Fromagerie Victoria : une usine de 6 M $ en construction

L’entreprise Fromagerie Victoria, véritable institution dans la région, investit quelque 6 M $ dans la construction d’une usine de transformation alimentaire à Victoriaville.

Le bâtiment d’environ 15 000 pieds carrés s’érigera dans l’Écoparc industriel Daniel-Gaudreau à l’intersection des rues J.-Aurèle-Roux et Samuel Boulanger, une superficie trois fois plus grande que les installations actuelles au centre commercial La Grande Place des Bois-Francs.

La demande justifie cette nouvelle usine actuellement en construction et qui devrait être en exploitation quelque part au mois de mars ou avril 2025. « Présentement, nous sommes vraiment limités dans notre expansion en raison de la grosseur de l’usine que nous avons actuellement à La Grande Place des Bois-Francs. C’est pourquoi on se construit. Il y a de la demande, mais on ne peut y répondre actuellement en raison de nos installations actuelles », explique Vicky Martineau, directrice générale de Baska Cuisine, une compagnie sœur de Fromagerie Victoria.

Baska Cuisine fournit en sauce et en prêts-à-manger les succursales de Fromagerie Victoria. 

Le nom Baska Cuisine remonte à deux ans environ. « On a décidé de trouver un nom à notre cuisine, de lui procurer sa propre identité pour qu’elle puisse effectuer des contrats de sous-traitance et qu’elle développe d’autres marchés, indique la directrice générale. On avait remarqué qu’il y avait notamment des besoins du côté des résidences pour aînés avec la pénurie de main-d’œuvre. »

Ainsi, en plus de répondre aux besoins de la Fromagerie Victoria et de ses succursales, Baska Cuisine a développé ses propres produits et réalise des contrats en sous-traitance. « N’importe qui ayant une idée, une recette et qui voudrait la commercialiser, on est en mesure de la fabriquer pour lui. C’est beaucoup de cette façon que cela fonctionne dans le marché », fait savoir Vicky Martineau.

Actuellement, 90% de la production de Baska Cuisine répond aux besoins de Fromagerie Victoria alors que la sous-traitance et les produits pour les résidences pour aînés représentent 10% des activités.

Quant au fameux fromage, il provient, non pas de Baska, mais bien des usines laitières que possède Fromagerie Victoria à Victoriaville et à Saint-Nicolas en banlieue de Québec, là où l’on produit la plus grande proportion de fromage.

La construction de la nouvelle usine de transformation alimentaire à Victoriaville ne signifie pas pour autant le démantèlement des installations à La Grande Place des Bois-Francs.

« On conservera encore quelques années les installations à La Grande Place, en raison du bail que nous avons, mais elles changeront de vocation, précise Vicky Martineau. Elles seront consacrées davantage aux usines laitières qui ont leurs propres projets d’expansion et de diversification de produits. »

Ce projet de nouvelle usine, les dirigeants le mijotent depuis un bon moment. « On en parle depuis plusieurs années. Ça remonte avant la COVID. On savait qu’il fallait déménager. Mais la montée des taux d’intérêt nous a freinés », mentionne le président de Fromagerie Victoria, Marc-André Gosselin.

« Nous avons apporté des améliorations au local actuel, ce qui nous a amené un peu d’air pour poursuivre, renchérit Vicky Martineau. Mais présentement, nous sommes saturés. Récemment, nous avons accepté nos derniers contrats de sous-traitance. Actuellement la production est saturée. Tous les nouveaux contrats qui s’en viennent seront remis à plus tard. »

La nouvelle usine ne créera pas tant de nouveaux emplois, mais pourra compter sur des équipements de haute technologie. « Ce sera sensiblement le même nombre d’employés, peut-être augmenterons-nous de quelques employés, souligne la directrice générale de Baska Cuisine. Mais on ajoute beaucoup d’équipements plus automatisés et plus performants, ce qu’on ne pouvait faire  dans notre local actuel. On les a déjà en notre possession, mais nous n’avons pas d’espace pour les installer. »

Le choix de l’Écoparc industriel Daniel-Gaudreau s’inscrit dans la vision de l’entreprise et démontre sa sensibilité pour les pratiques environnementales. « On a participé à différents événements dans la région, comme le Sommet sur l’approvisionnement local et l’économie circulaire. On a quand même mis en place plusieurs systèmes pour essayer d’acheter plus local, plus près, pour limiter le kilométrage que font nos ingrédients. On n’a pas de rejets alimentaires non plus. On réussit à tout transformer. L’Écoparc constituait une suite logique à notre vision et aux pratiques qu’on avait déjà », fait valoir Vicky Martineau.

Une entreprise inspirant la fierté

Le maire de Victoriaville et président de la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR), Antoine Tardif, se réjouit d’une pareille nouvelle. « La Fromagerie Victoria étant un emblème de Victoriaville, on ne peut pas être plus fier de la voir poursuivre son expansion chez nous avec une nouvelle usine, exprime-t-il. Non seulement les Victoriavillois peuvent profiter de la qualité de la nourriture et de l’ambiance qu’on retrouve dans les deux succursales, mais maintenant cela fait la fierté de Victoriaville à l’échelle du Québec. De voir aujourd’hui que l’entreprise se porte bien, qu’elle prend de l’ampleur et de l’expansion, il s’agit d’une excellente nouvelle pour Victo. »

Son de cloche similaire pour le directeur général de la CDEVR, Frédérik Boisvert.

« Quand tu penses à Fromagerie Victoria, tu penses à deux choses : fraîcheur et accessibilité. Ce qui est intéressant, c’est que tous les Québécois maintenant ont la chance d’y goûter. C’est une vitrine pour Victoriaville qui rayonne à travers tout le Québec avec Fromagerie Victoria », commente-t-il.

Marc André Gosselin souligne d’ailleurs le travail de la CDEVR qui a été « d’une grande aide » dans ce projet. « J’en suis très satisfait. » 

« Accompagner les entrepreneurs dans leurs projets, de la conception du projet d’entreprise jusqu’à trouver un emplacement dans le parc industriel, c’est notre rôle, notre mission », rappelle Frédérik Boisvert.

Croissance

L’entreprise a le vent dans les voiles et ne cesse d’augmenter le nombre de ses franchises à travers la province.

Tout a commencé en 2016 avec l’ouverture de la toute première franchise, celle de Warwick. Fromagerie Victoria en a annoncé récemment une 26e, cette fois à Nicolet. « Nous visons les 40 franchises d’ici cinq ans. C’est une ambition réaliste. Nous en ouvrons trois ou quatre par année », signale Marc-André Gosselin.

Pour le moment, Fromagerie Victoria concentre ses activités sur le marché québécois qu’elle veut solidifier. Et la raison est fort simple. « C’est que nous assurons la livraison du fromage frais tous les jours dans les franchises. Il nous faut avoir des usines laitières à proximité pour le faire », précise Vicky Martineau.

Certaines régions, comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean, le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie ne sont pas encore desservies par l’entreprise sylvifranche qui n’envisage donc pas, à l’heure actuelle, une expansion vers l’Ontario ou les provinces maritimes, par exemple. « On veut être solide au Québec, d’abord », insiste Marc-André Gosselin.

Avec ses 26 franchises, ses usines laitières et la transformation alimentaire, Fromagerie Victoria emploie entre 800 et 1000 personnes.

Quand on lui demande d’expliquer le succès de l’entreprise, le président Marc-André Gosselin répond sans trop d’hésitation : « Le fromage, c’est la base du succès, d’autant que la poutine, populaire dans toutes les régions, représente le mets des Québécois. C’est quelque chose qui se vend à volume. »

L’homme d’affaires parle aussi d’accessibilité. « Avec nos menus du jour, nos déjeuners, certains vont venir plus d’une fois par semaine, ce qui nous fait une grande base de clientèle. On demeure quand même accessible. Oui, en restauration, les prix augmentent un peu partout, mais on ne fait pas non plus partie des restaurants haut de gamme. On est, en fait, un casse-croûte de luxe. »

Et la région demeure importante pour l’entreprise. Le nom de Victoriaville s’y retrouve, note Marc-André Gosselin. « Et Baska c’est pour Arthabaska », signale Vicky, comme quoi l’entreprise est bien ancrée, enracinée dans le milieu.

Sans compter qu’elle est soucieuse de collaborer avec des entreprises régionales. Avec Perreault Construction de la rue François-Bourgeois, une compagnie, Forma Construction, a été formée. « Cette compagnie réalise, bâtit  tous les projets de Fromagerie Victoria en exclusivité, la cuisine, l’agrandissement à Saint-Nicolas et tous les restaurants aussi », conclut Marc-André Gosselin.

Homme prévoyant, un second terrain a été réservé avec option d’achat à côté de la future usine pour réaliser d’autres projets éventuels.