SAQ : les appuis au maire Tardif se multiplient
Trois mois après l’annonce, à Victoriaville, du plan de mise en œuvre de la Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire (PNAAT), l’Ordre des urbanistes du Québec, le Regroupement des Société de développement commercial du Québec et Vivre en Ville appellent le gouvernement à poser un premier geste de cohérence en s’engageant à maintenir les succursales de la SAQ situées dans les centres-villes et sur les rues principales de nos collectivités.
La décision de déménager la SAQ du centre-ville de Victoriaville, décriée par son maire Antoine Tardif, doit être renversée.
« Les menaces de fermetures de SAQ de centre-ville ont été l’un des moteurs de la mobilisation en faveur de l’adoption d’une Politique nationale d’aménagement du territoire, rappelle Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville. Le ministre Girard doit faire preuve de solidarité gouvernementale et rectifier le tir dès aujourd’hui, en s’engageant à conserver la SAQ au centre-ville de Victoriaville. »
Le renforcement des centres-villes est au cœur de la PNAAT, et pour cause. Ils sont un atout fondamental sur tous les aspects de la vitalité et de la résilience des collectivités.
« Le dynamisme d’un centre-ville rejaillit sur l’ensemble de la collectivité. Les synergies dont il est le siège consolident des emplois et favorisent un développement économique ancré localement. Un centre-ville florissant est une carte de visite inégalable, autant pour les touristes que pour des entreprises investisseuses. Renforcer le noyau plutôt que disperser les efforts de développement permet également de réaliser des économies substantielles dans les infrastructures et les services publics », affirme Gena Déziel, présidente du Regroupement des Sociétés de développement commercial du Québec.
Sur le plan environnemental, dans chaque région, de tous les pôles économiques, c’est chaque fois le centre-ville qui présente le bilan carbone en transport le plus faible, en raison d’une meilleure accessibilité par les modes actifs et collectifs et de distances moyennes à parcourir plus courtes. Miser sur la consolidation du centre-ville plutôt que sur l’étalement, c’est aussi la clé pour protéger les milieux naturels et agricoles périurbains.
Un centre-ville dynamique et achalandé favorise les interactions sociales, renforce le sentiment d’appartenance et soutient le développement de solidarités locales, propices à la qualité de vie de tous et toutes.
Un monopole qui doit venir avec un devoir d’exemplarité
Le tissu commercial des centres-villes repose sur un équilibre fragile. Le départ d’une seule activité peut avoir des réactions en chaîne. Puisqu’elles sont en situation de monopole, les succursales SAQ constituent un commerce de destination et leur présence dans un centre-ville renforce d’autant plus son attractivité, en assurant un achalandage aux nombreux petits commerces à proximité.
En ne regardant que les bénéfices financiers directs de ses choix de localisation, la SAQ garde dans l’angle mort tous les coûts collectifs associés à la perte de dynamisme d’un centre-ville. Combien d’argent faudra-t-il investir dans des programmes de revitalisation économique, de développement et d’entretien d’infrastructures publiques, de soutien aux activités culturelles, pour compenser ce que la présence de la SAQ dans un centre-ville réalise par la bande, sans même en avoir conscience?
La SAQ n’est pas un commerce comme les autres. Sa situation de monopole et sa nature publique lui confèrent un devoir d’exemplarité.
Les organisations appellent à la cohérence, alors que l’amélioration des pratiques de localisation des équipements et des infrastructures de l’État est explicitement inscrite dans l’une des six mesures stratégiques (mesure stratégique 1.5) de la PNAAT dont le plan de mise en œuvre a été présenté en juin dernier.
« La Ville de Victoriaville déploie depuis des années des efforts considérables pour dynamiser son centre-ville. C’est une histoire de réussite parmi les petits centres urbains et c’est un non-sens que la SAQ vienne court-circuiter cet élan. Il est non seulement urgent de corriger cette erreur, mais également d’établir une “nouvelle politique sur la localisation des infrastructures publiques”, tel que le gouvernement s’est engagé à faire », conclut Sylvain Gariépy, président de l’Ordre des urbanistes du Québec.
Si le gouvernement est sérieux avec la PNAAT, le ministre des Finances doit redresser le tir et faire en sorte que la SAQ adopte des critères de localisation écoresponsables. L’adoption de la PNAAT ouvre la voie à la réouverture des succursales de centres-villes, et certainement pas à la fermeture d’une SAQ dans un des centres-villes les plus emblématiques du Québec, maintes fois cité en exemple pour ses efforts de dynamisation.