Québecor rembourse ses dettes avec les revenus de Freedom Mobile
MONTRÉAL — À peine intégrées au giron de Québecor, les activités de Freedom Mobile agissent déjà comme une vache à lait, ce qui permet à la maison-mère de Vidéotron de réduire son endettement.
Québecor a dévoilé, jeudi, ses résultats du deuxième trimestre. C’est la première fois où les résultats incluent les activités de Freedom Mobile, dont l’acquisition a été conclue au début du mois d’avril pour un montant de 2,85 milliards $. La transaction fait partie de la stratégie d’expansion hors Québec de l’entreprise montréalaise.
«Je suis très satisfait de ce que nous sommes parvenus à faire en peu de temps, commente le président et chef de la direction, Pierre Karl Péladeau. (…) Nous venons tout juste d’acheter une entreprise qui génère d’importants flux de trésorerie qui paient les intérêts que nous avons dû contracter pour financer cette transaction.»
Les flux de trésorerie de Québecor ont augmenté de 26,1% au deuxième trimestre pour s’établir à 455,3 millions $.
Avec ce chiffre, les inquiétudes de certains investisseurs par rapport à l’acquisition de Freedom Mobile pourraient se dissiper, croit l’analyste Vince Valentini, de Valeurs mobilières TD. «Ça veut dire que plutôt que de faire une ponction dans l’encaisse, Freedom Mobile a immédiatement été une source de liquidités.»
Québecor dévoile également un endettement beaucoup moins élevé que prévu à la sortie de cette transaction, ajoute l’analyste. Le ratio net d’endettement atteint 3,52 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) par rapport à 3,2 fois il y a six mois.
Les analystes anticipaient un ratio d’entre 3,7 fois et 3,9 fois, souligne M. Valentini. «Ça fait une différence de près de 450 millions $. Ça vaut environ 2$ par action. C’est une bonne surprise.»
Le prochain élément à suivre sera la capacité de Freedom Mobile d’attirer de nouveaux clients alors que son nouveau propriétaire laisse entrevoir une offensive promotionnelle dans le cadre de la saison de la rentrée, une importante période promotionnelle pour le secteur des télécoms.
«Vous comprendrez qu’on ne donnera pas de détails pour des raisons concurrentielles, mais vous pouvez anticiper que d’autres choses s’en viennent, lance M. Péladeau. Ce sera annoncé en temps et lieu.»
Il est encore trop tôt pour dire si Freedom Mobile parvient à se démarquer dans le marché, juge l’analyste Maher Yagi, de Banque Scotia. «Nous anticipons que la société se prépare à déployer d’importantes sommes pour la promotion de Freedom Mobile durant la rentrée et les Fêtes. Le troisième et les quatrièmes trimestres seront de meilleurs indicateurs pour évaluer le succès de Freedom entre les mains de Québecor.»
Les résultats
Sans surprise, l’ajout de Freedom Mobile fait gonfler les revenus consolidés de Québecor.
Les revenus du propriétaire de Vidéotron, Fizz, du Groupe TVA et du Journal de Montréal ont augmenté de 25,4 % à 1,4 milliard. L’entreprise a dégagé un bénéfice net de 171,3 millions $ par rapport à 156,3 millions $ à la même période l’an dernier. Le bénéfice ajusté dilué par action est de 79 cents.
Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice de 72 cents et des revenus de 1,4 milliard $, selon la firme de données financières Refinitiv.
Difficultés des médias
La vigueur du secteur des télécommunications, qui représente 86% des revenus, masque cependant les difficultés du secteur médiatique qui enregistre une perte d’exploitation de 500 000$ au deuxième trimestre.
Le ralentissement économique semble refroidir les ambitions des annonceurs, constate l’analyste Maher Yagi, de Banque Scotia. «Nous croyons que la pression va perdurer au moment où les annonceurs tiennent compte du ralentissement de l’économie et de la diminution des dépenses discrétionnaires.»
Dans ce contexte difficile, Groupe TVA avait annoncé son intention de mettre fin à son bulletin local dans la région de Québec avant d’être forcé par le CRTC de revenir sur sa décision. Québecor a aussi signifié à l’Assemblée nationale qu’elle cessait de payer son loyer pour les bureaux qu’occupent ses journalistes membres de la Tribune de la presse.
L’action de Québecor gagne 1,26$, ou 4,04%, à 32,41 $ à la Bourse de Toronto en après-midi.
Entreprise citée dans cette dépêche: Québecor (TSX:QBR.A,QBR.B)