L’application «Ma place ICI» n’est plus
L’application «Ma place ICI», lancée en avril 2023 en vue d’aider les nouveaux travailleurs à s’intégrer dans la communauté, n’a pas connu le succès espéré. Les employeurs du Centre-du-Québec ne se sont pas approprié l’outil, forçant l’abandon du projet.
Sa mise sur pied était pilotée par l’Association régionale de développement économique du Centre-du-Québec (ARDECQ) et son Escouade main-d’œuvre. Les cinq MRC de la région et leur entité de développement économique respective y avaient collaboré.
De son côté, le gouvernement du-Québec avait consenti une aide de 781 200 $ au projet, y voyant «un exemple concret de projets qui mobilisent les communautés», tel que l’avait souligné le député Sébastien Schneeberger lors du lancement de l’application, en avril 2023.
L’idée était d’améliorer la rétention des nouveaux arrivants en répertoriant toutes les activités de loisirs, les attraits et les services, telles les écoles, les garderies, les piscines et les bibliothèques, accessibles près de chez eux. L’application visait à devenir «l’armature de l’après 17 h pour les immigrants de la région», avait expliqué le président de l’ARDECQ, Frédérik Boisvert, pour qui une immigration réussie passe par plusieurs facteurs, notamment ce qui se déroule après le travail.
L’application devait également proposer des rabais chez les commerçants locaux pour aider les nouveaux arrivants à développer des habitudes d’achat local.
Les employeurs du Centre-du-Québec étaient invités à offrir l’application en cadeau à leurs nouveaux employés. Chaque inscription leur coûtait 28 $. L’ARDECQ souhaitait l’inscription de plus de 3000 travailleurs répartis dans quelque 300 entreprises à travers le Centre-du-Québec en 24 mois.
«Dans les premiers mois [suivant le lancement], on voyait que les entreprises n’embarquaient pas. Il y avait quelque chose qui accrochait dans le projet. On a donc tenté de comprendre ce qui ne fonctionnait pas», mentionne la directrice générale de l’ARDECQ, Stéphanie Bédard.
Selon elle, quelques aspects sont ressortis de la démarche. «Principalement, les entreprises ne voyaient pas nécessairement le bénéfice qu’elles pouvaient en retirer. Elles nous disaient que même si on aidait le nouveau travailleur à s’intégrer dans la communauté, rien ne garantissait qu’il ne quitterait pas son emploi pour aller travailler dans l’entreprise voisine. Elles avaient aussi du mal à se figurer quelle case cocher dans leur budget pour cet investissement», nomme Mme Bédard.
Devant ces constats, une réflexion stratégique a alors été menée avec les différents partenaires. Fallait-il trouver une autre façon d’amener le projet ou y mettre un terme? C’est cette deuxième option qui a été retenue en raison des contraintes du programme par lequel le projet était financé, indique Mme Bédard : « Ces contraintes nous limitaient dans les actions qu’on pouvait entreprendre», dit-elle.
Cela dit, le travail réalisé en lien avec ce projet n’est pas tout perdu, assure la directrice générale de l’ARDECQ. «L’application en soi pourrait difficilement être réutilisée, mais son contenu oui. Par exemple, nous avons réalisé une cartographie des services et organismes qui touchent les nouveaux arrivants dans chaque municipalité du Centre-du-Québec. En tout, 727 fiches permettant de trouver facilement le bon service s’adressant à tout nouvel arrivant dans la région (éducation, loisirs, organismes communautaires, services municipaux) ont été répertoriées. Ces informations fort pertinentes peuvent être récupérées et encore être utilisées dans le futur.»
Stéphanie Bédard souligne aussi qu’environ 450 000 $ de la subvention obtenue n’ont pas été utilisés, et que cet argent pourrait servir à d’autres projets régionaux alignés avec les priorités régionales de la Table des MRC du Centre-du-Québec.
Elle termine en indiquant que les fonds utilisés ont servi au développement de l’application et à la gestion du projet par différents intervenants. «À l’ARDECQ, une demi-ressource a travaillé sur le projet pendant un an et demi. Aussi, chacun des quatre Carrefour jeunesse-emploi du Centre-du-Québec a pu compter sur une demi-ressource dans le cadre du projet. Ces ressources ont aidé de nouveaux arrivants à s’intégrer et ont organisé des activités dans la région. En un an, ce sont 73 activités qui ont été proposées par les agents Ma place ici des CJE, comme des activités thématiques à l’Halloween, l’organisation de visites guidées dans des attraits de la région et autres.»