Pas d’éoliennes à Warwick
En séance extraordinaire, lundi soir, le conseil municipal de Warwick a confirmé qu’il cessait « complètement et définitivement » les procédures concernant une modification au règlement de zonage qui aurait permis l’implantation d’un parc éolien sur son territoire.
C’est la mairesse suppléante Noëlla Comtois qui a annoncé la décision aux citoyens. D’ailleurs, la petite salle du conseil était bondée, des gens prenaient même place jusque dans l’entrée de l’hôtel de ville.
Avant que la mairesse annonce et explique la décision, le directeur général de la Ville de Warwick, Matthieu Levasseur a fait part des résultats de la signature du registre.
Sur une possibilité de 488 électeurs, 346 signatures ont été recueillies pour une demande de participation à un référendum, ce qui représente un taux de 71%.
« Une proportion de plus de 50% des électeurs aurait été claire, mais nous parlons, ici, de presque des trois quarts des électeurs. Cela ne laissant aucune marge à l’interprétation de la tendance. Les demandes reçues sont en quelque sorte un registre référendaire. Un référendum n’est clairement pas nécessaire avec de tels résultats », a fait valoir la mairesse suppléante.
Les élus warwickois, a-t-elle soutenu, ont fait leurs devoirs. « Nous avons pris en compte les préoccupations des gens lors des séances de consultations, autant celle du 2 mai organisée par la MRC que la séance du 23 mai tenue par la Ville.
La quasi-totalité des commentaires recueillis faisait référence à des craintes à l’égard de ce projet ou à une volonté de ne pas aller de l’avant avec un tel projet », a-t-elle indiqué.
La mairesse suppléante a précisé que, même si les accords de principe ne sont pas encore officiellement signés entre les producteurs agricoles et l’entreprise Boralex, les membres du conseil ont tenu pour acquis, dans leur analyse, la signature à venir de 18 propriétés agricoles sur 43 visées par l’implantation d’une éolienne, une proportion de 42%, a-t-elle noté.
« Nous avons également considéré dans notre analyse la dernière pétition déposée de 56 signatures en faveur du projet. Toutefois, 18 propriétés agricoles ne peuvent avoir préséance sur 346 des 488 électeurs qui se sont exprimés clairement en défaveur de la présence d’éoliennes », a-t-elle exprimé.
Ainsi, a-t-elle soutenu, les élus ont « vu, analysé, discuté et pris une décision que nous croyons dans l’intérêt des citoyens et citoyennes ».
Des commentaires
La décision du conseil municipal a été accueillie par des applaudissements, suivis de commentaires, dont ceux de l’ex-maire Claude Desrochers. « Je suis fier de Warwick, ce soir, et ça inclut les élus, mais aussi les bénévoles qui ont adhéré à la démarche pour éviter que ce projet aboutisse. C’est Warwick qui a décidé, ce n’est pas la MRC, ce n’est pas la grosse ville avec son maire et son pouvoir d’influence. Ce ne sont pas les députés avec leurs grosses payes. Ce n’est pas non plus la Chambre de commerce, la Corporation de développement économique. C’est Warwick qui a décidé et je trouve ça beau », a-t-il exprimé, tout en ajoutant que les éoliennes ont leur place au Québec, mais « pas dans un milieu habité avec une agriculture intensive comme nous avons ».
Pour sa part, Éric Houle, un producteur agricole favorable au projet, a dit comprendre que les élus ont eu une décision difficile à prendre et qu’il respecte.
Durant son intervention, la mairesse suppléante a dû intervenir et a invité un opposant à sortir, devant son manque de respect puisqu’il lui coupait la parole.
Le producteur a pu poursuivre en demandant, si Boralex obtient le contrat, l’instauration d’une taxe spéciale pour la protection du paysage et des terres agricoles et un gel de taxes pour préserver les terres. « Lorsqu’on prend une décision qui brime quelqu’un, ce dernier a le droit d’être compensé. Prélevée pour chaque résidence, la taxe servira à dédommager les producteurs favorables à la même hauteur que prévoit le contrat », a-t-il énoncé.
La décision, a-t-il continué, pourrait nuire à des gens d’affaires du territoire. « Quand l’agriculture va bien, l’économie va bien, a-t-il soutenu. Dites-vous que si nous avions eu de l’argent sur nos terres, on aurait fait vivre des gens de la région. »
D’autres citoyens se sont succédé au micro. Sabin Émond a levé son chapeau aux élus. « Je suis favorable à la préservation de nos terres, notre richesse », a-t-il dit.
Émile Berthomieu, pour sa part, a félicité le conseil municipal pour « avoir eu la sagesse de sa rattacher à la sagesse populaire ».
Enfin, Michel Croteau, un environnementaliste convaincu, a applaudi la décision des élus. « Je suis content de la décision, mais il faut que cela amène une réflexion pour tous. Si on s’est rendu là, c’est qu’il y a un problème avec le climat. On n’a pas fait attention malgré les avertissements de la science. Les décideurs ont laissé aller. Il faut avoir une réflexion pour l’avenir », a-t-il observé.