Éoliennes : « Qu’est-ce qui presse tant que ça? »

Environ 200 personnes se sont déplacées à la séance publique de la MRC de Nicolet-Yamaska, mercredi, pour interroger les élus sur le dossier du développement de l’énergie éolienne sur le territoire.

La période de questions a exceptionnellement – et largement – dépassé la demi-heure habituellement prescrite, avec l’accord du conseil des maires. Neuf personnes se sont présentées au micro. Le manque d’informations, la prise de décisions jugée précipitée et le désir d’être consultés ont été les principaux points apportés par les citoyens. C’est dans le respect que les échanges ont eu lieu, même si certains étaient plus émotifs.

Une pétition réclamant une réflexion collective a été déposée par la porte-parole et cofondatrice d’un comité citoyen, Janie Vachon-Robillard. Au terme de la séance, elle a signifié être relativement satisfaite des réponses livrées, à peu de choses près. « Je suis satisfaite de l’écoute qu’il y a eu et du climat dans lequel ça s’est passé. Je suis contente qu’ils (la MRC) aient pris des notes et qu’ils nous aient confirmé avoir bien compris nos demandes. Le hic, c’est qu’il n’y a pas d’assurance que ce sera mis en application », a-t-elle mentionné.

Trois demandes ont été adressées durant la soirée, sollicitant un appui à main levée de la foule. D’abord, que les séances d’information des promoteurs prévues dans les prochains jours et les prochaines semaines ne soient pas tenues sous forme de portes ouvertes, mais de débat public.

Ensuite, que des rencontres d’information avec un collectif de scientifiques impartial et sans conflit d’intérêt, auxquelles participeraient des gens de la MRC, soient tenues (une formule ZOOM a été évoquée).

Enfin, il a été demandé qu’on laisse plus de temps à la population pour s’informer et réfléchir collectivement. « Tout va trop vite », déplore Mme Vachon-Robillard, regrettant particulièrement le fait que les élus doivent donner rapidement aux promoteurs des résolutions d’appui aux projets, et que pour les adopter, « ils n’ont pas besoin de l’appui des citoyens ».

« Qu’est-ce qui presse tant que ça? », a d’ailleurs martelé Denis Leblanc de Sainte-Monique, réclamant que les élus prennent le temps « de bien faire les choses, de consulter les citoyens et des experts », au lieu de « brûler les étapes ».

La préfète de la MRC, Geneviève Dubois, a fait comprendre que le dossier avançait à grande vitesse en raison des délais prescrits par l’appel d’offres d’Hydro-Québec, et que le pouvoir de la MRC était d’encadrer le mieux possible le développement éolien, advenant le cas qu’il y en ait un chez elle. « On aurait aimé avoir un délai plus grand, mais ce n’est pas le cas. Il faut avancer avec cette réalité-là […]. Les compagnies ont déjà fait signer des contrats d’option. »

La MRC a également le rôle d’assurer le développement de ses communautés et voit, dans le développement de la filière éolienne, une façon, pour les municipalités, de diversifier leurs revenus. Le tout en harmonie avec le plan de transition écologique dont elle s’est dotée il y a quelques années.

À ce chapitre, le maire de Grand-Saint-Esprit, Sylvain Laroche, a fait valoir lors de la séance publique que les élus représentaient également les citoyens qui sont en faveur du développement éolien, et qui se font peut-être moins fait entendre jusqu’ici…

« Si on n’annonce pas nos intentions maintenant, peut-être qu’il n’y aura plus de possibilité de développement [après cet appel d’offres] », a aussi plaidé le directeur général de la MRC, Michel Côté, rappelant que la capacité d’accueil du poste concerné était limitée à 400 mégawatts et que les MRC avoisinantes (principalement Arthabaska et Drummond) étaient aussi sollicitées.

La préfète Dubois a invité les mécontents à adresser leurs doléances au député Donald Martel, étant donné que le développement de la filière éolienne était une décision de son gouvernement. « Il a garoché ça dans notre cour, et on essaie de faire du mieux qu’on peut avec ça. »

Les citoyens pourront s’exprimer et s’informer sur le sujet en début de semaine prochaine puisque des consultations publiques auront lieu le 23 mai dans la plupart des municipalités de Nicolet-Yamaska. À noter que la communication des détails entourant ces rencontres appartient à chacune des municipalités participantes.