Grève du Front commun : «Nous figurons parmi les oubliés»

Je vous écris aujourd’hui, car je suis tannée, voire presque écœurée. Je suis éducatrice en service de garde en milieu scolaire (peut-être que par le plus pur des hasards vous avez déjà lu mes deux lettres adressées à madame Lebel), et je suis présentement en grève.

Oui, oui, moi aussi je suis et/ ou, je fais la grève. On ne se connaît pas personnellement, mais je vous regarde les journalistes à travers mon téléviseur chaque jour et je vous lis aussi dans les journaux. Je me tiens informé par vous et je vous en remercie. Mais aujourd’hui, c’est assez! Je veux que vous parliez de NOUS!!! Nous les éducatrices et éducateurs….nous les concierges…..nous les secrétaires…nous les agents de bureau….et je pourrais tellement nommer d’autres quarts de métier qui tenons le système scolaire et de santé à bout de bras!

C’est nous les grands oubliés, les grands laissés pour compte, ceux dont on ne doit pas dire leur nom…. Déjà que de ne pas être considéré (parce que c’est exactement comme ça qu’on se sent) par madame Lebel, pouvez-vous au moins nous aider à lever le drapeau rouge? Je vais l’écrire ici, et si je pouvais le crier je le ferais, mais aucun système, aucun établissement ne peut fonctionner sans nous….AUCUN!!! 

Ce n’est pas la grève des professeurs et des infirmières…c’est beaucoup plus large et je vous demande de le nommer. Mon salaire est public, vous pouvez vous informer! Alors comment vous sentiriez-vous si vous étiez au maximum de votre échelon salarial, qu’on vous offre des peanuts en augmentation et qu’on informe bien la population que si on vous en offre plus on va devoir augmenter leurs impôts (en passant, moi aussi je paie des impôts) et que, deux jours plus tard, on offre le même salaire que vous à des étudiants en construction??? 

Je l’aime mon travail. Je donne le maximum de moi-même à mes minis humains. Je travaille chez-moi, sans être rémunéré, parce que je veux le meilleur pour chacun de mes cocos…et on ne parle même pas de moi? Svp, aidez-nous à faire une différence… Considérez-nous, comme des égales et rappelez-vous bien, que ça nous blesse…

Au plaisir, de peut-être un jour, entendre, voir ou de lire l’impact de mes quelques mots…

Isabelle Binette