Matthieu Hébert gravira le Kilimandjaro

En hommage à sa maman Line Gagnon décédée de la maladie de Parkinson, Matthieu Hébert partira, au début de 2025, à la conquête du mont Kilimandjaro en Tanzanie, un pays de l’Afrique de l’Est.

Résident de ­Saint-Valère, ­Matthieu ­Hébert a vu sa mère mourir à l’âge de 60 ans le 27 novembre 2023 d’une forme sévère de la maladie de ­Parkinson, la paralysie supranucléaire progressive. Pour lui rendre hommage, ­Matthieu, un homme actif qui, ­dit-il, a toujours eu cette envie de plein air, de montagne et de volcan, a décidé de relever le défi de l’ascension du mont ­Kilimandjaro. ­Au-delà du simple exploit physique, ce défi symbolise la détermination, le courage et l’espoir face à une maladie destructrice. Fils de ­Louis ­Hébert, qui a été maire de ­Saint-Valère pendant plusieurs années, ­Matthieu souhaite aussi sensibiliser la population sur la maladie de ­Parkinson et ses impacts bien souvent méconnus sur les patients et leurs proches.

Le jeune homme veut également attirer l’attention sur l’organisme ­Parkinson ­Centre-du-­Québec-Mauricie présent à ­Victoriaville, tout comme à ­Drummondville et à ­Trois-Rivières. «  L’organisme a été un pilier de soutien inestimable pour ma mère et pour toute notre famille. Son aide précieuse et son accompagnement nous ont permis de traverser cette épreuve avec un peu plus de sérénité et de force  », ­note-t-il. Matthieu ­Hébert amasse, par ailleurs, de l’argent au profit de l’organisme. Il vise un montant de 15 000 $. Déjà, au moment de l’entrevue, les affaires allaient bon train. «  ­Je m’en rapproche, ­confie-t-il. Le projet a commencé à prendre forme à la ­mi-juillet. J’ai commencé la distribution des feuillets. En étant sur une ferme, je fais affaire avec de nombreux fournisseurs. Je les ai tous appelés. On les connaît depuis une vingtaine d’années. Ça les touche. Ça leur fait plaisir de contribuer  », mentionne le propriétaire de la ferme ­Valayre située sur le 12e rang.

Les intéressés à soutenir ­Matthieu dans son périple peuvent effectuer un don en ligne à l’adresse https://avoscotes,ca/dons en spécifiant ­Projet ­Parkinson ­Kilimandjaro. Un don en espèce, en chèque, par interac ou virement bancaire peut se faire à l’ordre du ­Projet ­Parkinson ­Kilimandjaro et être expédié au 1372, route 161, ­Saint-Valère, ­Québec, ­G0P 1M0. Il est aussi possible d’écrire à ­Matthieu par courriel à l’adresse matthieu.hebert@hotmail.com ou de le contacter au numéro 819 350‑6486.

L’expédition

Matthieu ­Hébert s’envolera vers la ­Tanzanie le 30 décembre et entamera, dès le 2 janvier, l’ascension de cette montagne de 5895 m. Et comme le hasard fait parfois bien les choses, l’itinéraire montre qu’il devrait atteindre le sommet le 7 janvier, date de l’anniversaire de sa mère. Matthieu a fait affaire avec ­Passion aventure de ­Trois-Rivières. «  ­Sur place, nous aurons un guide et des porteurs. Tous les jours, ­signale-t-il, nous marcherons entre quatre et sept heures, sauf le jour où nous parviendrons au sommet et qui exigera de 10 à 13 heures de marche. Nous partions à minuit le soir pour parvenir au sommet au lever du soleil. Nous y resterons pas plus d’une heure après quoi nous redescendrons.  »

L’agriculteur de ­Saint-Valère se prépare comme il se doit à son défi. Au moins deux gros entraînements par mois. «  ­En août, je suis allé marcher 20 km en ­Gaspésie au mont ­Albert. Je m’entraîne aussi à la maison. Je prends mon sac à dos de voyage et j’y mets des poids dedans. On nous dit de nous habituer à avoir un sac à dos toute la journée pour que les épaules s’habituent au poids du sac. En mettant du poids, cela travaille aussi les cuisses  », ­explique-t-il. À la fin de septembre, il parcourra les quelque 25 ou 26 km du ­Sentier des trotteurs. «  ­Il faut faire des sorties en plein air, c’est ce qui fait un bon entraînement, marcher en sentiers où le terrain est inégal  », ­souligne-t-il. Pour l’altitude, un entraîneur de natation lui suggéré de s’entraîner en respirant dans un tuba à demi bouché. Ce qu’il n’avait pas encore osé faire au moment de l’entrevue.

Quand frappe la maladie

Les premiers signes de la maladie sont apparus en 2019. Mais c’est en 2020 que la mère de ­Matthieu a subi ses premières évaluations. «  ­On se demandait si elle était en train de faire une dépression. Elle n’avait plus aucun intérêt pour rien, elle avant des pertes d’équilibre et chutait. Elle ne parlait plus non plus. Pourtant, ma mère était la fille qui parlait le plus au monde. On n’avait pas le temps pratiquement de glisser un mot  », raconte ­Matthieu. On consulte d’abord le médecin de famille. On exclut finalement la dépression. Puis, il y a la consultation auprès d’un neurologue à ­Trois-Rivières. «  ­Il y a eu plusieurs ­rendez-vous. Tout s’est échelonné sur environ un an avant que ne tombe, en 2021, le diagnostic précis  », se souvent le fils. Une personne malade nécessite l’apport de plusieurs proches aidants. «  ­Ma mère est demeurée à la maison jusqu’à la fin. Il fallait se relayer. À la fin, il lui fallait quelqu’un avec elle en tout temps, 24 h sur 24  », souligne ­Matthieu ­Hébert.

Évolution rapide

La maladie de ­Parkinson touche, en 2024, quelque 17 millions de personnes à travers le monde alors qu’on en dénombrait 8,5 millions en 2019. «  C’est la maladie qui présente l’évolution la plus rapide au monde et il s’agit d’une maladie incurable  », observe ­Isabelle ­Nolet, intervenante psychosociale au bureau de ­Victoriaville de ­Parkinson ­Centre-du-­Québec-Mauricie. Au ­Québec, plus de 23 000 personnes ont la maladie qui peut frapper n’importe qui, n’importe quand. «  ­La médication que prenait ma mère, souligne ­Matthieu, ce n’était pas pour guérir, c’était simplement pour essayer de soulager, de contrôler les symptômes. Même à la fin, ma mère avait encore toute sa tête. Mais elle était comme en prison dans son propre corps.  » «  C’est encore plus frustrant pour la personne. Contrairement à l’Alzheimer, le cerveau n’est pas atteint  », indique ­Isabelle ­Nolet. On associe bien souvent la maladie de ­Parkinson aux tremblements. Mais il ne s’agit là qu’un symptôme parmi la vingtaine que peut développer une personne malade. «  C’est ce qui est spécial avec la maladie de ­Parkinson, c’est que c’est différent pour chaque personne. Les statistiques révèlent que 20 % des gens n’ont pas de tremblements. Parmi les symptômes observés, on parle notamment de rigidité, de trouble d’équilibre, de lenteur dans les mouvements. Il y en a certains autres, comme une difficulté à avaler et un changement dans la voix  », précise l’intervenante psychosociale qui tente de rassurer les personnes. «  ­Parfois des gens craignent de se présenter au groupe d’entraide pour ne pas voir ce qu’ils auront l’air plus tard. Je leur fais savoir que c’est tellement différent pour chacun, l’évolution de la maladie, les symptômes. On a des réponses à fournir à leurs questions.  »

Services et accompagnement

À ­Victoriaville, le point de service de ­Parkinson ­Centre-du-­Québec-Mauricie, situé au ­centre-ville au 103, rue ­De ­Bigarré, couvre les territoires des ­MRC d’Arthabaska et de L’Érable. «  ­On offre des services pour les personnes vivant avec la maladie et pour les proches aidants. On organise des groupes d’entraide, des webinaires et on rappelle toujours l’importance des exercices adaptés qui permettent de ralentir la progression de la maladie  », fait savoir l’intervenante ­Isabelle ­Nolet. L’organisme peut compter sur la présence d’un kinésiologue dans chaque région une fois semaine. «  ­Depuis la pandémie, on propose aussi des exercices en virtuel. Les personnes peuvent les suivre quatre fois par semaine. Mais nos autres services sont à la fois en présence et en virtuel pour répondre le plus possible aux besoins des gens  », mentionne ­Mme ­Nolet. «  ­Ma mère aussi avait des exercices à faire, renchérit ­Matthieu. Même si la maladie était plus avancée, c’est important de le faire.  » ­Les médecins spécialistes, gériatres et neurologues, informent les patients de l’existence de l’organisme. «  ­Mais il existe aussi un formulaire de référencement qu’on nous envoie et qui nous autorise à contacter la personne. Les gens, bien souvent, acceptent la rencontre de départ. Un bon nombre adhère rapidement aux activités tandis que d’autres préfèrent attendre. Si on ne les voit pas aux activités, on effectue des relances pour prendre des nouvelles  », précise ­Isabelle ­Nolet qui invite les gens à contacter l’organisme le plus rapidement possible, même si le diagnostic n’a pas encore été établi. «  ­Des gens en attente de diagnostic viennent nous voir quand même. On le dit toujours : nous sommes à vos côtés pour faire face à la maladie. N’attendez pas, même pour les proches aidants. Nous avons pour mission de briser l’isolement, de maintenir et d’améliorer la qualité de vie. Et même s’ils ne sont pas prêts à prendre part aux activités, on a quand même un lien avec eux  », conclut ­Isabelle ­Nolet.

On peut consulter le site ­Web de l’organisme à l’adresse www.avoscotes.ca.