu différentes des autres enseignants et enseignantes. En pleine année scolaire par exemple, je pouvais faire des tirages pour amener des élèves voir le Canadien de Montréal ou aller à La Ronde afin de leur faire plaisir. Mais, certains parents hésitaient à me confier leur enfant parce qu’ils avaient peur de moi, l’étrangère. J’avoue que ce fut une période d’adaptation un peu particulière », a raconté celle qui, aujourd’hui, est reconnue pour avoir La Samare tatouée sur le cœur.

En août dernier, elle a raté, pour la première fois, la rentrée scolaire. « Je vis certains épisodes nostalgiques, surtout quand je pense aux élèves. Ils vont me manquer, mais je demeure très sereine avec ma décision. Passer un mois d’août tranquille à la maison, je n’avais jamais connu ça. Je ne regrette rien d’autant plus que je sais que l’école est entre bonnes mains avec Marquis (Bradette) », exprime-t-elle.

Des réussites

Quand elle parle de ses plus grandes réussites comme directrice à La Samare, la première chose qui lui vient en tête est la réputation de l’école. « Je pense que c’est d’en avoir fait une école respectée. La Samare est aujourd’hui capable de compétitionner avec n’importe quelle école publique ou privée. On le voit dans nos résultats scolaires. Nous avons toujours su maintenir une super bonne cote dans le palmarès des écoles et nous avons aussi de très bons résultats au niveau de la diplomation. »

« Jamais, nous n’aurions osé croire il y a 15 ans que des élèves de Victoriaville fréquenteraient aujourd’hui notre institution scolaire à Plessisville. Il est évident que la mise sur pied de notre programme de hockey est une belle réussite, mais notre réputation y est aussi pour quelque chose. Je suis également fière quand je vois que des parents de Saint-Ferdinand sont prêts à payer jusqu’à 1500 $ en frais de transport pour que leurs enfants viennent étudier à Plessisville. »

Mme Béliveau mentionne également qu’elle est très contente quand d’anciens élèves de La Samare reviennent frapper à la porte pour venir y enseigner. « Si les jeunes veulent retourner en enseignement dans leur école, c’est un signe que leur expérience y a été profitable. »

La mise en place du Programme d’ouverture sur le monde (POM), qui permet aux élèves de poursuivre leur apprentissage scolaire avec l’aide d’un portable, a été une autre belle réussite selon l’ex-directrice. « Nous avons également mis différentes choses en place pour faire en sorte que les jeunes sentent que leur école leur appartient. La collation des grades à l’américaine avec le lancer du mortier à l’extérieur pour les finissants aura été une excellente initiative. Il y a plus de 700 personnes qui assistent à cet événement qui souligne la fin de leur passage au secondaire. »

Pour Mme Béliveau, tous ont contribué à faire de La Samare une grande famille. « L’élève a toujours été au centre de nos préoccupations. Nos professeurs se sont toujours impliqués, y compris le personnel. Même nos concierges ont dirigé des équipes sportives. »

La collecte de sang La Samare et sa réputation à l’échelle provinciale, les voyages humanitaires, les échanges étudiants avec Éducation internationale (La Samare était celle qui accueillait le plus de jeunes par année), les bourses du millénaire et ses nombreux récipiendaires, la robotique avec ses participations au Championnat du monde aux États-Unis, la qualité des spectacles de ses troupes étudiantes (LUNIK, Ensemble, la Relève) figurent aussi dans son palmarès des belles réussites grâce à cette implication bien sentie de toute l’école et de la communauté.

« Ce que j’aime de La Samare, c’est qu’elle est au centre de la communauté. Quand nous avions fait les essais Chrysler pour amasser des fonds, il n’y avait aucune autre école qui avait réussi à aller chercher le maximum d’argent. Nous avions réussi parce que la communauté était présente pour nous supporter. En retour, quand la communauté a besoin de nos infrastructures ou de matériel, nous sommes là. C’est du donnant-donnant. »

Mme Béliveau croit fermement que le sentiment d’appartenance est très fort à La Samare. « Jamais, on n’y voit de graffitis par exemple ou de bris. Les gens sont fiers et respectent leur institution. J’espère que ce sentiment d’appartenance qu’on y retrouve va se poursuivre après mon départ. »

Des événements hors contrôle

Certains événements hors de son contrôle se sont également produits pendant son mandat à la direction générale. Il va de soi que la pandémie a été un gros défi à gérer. « J’étais en Jamaïque avec un groupe d’élèves quand elle a été déclarée. Nous avions eu peine à rentrer au pays », se souvient-elle.

« Comme école, nous avons cependant eu un très bon soutien de la part de la commission scolaire pour traverser ce qui était bien plus qu’un mauvais rêve. Déjà avec notre programme POM (programme d’ouverture sur le monde), nous étions avantagés puisque presque la moitié de nos élèves possédaient déjà leur propre portable et étaient déjà familiers avec son utilisation pour poursuivre leur enseignement à distance. Puis quand l’école a rouvert, il y a eu toute la gestion des masques. S’en était rendu qu’on ne se parlait presque plus mis à part de se dire ces trois mots : mets ton masque. Ce fut deux années difficiles pour tout le monde. »

En début d’année 2012, un événement est également venu secouer le petit monde de La Samare. Une élève de secondaire 4 est en effet décédée pendant son cours d’éducation physique alors qu’elle faisait du ski de fond avec les élèves de sa classe. « Avec son professeur d’éducation physique, nous avons bien tenté de lui porter secours. J’avais moi-même pratiqué la respiration artificielle sur la jeune fille qui était en arrêt cardio-respiratoire, mais elle n’avait plus de réaction. Ce fut une annonce très difficile à faire à la mère », laisse entendre Mme Béliveau.

Sa plus grande déception

L’ex-directrice fait savoir que sa plus grande déception concerne le refus du gouvernement du Québec, en juillet dernier, de donner suite au projet de construction d’un complexe multisport à la polyvalente La Samare. « Nous (tous les intervenants du milieu) avions tellement travaillé fort dans ce dossier. C’est à n’y rien comprendre. Voilà une décision tellement illogique pour une école comme la nôtre qui privilégie l’éducation physique. Quand j’y pense, ça me met tout simplement en colère », de dire celle qui ne désire pas élaborer davantage dans ce dossier.

Des conseils pour son successeur

Pour Mme Béliveau, il ne fait pas de doute que son successeur à la direction de la polyvalente La Samare, Marquis Bradette, fera un excellent directeur pour l’école. « Il a déjà prouvé sa valeur. Il débarque chez nous avec plein d’expérience et je suis persuadée qu’il saura amener sa couleur à l’école. Je ne peux que lui souhaiter bonne chance et de vivre l’expérience La Samare, une école où les élèves ont su développer, au fil des ans, un fort sentiment d’appartenance. »

Vivre pleinement sa retraite

Danielle Béliveau et son conjoint Stéphan Drolet, qui pour sa part est toujours directeur des écoles primaires VIVALO, ont eu trois enfants, dont Julien qui terminera son cours de médecine en juillet 2025, Léa qui entame sa dernière d’études en pharmacie à Montréal et Jade qui est professeur d’éducation physique dans la région de Québec.

Julien est d’ailleurs devenu papa pour la première fois en février dernier. « Je pense que cet événement m’a comme poussé à prendre ma retraite parce que je voulais assumer pleinement mon rôle de grand-mère et être présente pour les membres de ma famille. Lui et sa conjointe (et le bébé), qui demeurent présentement à Québec, viendront s’établir dans notre région l’année prochaine. J’ai déjà très hâte. »

La retraite lui offre aussi beaucoup de liberté. « Je peux aller faire du vélo quand je veux. Je peux aussi aller passer une journée avec mon père à Montréal et filer le lendemain vers Québec pour m’occuper du bébé. Je suis aussi allée à Buffalo tout dernièrement pour y voir un match des Bills avec mon frère et mon fils Julien et d’autres amis. Ça, c’est mon trip de faire des activités du genre. J’aime faire de la route et je m’amuse beaucoup. »

Partys d’adieu

Mme Béliveau souligne qu’elle a eu de beaux partys de retraite depuis qu’elle a quitté la direction de l’école en avril dernier. « Les élèves du groupe de Jamaïque m’ont organisé une petite fête durant notre récent voyage. Il y a aussi La Samare qui m’a offert un beau chèque-cadeau qui me servira à faire un safari en Afrique en mars prochain, avec ma fille Léa. C’est un rêve pour moi d’aller faire ce safari. »

L’ex-directrice ajoute que sa « gang de hockey » (Les Pionniers) lui a aussi rendu hommage lors d’un tournoi de balle qu’ils ont organisé en juillet pour récolter des fonds pour le programme hockey. « Ils m’avaient invité à venir lancer la première balle pour l’ouverture officielle, mais cette invitation était plutôt un prétexte pour s’assurer que je sois sur place. Ils avaient invité plein de monde que je connaissais. Ils ont placé mon chandail des Pionniers avec le numéro 13 et mon nom Béliveau dans un cadre qu’ils vont accrocher à l’école. Ce fut un très beau moment de reconnaissance. »

Enfin, si on lui donnait l’occasion de retourner travailler une journée, que ferait-elle ? « C’est certain que je retournerais faire mon tour au centre de détention de Rivière-des-Prairies. J’avais adoré l’expérience d’enseigner les maths à des détenus », de conclure Mme Béliveau.