L’un des plus gros centres de recyclage du Québec respecterait maintenant les normes
MONTRÉAL — Le centre de tri de matières recyclables de Saint-Michel à Montréal, qui s’est retrouvé au centre de différents litiges et controverses au cours des dernières années, affirme avoir fait les investissements nécessaires pour respecter les standards de l’industrie.
L’entreprise Ricova, qui exploite le centre de tri de Saint-Michel, l’un des plus gros au Québec, soutient que l’acquisition de six trieurs optiques lui permet de réduire le taux de contamination des ballots de papiers et de plastiques de «manière significative», passant de 35 % à 2 %.
Un ballot de papier devient contaminé par exemple lorsque des matières comme du métal ou encore des sacs de plastique s’y retrouvent, ce qui complique le recyclage de la matière.
Ricova vend, à l’étranger ou au Québec, les matières résiduelles qu’elle trie dans son centre. Mais si la matière n’est pas bien triée et que les ballots sont contaminés, il devient très difficile de revaloriser les boîtes de carton, les pots de yogourt ou encore les bouteilles de jus.
«Au mois d’août 2020, quand on a repris les activités ici au centre de tri Saint-Michel, il y avait plus de 1000 ballots empilés dehors, parce qu’ils étaient trop contaminés et il n’y avait pas de marché pour ces ballots», a souligné Nicolas Fortier-Labonté, directeur des centres de tri chez Ricova, jeudi.
Mais grâce à la modernisation de son équipement, Ricova pourrait revaloriser davantage la matière collectée.
«C’est important de recycler (…) tout ce qu’on met dans notre recyclage, ça s’en va véritablement au recyclage, c’est important de le faire parce que chaque geste compte», a tenu à mentionner la directrice des communications de Ricova, Laurence Tôth, lors d’un point de presse au centre de tri.
Pas de contrôle sur la fin de vie des matières collectées
Un reportage de l’émission Enquête de Radio-Canada en février 2022 avançait que le centre de tri de Saint-Michel envoyait des conteneurs de ballots de papier recyclé contaminés par du plastique en Inde, via un intermédiaire en Italie.
Ces matières résiduelles, plutôt qu’être recyclés, finissaient par être utilisées comme combustibles dans des usines polluantes comme des cimentières, selon le reportage de Radio-Canada intitulé «Les sales secrets du recyclage».
Questionné à savoir si la modernisation du centre de tri permettra d’éviter qu’une telle situation se reproduise, Laurence Tôth a répondu que «Ricova ne vend pas à des cimentières», toutefois, l’entreprise «n’a ni les ressources ni le contrôle et ni le pouvoir de contrôler ce que nos acheteurs font avec les matières recyclables».
Ce n’est pas la seule controverse qui a secoué le gestionnaire du centre de tri Saint-Michel dans les derniers mois.
En février 2022, le conseil exécutif de la Ville de Montréal a inscrit l’entreprise Ricova et ses administrateurs «sur la liste noire de la Ville» après les recommandations du Bureau de l’inspecteur général (BIG).
L’enquête du Bureau de l’inspecteur général avançait que «le dirigeant de Services Ricova et des autres entités sœurs commettent une manœuvre dolosive en retranchant systématiquement le montant de 20 $ la tonne en amont du prix de vente déclaré par Services Ricova en vue du partage des revenus ou des pertes des ventes, privant ainsi la Ville de Montréal de sommes considérables».
Ricova refuse et conteste les conclusions de l’enquête du BIG. L’entreprise a d’ailleurs menacé la Ville de Montréal de poursuites judiciaires si elle tente de mettre fin à ses contrats municipaux.
Le contrat de Ricova comme exploitant du centre de tri de Saint-Michel se terminera en 2024.
Éco Entreprises Québec (ÉEQ), chargé par le gouvernement du Québec de moderniser la collecte sélective, a récemment lancé un appel d’offres pour la construction et l’exploitation d’un nouveau centre de tri desservant l’est de l’île de Montréal.
Est-ce que la modernisation de l’équipement et la réduction de la contamination des ballots de papiers et de plastique pourraient permettre à Ricova de gagner l’appel d’offres?
«C’est à Éco Entreprises Québec de déterminer si oui ou non, à partir du 30 septembre 2024, nous allons être appelés à continuer notre contrat, mais jusque là nous allons collaborer avec la Ville de Montréal et Éco Entreprises Québec pour poursuivre le tri des matières comme on a toujours fait», a répondu Laurence Tôth.
L’entreprise Ricova exploite deux centres spécialisés dans le tri et la valorisation de matières recyclables au Québec.
Note aux lecteurs: Ceci est une version corrigée d’une dépêche transmise jeudi. Au dernier para, il était écrit que l’entreprise Ricova exploite quatre centres de tri au Québec, alors que c’est plutôt deux.