Sainte-Hélène-de-Chester : un gros projet sème la controverse

À Sainte-Hélène-de-Chester, le projet de construction d’un nouvel hôtel de ville et d’une bibliothèque passe difficilement auprès de la population de 400 habitants. Mardi soir, une cinquantaine de résidents ont assisté à la séance du conseil municipal au cours de laquelle les élus ont présenté l’esquisse du projet et les coûts estimés, les soumissions ayant été ouvertes la veille.

La Municipalité a reçu quatre propositions s’élevant chacune au-delà de trois millions de dollars. La plus basse soumission s’établit à un peu plus de 3,1 M $ et la plus élevée se situant à plus de 3,5 M $.

Les élus n’ont pris aucune décision. « Pour le moment, on ne peut statuer sur le choix de l’entrepreneur puisque des vérifications sur la conformité des soumissions devront être effectuées. Nous avons obtenu des approbations intermédiaires et d’autres restent à venir. Cependant, le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation est en voie de nous donner le OK final », a indiqué le maire Christian Massé.

Cet important projet, a-t-on précisé, doit être principalement financé par des subventions à la hauteur de 90%.  « Au final, on paie environ 10% des coûts », a signalé le conseiller Nicolas Paris Lafrance.

Une fois que le montage financier sera complété, le conseil municipal entend présenter le tout aux citoyens.

« On demeure dans la même direction pour nous diriger vers un emprunt maximal de 600 000 $ », a assuré le maire Massé.

Une nécessité

Le maire Sainte-Hélène-de-Chester a rappelé ce qui motive les élus à aller de l’avant avec un tel projet.

C’est que la Municipalité occupe des espaces appartenant au Sainte-Hélène, auberge et spa nordique. « Il y a urgence de se relocaliser, car nous vivons sur du temps emprunté. Ça fait deux ans qu’on devrait être parti. Notre location se termine à la fin 2024 », a confié le premier magistrat.

Ce dernier invite les citoyens, par ailleurs, à considérer la construction d’un hôtel de ville et d’une bibliothèque municipale « comme un actif à long terme » pour la Municipalité. « Notre rôle est de regarder vers l’avenir », a-t-il dit.

La Municipalité, a poursuivi le maire, a aussi des responsabilités en lien avec les mesures d’urgence. « En ce moment, nos endroits sont limités. Il faut un bâtiment pour gérer le tout », a plaidé Christian Massé.

Le maire a fait valoir l’excellente santé financière de la Municipalité. « Nous faisons une saine et rigoureuse gestion. On ne se lance pas dans ce projet les deux yeux fermés », a-t-il soutenu.

Questions et commentaires

Pendant 75 minutes, les citoyens présents ont posé des questions en plus d’émettre leurs commentaires.

L’ampleur du projet, et non sa pertinence, pose problème. « On n’en a pas les moyens », a soulevé un citoyen.

À cela, le conseiller Julien Fournier a expliqué que d’autres petits villages ont bougé pour se vitaliser en réalisant des projets semblables. « C’est notre vision. Il faut regarder ce qu’il en coûte après les subventions. La bouchée peut s’avaler après les subventions », a-t-il formulé.

Un autre a invité les élus à faire marche arrière, à considérer les besoins des citoyens et à revoir le design pour mener à une réduction du coût global.

Pour réaliser le projet, la Municipalité pigerait 400 000 $ dans un fonds prévu à cette fin. « On savait que l’on devait déménager. C’est un montant qu’on a prévu pour le projet », a indiqué la directrice générale Chantal Baril.

À un citoyen qui lui demandait s’il était prêt à mettre sa tête sur le bûcher advenant que le règlement d’emprunt dépasse les 600 000 $ prévus, le maire Christian Massé a rapidement répondu par l’affirmative. « On ne va pas plus loin. Si tel était le cas, le projet de bibliothèque pourrait être retiré. »

Des résidents ont aussi reproché au conseil municipal de ne pas avoir impliqué les citoyens et les entrepreneurs locaux qui, selon eux, auraient permis des coûts moindres.

Les plans des bâtiments en ont fait sourciller plus d’un. L’esthétisme a été remis en question. « C’est laid », a lancé une citoyenne.

D’autres ont pourfendu la conception, dont le toit cathédrale et les nombreux angles, de quoi augmenter les coûts, estiment-ils.

Des résidents ont fait valeur que la Municipalité pourrait plutôt se servir des locaux disponibles au centre sportif. Ce à quoi le conseiller Julien Fournier a répondu que le conseil a bel et bien analysé cette option. « Mais il y a une contrainte au niveau environnemental. Le centre se situe dans une zone inondable », a-t-il noté.

Pour certains, par ailleurs, le projet de bibliothèque n’a peut-être pas sa raison d’être. Au contraire, a rétorqué le coordonnateur de la bibliothèque, Yvan Ouellette. « La bibliothèque fonctionne très bien. Il y a un engouement. Elle comptait 176 abonnés en 2023. On a enregistré 882 entrées durant l’année et effectué pas moins de 1800 prêts de documents », a-t-il confié.

Pour le conseil municipal, la bibliothèque n’est pas qu’une affaire de livres. « C’est aussi un lieu de rencontres. C’est un élément à considérer en vue de l’arrivée de nouvelles familles. Cela s’inscrit dans la vision du conseil de dynamiser le milieu », a exprimé le maire Christian Massé.

La bibliothèque, a-t-on précisé aussi, est la plus utilisée au prorata de la population de tout le réseau BIBLIO et a même remporté des prix.

Par ailleurs, certains citoyens ont réclamé un référendum sur le vaste projet. Mais, pour ce faire, ils devront plaider sa pertinence devant le ministre, a-t-on expliqué, puisque les subventions financent le projet à plus de 50%.

Dans une lettre lue par sa fille, un résident, pour sa part, a qualifié le projet « d’insensé » et a réclamé la démission du conseil si les élus ne veulent rien entendre.

En fin de séance, le conseiller Julien Fournier a mentionné à l’auditoire que le conseil municipal prenait bonne note des observations exprimées au cours de la soirée.

Dossier à suivre!