Des ormes énormes, cathédrales végétales à préserver
Ils trônent à l’entrée du village de Ham-Sud, tels des sentinelles bienveillantes, ces ormes majestueux habitent le paysage depuis plusieurs générations. Un arboriculteur a estimé à 140 ans leur âge vénérable. Sur le document audiovisuel des soirées canadiennes réalisé à Saint-Joseph-de-Ham-Sud en 1979, on voit six de ces silhouettes en parasol, déjà remarquables, alignées en direction du Mont-Ham (devenu Parc régional).
C’est la preuve indéniable qu’ils ont été plantés là pour constituer une haie d’honneur à l’entrée de la municipalité. Nommé « précieux arbre d’ornement », l’orme a été importé en Europe pour sa grande beauté, souvent planté sur la place du village où se tenaient des assemblées paroissiales. Il peut vivre entre 300 et 500 ans et symbolise la force.
Largement implanté en Europe, cet arbre admiré a donné de nombreux patronymes : »Delhorme, Desormeaux, Ormesson… » De ces familles ont à leur tour fait la grande traversée vers les Amériques. C’est ainsi qu’on trouve lors du recensement de 1881 en tant que chef de famille à Ham-Sud (érigée en municipalité 10 ans plus tôt) un Édmond Delorme.
À l’image de son arbre totem, il a dû essaimer moult graines, car entre 1883 et 1916, 27 Delorme sont inscrits au registre des naissances de la petite municipalité. Leurs sèves se sont mêlées aux autres branches pionnières de Saint-Joseph-de-Ham-Sud. Nous retrouvons ainsi dans les archives municipales une Hortense Delorme qui se marie en 1894 à un Oscar Lamoureux ou un Louis-Philippe Delorme prenant pour épouse Marie-Éva Goddard en 1911 et bien d’autres familles ayant pour aïeul un Delorme.
En remontant 140 ans plus tôt, c’est-à-dire près de six générations, c’est l’époque de la naissance des enfants d’Édmond Delorme et c’est aussi l’âge de ces ormes majestueux. De là à penser qu’il a pu planter ces arbres en hommage à sa descendance, c’est bien plausible. C’est un précieux patrimoine vivant… Leurs immenses silhouettes en parasol, premier plan du paysage du Mont-Ham, témoignent encore en ce printemps 2023 d’une belle vitalité. Ces trois rares spécimens ont échappé à la maladie hollandaise, la graphiose (l’orme en serait d’ailleurs protégé en plantant un sureau à son côté).
Ces trois cathédrales végétales sont inutilement menacées actuellement, lors des travaux d’asphaltage de la route qui n’a pas besoin d’être élargie à leur niveau, constituant ainsi des ralentisseurs naturels à l’entrée du village, d’autant plus qu’elle est La route touristique des Sommets.
Sylvie Berthaud
Une des citoyennes mobilisées pour leur survie pour les sept prochaines générations!