Linda Vachon découvre la résidence d’artiste

Pour une période de six jours, Linda Vachon dispose d’une résidence d’artiste au pavillon du Boisé-des-Frères-du-Sacré-Cœur. Il s’agit pour elle d’une première que de participer à ce genre d’activité où création se marie fort bien avec médiation culturelle.

Son projet artistique sera exposé le week-end prochain dans le cadre de l’activité Champ Libre qui se tient dans le boisé justement. Linda y propose « Regarde comme t’es belle », une installation constituée de bouquets de fleurs séchées et de mots suggérés par des femmes de 55 ans et plus qui ont porté, à sa demande, un regarde sur leur corps. Elle explique simplement ce travail avec les mots suivants : « Vieillir serait peut-être moins lourd à porter si on arrivait à voir autant de beau dans un corps usé que dans un bouquet de fleurs séchées ».

Les mots qui lui sont proposés sont transcrits grâce à une machine à écrire (manuelle) sur une étiquette (à l’endos de laquelle elle écrit « Regarde comme t’es belle ») qui est accrochée à un bouquet de fleurs séchées. Ceux-ci seront installés dans le boisé, au-dessus de tranches d’un gros arbre coupé, recouvertes de peinture métallique, rappelant un miroir. Les bouquets sembleront donc se regarder. Ces fleurs ne sont plus comme avant, mais malgré cette différence, elles sont toujours belles, comme le sont les femmes en vieillissant.

L’artiste est bien enthousiaste de cette résidence qu’elle a obtenue en présentant son dossier. Elle confie humblement qu’elle ne croyait pas être admissible à ce genre d’activité qu’elle apprécie grandement. « C’est très valorisant pour moi », ajoute-t-elle.

Ce changement d’environnement est propice à la création et lui permet d’expliquer son projet et sa démarche aux passants, réalisant ainsi de la médiation culturelle, notamment en demandant aux femmes de lui écrire des petits mots et ainsi contribuer à son œuvre. « Pour moi, Champ Libre est une autre façon de m’exprimer », souligne celle qu’on connait davantage pour ses peintures. Elle y participe d’ailleurs depuis quelques années et trouve bien intéressant de s’inspirer de la nature et de ses éléments pour créer.

Quant à sa thématique, le vieillissement du corps des femmes de 55 ans et plus, elle lui est venue par son propre âge. « J’ai toujours aimé les vieilles affaires, les personnes plus âgées qui racontent la vie », résume-t-elle. On le voit en effet avec son utilisation de la machine à écrire et des anciennes étiquettes. 

Mais il y a deux ans, voyant apparaître les signes du temps sur son propre corps, elle s’est interrogée à savoir pourquoi ces changements la dérangeaient alors qu’elle appréciait les choses et les gens usés par le temps. Elle a donc voulu savoir comment les autres femmes se voyaient et accueillaient ces signes physiques que certains associent à la sagesse.

Les mots qu’elle a reçus lui ont montré autant de beau que de moins beau. « On gagne et on perd », dit-elle. En effet, si certaines voient la beauté de l’âge, d’autres tenteront d’en dissimuler, par tous les moyens, les signes. En résulte une poésie des mots et des images avec les fleurs et les étiquettes. Déjà plusieurs apprécient le travail qui n’est pas encore installé dans le boisé.

Une expérience enrichissante pour Linda Vachon et qui s’intègre parfaitement dans sa démarche artistique.

Celle-ci, artiste à temps plein depuis sept ans environ, continue de créer des toiles, mais varie aussi sa création. En atelier désormais à l’Atoll, elle explore d’autres médiums et a décidé de quitter les galeries afin de prendre en main la diffusion et la vente de ses œuvres. « En plus, la résidence me permet de voir qu’il y encore d’autres façons d’avancer », termine-t-elle.

Il y a donc fort à parier que s’il s’agit d’une première pour elle que de passer quelques jours en résidence, ce ne sera probablement pas la dernière.