Sur la route des Oscars
En février 2022, La Nouvelle Union titrait, pour le premier entretien avec le jeune Victoriavillois Léokim Beaumier-Lépine, « Un début de carrière prometteur ». Le titre s’est avéré très juste puisque moins de deux ans plus tard, il se retrouve sur la route des Oscars.
En effet, le premier film (un court métrage) dans lequel il a joué, intitulé « Invincible » et réalisé par Vincent René-Lortie, figure dans la « courte liste » des 15 finalistes pour les prochains Oscars dans la catégorie « Live Action Short Film ». En entretien téléphonique, il y a quelques jours, Léokim a expliqué qu’il avait accueilli la nouvelle avec étonnement et surtout reconnaissance.
« C’est une petite tape dans le dos qui m’encourage à continuer », a-t-il indiqué avec humilité. En effet, cette nomination lui donne confiance pour la suite, lui qui au départ se posait des questions à savoir s’il était dans la bonne direction.
Invincible
Le jeune homme de 17 ans, qui était en congé pour la période des fêtes, a mentionné qu’il avait beaucoup apprécié cette première expérience cinématographique, lui qui avait déjà à ce moment (lors du tournage en 2022) obtenu quelques rôles dans des séries télévisées.
Il raconte qu’il a bien apprécié les sept jours passés au tournage de ce film de 30 minutes qui s’inspire d’un fait vécu racontant les 48 dernières heures de la vie de Marc-Antoine Bernier (Léokim), un jeune garçon de 14 ans confronté à son besoin criant de liberté. « Vincent m’avait bien expliqué ce sentiment que je peux comprendre », a-t-il indiqué. Ce film, dans lequel on peut apprécier l’excellent jeu d’acteur du jeune homme et par le fait même toute la détresse de son personnage, est d’une grande intensité émotive. Il permet de réaliser que tout peut basculer rapidement et que plusieurs jeunes vivent des situations difficiles pour lesquelles ils ont de la difficulté à trouver des solutions.
Depuis sa sortie, le court métrage a déjà décroché plusieurs prix dont, tout récemment, un Iris au Gala Québec Cinéma ou encore le prix spécial du jury de Clermont-Ferrand et du Festival international du court de Saguenay.
Les nominations finales des prestigieux Oscars seront connues le 23 janvier et la cérémonie, à laquelle on espère bien voir Léokim assister, est prévue le 10 mars. « Ce serait fou de gagner », lance simplement le jeune acteur. Il commence un peu à se préparer à la possibilité de participer à ce grand gala du cinéma américain en commençant par demander, pour la première fois, son passeport afin de voyager vers les États-Unis si nécessaire. « On attend la suite », dit-il avec résilience. Il doit aussi songer que si jamais le film remporte la statuette dans sa catégorie, cela lui donnera une immense visibilité, ce qui, à ce moment-ci, lui fait un peu peur.
Accident
En attendant, Léokim doit se concentrer sur son rétablissement. En effet, à la fin du mois de septembre, il a eu un accident, puisqu’il est tombé du quatrième étage d’un immeuble de Montréal alors qu’il courait sur celui-ci. Une illusion d’optique ou la pénombre a fait en sorte qu’il n’a pas vu le vide entre deux bâtiments. Heureusement pour lui (et on pourrait presque le considérer invincible comme le titre de son film), il s’en est tiré seulement avec une fracture du fémur et deux vertèbres déplacées. « Je suis resté cinq jours à l’hôpital puis j’ai pris deux semaines de congé avant de retourner sur le plateau », a-t-il expliqué. À ce moment, il tournait les épisodes de la série « Le Pacte », qui a dû être réécrite pour s’ajuster à sa blessure. « C’est aussi un apprentissage cette situation. Ça me dit qu’il me faut prendre mon temps », insiste-t-il.
Il doit maintenant faire de la physiothérapie et resculpter les muscles de sa jambe fracturée, ce à quoi il s’attarde actuellement puisque son agenda est assez libre pour les prochaines semaines.
Après plusieurs tournages, dont celui d’un second court métrage, « Un après-midi à se fesser dessus » de Garance Chagnon-Grégoire et de différentes séries, Léokim attend les prochaines auditions auxquelles il participera. Cela déterminera la suite de sa carrière d’acteur. Il profite des jours de congé à Victoriaville pour sa réadaptation bien sûr, mais également pour suivre son cours de conduite et ainsi s’assurer d’une certaine autonomie. « Je n’avais pas eu le temps de faire ça jusqu’à maintenant », mentionne-t-il.
Outre cela, il a mis ses études sur pause pour le moment. « Il ne me manque que le français pour obtenir mon diplôme du secondaire », fait-il savoir. Mais il a bien l’intention de retourner sur les bancs d’école, notamment pour suivre son cours de charpentier-menuisier afin de se construire lui-même une maison. Il a également l’intention de passer de l’autre côté de la caméra et réaliser lui-même des courts métrages. Il a d’ailleurs déjà commencé à s’équiper pour cela. Il a plein d’envies et d’intérêts et souhaite en réaliser le plus qu’il pourra.
On peut ainsi voir que malgré tout le succès qu’il connaît actuellement, il garde les pieds bien sur terre et conserve ses amitiés victoriavilloises, qu’il considère comme prioritaires. « Les gens qui étaient là pour moi avant sont les plus importants. J’honore ces relations-là. » Il peut aussi compter sur ses parents (Anne Beaumier et Jean-François Lépine) qui l’accompagnent avec bienveillance dans tout cela.
Et lorsqu’on lui demande, comme c’est la tradition en début d’année, ce qu’on peut lui souhaiter pour 2024, il indique simplement : « de l’inspiration pour créer mes propres projets et de rencontrer le bon monde qui m’accompagnera dans ma quête ».